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Terra incognita

Terra incognita

Titel: Terra incognita Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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s’étioler. Quand on m’a prévenue qu’elle était mourante, ce matin, mon choix, en vérité, s’est rabattu sur un poison de ma composition.
    L’œil de Khalil s’embruma de colère. Elle secoua la tête.
    — Non, non, je ne le lui ai pas administré. Elle avait repris connaissance et m’a réclamé sa vengeance. La mort de la première femme du sultan qui avait commandité ton assassinat, Khalil.
    — C’est elle, dans le sac, en bas ? demanda encore Elora, troublée par l’attitude incompréhensible de Marthe.
    — Oui. La mort les aurait emportées toutes deux, l’une après l’autre, cette nuit.
    — Ce flacon… Où est-il ?
    Derrière eux, la respiration de Mounia s’amenuisait de seconde en seconde. La Khanoum ouvrit le petit sac de satin qui pendait à sa ceinture et le lui tendit. Aucun doute, nota Elora. Il s’agissait bien d’un des flacons pyramides. Elle le fixa en transparence. Il ne restait que quelques gouttes, au fond.
    — Malgré l’apparence répugnante de cette sorcière, je n’ai pas douté du pouvoir de son élixir. J’ai vu les effets de celui-ci dans une semblable fiole, au moment de ta naissance, Khalil.
    Il tiqua.
    — Vous y étiez ?
    Elle lui sourit avec tendresse.
    — Je te croyais de mon sang. La vérité n’a rien changé à ma tristesse de te perdre, crois-moi.
    La voix affaiblie de Mounia brisa leur échange entre deux violentes quintes de toux. Elle réclamait son fils. Il se précipita à son chevet.
    — Le flacon, celui que possédait Mounia. Savez-vous où elle aurait pu le conserver ? demanda Elora, bouleversée par son impuissance.
    — Non, hélas, mais quand bien même, de ce que je m’en souviens, elle l’a vidé au moment de ses couches.
    Une goutte pour guérir, deux pour ramener à la vie, la totalité pour atteindre l’immortalité, se souvint Elora. Or à en juger par le râle qui franchissait les lèvres crispées de Mounia et son teint cireux, la vie la quittait. Combien de temps encore ? Quelques minutes ? Quelques secondes ? Son cœur se broya. Elle hésita pourtant à souscrire aux ordres de Marthe, certaine de la perversion de l’élixir. Avait-elle d’autres choix pourtant pour tenter de la sauver ?
    Elle avait essayé, sa lumière ne traversait pas le corps de Mounia. Comme si l’Égyptienne refusait sa guérison.
    —  Ouïmaona inemaïchoï, éructa faiblement la mourante dans une plainte désespérée, achevant de bouleverser Khalil…
    Alors Elora comprit.
    Mounia n’était plus dans cette réalité, mais dans une autre. Celle d’une mort espérée, attendue trop longtemps, dont les prémices lui donnaient à retrouver enfin son fils. Elle n’avait pas conscience de la véritable présence de Khalil.
    — L’élixir, vite, trembla celui-ci, ravagé, en tendant une main vers elle, l’autre enserrant les doigts de sa mère qui s’amollissaient.
    Loin de le lui donner, Elora le subtilisa dans sa manche.
    — C’est un leurre. Toi seul peux la sauver, affirma-t-elle en lui pressant l’épaule.
    Elle insista devant son incompréhension :
    — Toi seul, Khalil. Je dois passer à travers toi.
    Il hocha la tête, soumis. Elle ne s’était jamais trompée. Pourquoi cette fois ?
    — Comment ? se tourmenta-t-il à l’instant même où Mounia cherchait un dernier souffle.
    Elle ne le trouva pas. Écarquilla des yeux angoissés. Se tendit jusqu’aux extrémités.
    Maintenant. Ou jamais, décida Elora.
    Aussi vive que l’éclair, elle récupéra le poignard que l’Égyptienne cachait encore sous le drap et, sans hésitation, le planta dans la poitrine de Khalil.
    Il n’eut qu’un seul hoquet sanglant avant, repoussé par Elora, de tomber en arrière, au pied du lit, le visage contre la cuisse de Bouba qui resta de marbre.
    Perdant toute contenance, la Khanoum hurla.
    — Ne vous fiez pas aux apparences et venez m’aider, le temps presse, la fit taire Elora en entaillant de la même manière la poitrine devenue inerte de Mounia.
    L’œil de la Khanoum accrocha le geste de tendresse du petit singe au front de Khalil. Quelques minutes plus tôt, il l’avait mordue au sang pour protéger son maître. Là, non seulement il n’avait pas bougé, mais il ne paraissait pas même inquiet. Ce fut cela, curieusement, qui redonna confiance à la Khanoum. L’instinct de cette bête.
    Elle se ressaisit.
    — Que dois-je faire ?
    — Le relever pour le basculer sur elle. Il faut que leurs sangs se

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