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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’effet d’une guerrière vouée à terrasser les dragons domestiques.
    — C’est ta nouvelle carte ? demanda Amélie. Je peux voir?
    Marie tenait encore le petit morceau de carton crème dans sa main. Elle le tendit à sa belle-fille en disant :
    — Nous allons en glisser dans les sacs des clientes, dorénavant.
    — Quelle bonne idée ! Elles pourront la ranger quelque part à la maison. A la prochaine migraine, elles se souviendront de toi !
    Amélie la retourna pour jeter un œil au verso.
    — C’est bien vrai, ça. Je vais prendre un rendez-vous avec toi bientôt.
    — Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta tout de suite la belle-mère.
    Marie remplissait de nombreux rôles, de mère à employeuse, dans la vie de cette jeune femme, passant de l’un à l’autre sans la moindre hésitation.
    — Je pense au contraire être en excellente santé... Mais justement, n’est-ce pas le meilleur moment pour un examen physique? Je m’expose alors à recevoir de bonnes nouvelles.
    — Quelle sage attitude, répondit Thalie. Je serai très heureuse de te voir à mon cabinet. Et parlant de voir quelqu’un, aurons-nous le plaisir de la compagnie de David ce soir? Ce garçon me manque déjà.
    Le prénom masculin avait été prononcé à l’anglaise, comme il convenait dans le cas d’un jeune homme portant le patronyme O’Neill.

    — Ne te moque pas de moi, fit la jolie blonde, les joues légèrement rosies.
    — Je ne me moque pas. Voilà enfin quelqu’un capable de hausser le ton avec toi ou moi dans la chaleur de la discussion.
    Les autres ne se soucient même pas de le faire, car dans leur esprit, une femme ne peut pas vraiment avoir d’idées.
    — ... Donc il ne vaut pas la peine d’avoir des discussions avec elles et de chercher à les convaincre, admit Amélie avec une grimace.
    Dans sa vie, ce jeune homme succédait à un petit escadron de chevaliers
    servants.
    Vivant
    dans
    cet
    appartement
    depuis maintenant six ans, elle aurait pu écrire un guide sur les «bons partis» de Québec. L’un après l’autre, ils l’avaient lassée.
    — Mais viendra-t-il ou non, cet Irlandais passionné ?
    — Non, mais si je souhaite souper bientôt, c’est que j’aimerais bien me livrer à une longue marche avec lui.
    La porte de la salle à manger s’ouvrit un peu brutalement.
    — Quelqu’un parle de souper ? questionna Gertrude.
    — Moi, dit Amélie en se levant.
    — Alors viens, la belle. Amène les autres, si quelque chose de chaud les intéresse.
    Avec la chaleur ambiante, ces femmes se seraient contentées d’une salade. Mais tout le monde se priva de formuler ce commentaire.
    Dès le lundi suivant, Thalie entendit mener à bien son projet de se remettre en forme. Peu désireuse de se retrouver seule dans un environnement nouveau, elle effectua le détour par la rue Claire-Fontaine afin de prendre Elise en remorque. Elles atteignaient l’intersection des rues Saint-Jean et Turnbull quand cette dernière remarqua:

    — Si tu fais chaque fois tout le trajet jusque chez moi, puis que tu
    descends
    jusqu’ici,
    tu
    n’auras
    plus
    besoin
    de
    t’entraîner. Cette longue marche devrait suffire.
    — N’essaie pas de te dérober de cette façon. Nous voilà rendues.
    De la main, elle désignait un immeuble d’assez grande taille. Des commerces occupaient le rez-de-chaussée. Un escalier intérieur un peu étroit conduisait à l’étage, au sommet duquel elles trouvèrent une vaste salle sous les toits.
    Une grande femme vint vers elles en tendant la main :
    — Vous êtes sans doute Thalie Picard, commença-t-elle.
    Et madame Hamelin...
    Jeanne Hardy-Paquet comptait parmi les personnes élevées dans une famille «mixte», où l’usage du français et de l’anglais la mettait à la frontière des deux mondes. Cela l’autorisait à offrir aux Canadiennes françaises la possibilité de se mettre en forme.
    — C’est bien nous, comme convenu. Nous ne sommes pas en retard ?
    — Si vous vous changez tout de suite, vous ne le serez pas. Elle leur indiqua un vestiaire un peu à l’écart. Les nouvelles venues se trouvèrent bientôt parmi une vingtaine de femmes affairées à se déshabiller. Des casiers permettaient de ranger robes, camisoles, bas et chaussures à talons. En échangeant des salutations timides avec ces inconnues, Thalie et Elise se dirigèrent vers une section encore déserte de la pièce, commencèrent à déboutonner leur robe en tenant leurs yeux baissés. Enfoncée dans

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