Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
technologie récalcitrante.
    La soirée s’écoula, tranquille au point de confiner à l’ennui. Vers dix heures, le couple monta à l’étage. Evelyne s’attarda longuement dans la salle de bain attenante à la chambre conjugale. A son retour, vêtue d’une robe de nuit la couvrant du cou aux mollets, elle s’arrêta près du lit, les yeux fixés sur le chevet. Une petite boîte ronde s’y trouvait.
    — Je ne veux plus de cela ici. Plus jamais.
    La jeune femme parlait à voix basse, comme il convenait pour un sujet aussi intime.

    — Pourtant, ce n’est pas nouveau.
    Edouard feignait de ne pas comprendre, même s’il n’en était pas à la première dispute à ce sujet.
    — Je m’en veux d’avoir cédé déjà. Mon confesseur m’assure qu’il s’agit d’un péché mortel.
    — Tu n’avais qu’à ne pas lui en parler !
    Cette logique fit écarquiller les yeux de l’épouse.
    — Empêcher la famille, c’est un péché très grave, insista-t-elle.
    Puis cette... chose est si répugnante.
    Ses yeux ne se détachaient pas de la boîte posée sur le chevet. A l’intérieur, le condom en intestin de mouton affectait la forme d’un gros ver flasque, blanchâtre. Surtout, après chaque usage, il lui revenait de le laver.
    — Se refuser à son mari, c’est un péché aussi, plaida l’homme d’une voix impatiente.
    — Moins que cela ! riposta-t-elle en montrant l’objet du doigt.
    Edouard serra les poings, désireux de dominer sa colère.
    — Tu es ma femme. Je peux te forcer.
    — Je ne me refuse pas à toi, je ne me suis jamais refusée.
    Mais tu ne me prendras pas avec... cette chose. Si tu mets cela, oui, tu devras me violer.
    — Entre un mari et sa femme, le viol n’existe pas. Ce sont les avantages légitimes du mariage. Tu me les dois, comme moi je te dois le gîte et le couvert.
    Présentée comme cela, l’institution sacrée ressemblait fort à de la prostitution. La présence du petit Thomas dans la chambre voisine forçait Edouard à maîtriser sa voix.
    — Ne me mets pas au défi, menaça-t-il encore.
    — Tu n’oserais pas !
    Le mari la regarda longtemps, la rage montant en lui.
    Leur enfant, même s’il était adorable, lui paraissait une chaîne déjà lourde à porter. Il n’en ajouterait pas d’autres en négligeant de porter sa «protection». D’un geste vif, il récupéra le condom sur le chevet, le glissa dans la poche de sa veste de pyjama. L’objet pouvait encore servir, le laisser dans la pièce serait risquer de la voir le percer à coups d’épingle.
    Plus tard, l’homme tirait les couvertures sur lui. La chambre d’ami l’hébergeait avec une lassante régularité.
    Mieux vaudrait rendre cet arrangement permanent et éviter désormais les scènes de ce genre.

Chapitre 2

    Thalie profita du fait que personne d’autre ne se tenait dans le salon familial pour s’approcher de sa mère et lui tendre une petite enveloppe.
    — Voyons, je ne peux accepter cela de ma propre fille, protesta-t-elle.
    — Nous n’allons pas reprendre cette même discussion toutes les semaines. Pour habiter ici, je te dois une pension, tout comme j’en ai payé une au cours des dernières années à Montréal.
    — Mais quand tu venais ici l’été...
    — Je pouvais toujours me dire que mon statut d’étudiante m’autorisait à profiter un peu de la situation. Maintenant, je suis médecin.
    La scène devenait ridicule, la mère assise avec un magazine, la fille debout devant elle, son enveloppe à la main. La première céda finalement, accepta le montant convenu après une étrange négociation - la locataire essayant de faire monter le prix, la logeuse cherchant à le faire descendre -
    pour la faire disparaître dans l’une de ses poches.
    — J’espère que tu as offert tes dernières résistances, murmura Thalie en prenant place près d’elle sur le canapé, car je trouve la petite scène répétée tous les samedis un peu gênante.
    — Mais recevoir un loyer de ma propre fille me semble tellement étrange.

    — Dans la très grande majorité des demeures de la ville, les jeunes filles au travail paient leur part. Parfois, elles remettent à peu près la totalité de leurs gains à leurs parents.
    Moi, je me contente de payer exactement le même montant qu’à la pension Milton.
    — Mais tu as vingt-cinq ans, et de mon côté, je n’ai pas besoin de cet argent... Surtout que Paul contribue aux dépenses du ménage.
    — Maman, tu recommences.
    Marie rougit un

Weitere Kostenlose Bücher