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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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couardise ? Elle si prompte à le sauver. À l’aimer et à le croire digne de continuer le combat.
    Un frisson d’angoisse le rattrapa qui le dressa de nouveau sur ses pieds. Et si Elora avait été présente, près de Mounia, à l’arrivée de Marthe ?
    Privé de souffle soudain, il fixa l’encadrement de la porte retombé dans l’obscurité, en contrebas. De peur, il avait lâché sa chandelle. Comme si de l’éteindre pouvait effacer la réalité ! Sot. Il était sot, se fustigea-t-il.
    — Pense plutôt que tu aurais dû, toi, te débarrasser des janissaires, si Marthe ne l’avait fait à ta place. Et comment, hein, comment ?
    Sa propre voix dans le silence lui redonna du courage. Il devait se reprendre, aller au but. Quoi qu’il y découvre. Parce que là était le sens de son existence. Dans cette confrontation avec lui-même. Avec son destin.
    Il avait bravé les Borgia. Plierait-il devant quelques cadavres ?
    Refusant le tremblement de ses mains, il décrocha son sac. Quelques minutes plus tard, la flamme réchauffait les murs de granit et il prit conscience que Bouba n’était plus là.
    Il perdit un grand moment à le chercher, l’appelant à voix basse, puis plus forte, s’obligeant à contourner les cadavres, désespérant de sa disparition étrange.
    Lorsque le petit singe surgit dans son dos, il cria, de surprise et de saisissement.
    Grimacier et chuchotant, Bouba vint aussitôt se suspendre à son cou.
    Loin de jouer, tandis que lui se tordait les boyaux, Bouba avait été attiré par une odeur de graminées. Il s’était infiltré dans une brèche, puis une autre, jusqu’à débouler dans un passage qu’il avait compris être celui qu’ils cherchaient. Il l’avait suivi en sens inverse, s’était époumoné devant un mur avant de se décider à pousser, sauter, s’accrocher sur et à toutes les aspérités. Jusqu’à être enfin libéré et revenir fièrement vers son maître.
    Du moins est-ce ce que Khalil comprit des explications de son complice. Un doigt tendu vers le fond de la salle troglodyte, à quelques pas de la porte d’entrée, acheva de le convaincre.
    — Allons-y ! Nous avons perdu bien assez de temps, décida Khalil en le reposant à terre.
    Lui-même contourna la flaque de sang, puis le suivit à grandes enjambées.
    Un pan de mur s’était écarté, si discrètement qu’il ne l’avait pas entendu. Derrière s’étirait un couloir obscur qui puait les excréments. Des rats, seulement des rats, identifia-t-il en s’y enfonçant.
    Guidé par le petit singe, il remonta une pente abrupte pour atteindre une longue galerie, étroite et maçonnée.
    — Je crois bien que nous voilà au cœur des remparts, Bouba.
    Un souffle iodé lui caressa la joue, courbant la flamme de sa chandelle. Il s’immobilisa pour coller son nez à l’archère qu’elle lui révéla. Il inspira l’air du large, avant de reprendre sa route, ragaillardi de courage autant que de soulagement.
    Il se sentait prêt, cette fois.
    La coursive intérieure aurait dû faire le tour des remparts, à son sens. Elle s’arrêtait brutalement au bout de plusieurs toises. Sans hésiter, Khalil enfonça un croissant sculpté que Bouba repéra à portée de soulier. Aussitôt, le mur s’ébranla, sans plus de bruit que celui de la taverne. Khalil moucha sa chandelle en voyant qu’une tenture épaisse avait remplacé la pierre. Il l’écarta pour jeter un œil au-delà. À la lueur des flambeaux piqués au mur, il devina une salle immense et déserte.
    Il fit monter le petit singe sur son épaule, lui recommanda la discrétion, puis, le cœur battant, s’y risqua.
    Dans les recoins savamment créés par le jeu des éclairages et des paravents de bois ajourés, d’épais coussins damassés assouplissaient l’assise au sol. Devant eux, surplombant maints tapis, des tables basses ouvragées regorgeaient de friandises. Craignant que le petit singe ne lui échappe tôt ou tard pour se jeter dessus, Khalil chaparda une coupe et s’abrita dans un coin d’ombre pour le laisser y piocher.
    Plus assoiffé en vérité qu’affamé, il se contenta, lui, d’un peu d’eau de rose qu’il trouva dans une carafe.
    Tandis que Bouba se rassasiait de fruits séchés, le regard de Khalil s’attarda sur la configuration de la salle.
    Tout en longueur, elle ne possédait aucune fenêtre sinon, sans doute, comme dans la coursive, de fines meurtrières par lesquelles l’air se renouvelait. Khalil sentit son

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