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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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tasse de café devant elle.
    Déjà, Flavie préparait des rôties supplémentaires.
    — Tu m’as dit dernièrement que je faisais un beau métier.
    Il y a des jours merveilleux, comme lors de la naissance de garçons et de filles en bonne santé. D’autres fois, il me faut annoncer à un adolescent une mort prochaine...
    Sa belle-sœur vint poser ses mains sur ses épaules, caressantes, sans dire un mot. Mathieu retrouva toute sa sollicitude de grand frère.
    — Tu as dormi un peu, au moins ?
    — Oui, mais tout habillée, comme tu peux le constater.
    Et dans un peu plus d’une heure, je retrouverai mon service.
    — Tu prendras une douche tout à l’heure, dit Flavie, et je te prêterai des vêtements. Nous sommes à peu près de la même taille.
    — Tu es gentille, répondit Thalie.
    La visiteuse prit une grande inspiration, puis fit un effort de volonté pour changer de sujet:
    — Comment se porte mon filleul favori ?
    — Une vraie terreur, commença Mathieu. S’il a faim, il crie. Et un peu plus tard, quand il a... enfin, tu comprends, il crie encore. Et si tu voyais ce qu’il évacue, comparé à ce qu’il avale !
    — Voyons, Mathieu, plaida la mère, ne raconte pas des choses pareilles à propos de ton fils. Et devant lui encore.

    — Mais c’est vrai. Et quelle odeur, en plus.
    Au moins, la conversation sur le transit intestinal du poupon amena sa sœur à rire de bon cœur. Après quelques minutes, l’homme alla récupérer sa veste dans sa chambre, et se pencha sur Thalie pour lui faire la bise en disant :
    — Tu peux revenir déjeuner avec nous n’importe quel jour, même quand le sort de tes malades ne te torture pas.
    Bonne journée.
    Il se pencha ensuite sur le berceau pour dire :
    — Toi, petite terreur, prends soin de ta maman.
    L’épouse l’accompagna à la porte puis revint, le sourire aux lèvres.
    — Il paraît en bonne forme, commenta la visiteuse.
    — Lequel ? Le petit ou le grand de mes deux garçons ?
    — Les deux paraissent resplendissants. Et toi ?
    Flavie lui adressa son meilleur sourire avant de prendre son enfant dans ses bras.
    — Que puis-je demander de plus? Les blessures de l’accouchement se sont estompées, mes deux hommes se portent bien. Mais toi, si tu veux te préparer à ta journée, va vite à la salle de bain. De mon côté, je te trouve des sous-vêtements, puis je m’occupe de changer junior.
    En se retirant, Thalie enviait un peu ce bonheur tranquille.
    Mais une fois sous la douche, elle en était venue à un autre constat: «Au bout d’un mois, je rêverais de reprendre le travail au plus tôt. »

    *****
    Après sa journée au Jeffrey Hale, Thalie téléphona à sa mère. Pour la laisser s’absenter une seconde soirée d’affilée l’esprit tranquille, Marie lui fit promettre de se déplacer en taxi. Sa préoccupation au sujet du moyen de transport tenait bien sûr à l’absence d’un service de tramway en direction de l’hôpital. A ses yeux, aucune jeune femme ne devait se promener seule sur un chemin de campagne une fois la nuit tombée. L’hôpital des tuberculeux, devenu depuis l’hôpital Laval en l’honneur du premier évêque de la Nouvelle-France, se situait à Sainte-Foy.
    Lorsqu’elle descendit de voiture, Thalie constata au premier coup d’œil l’ampleur des ravages de la peste blanche dans la province. Deux grands pavillons se dressaient maintenant sur ce terrain, le premier terminé en 1918, le second en 1925, pour un total de deux cent quarante lits.
    L’entrée de l’établissement, majestueuse, donnait sur un hall silencieux, d’une propreté irréprochable, au point que Thalie regretta un peu de poser les pieds sur un plancher si soigneusement poli. Une religieuse toute vêtue de noir, excepté la toile blanche lui encadrant le visage, se tenait sur sa droite derrière un comptoir. Les sœurs de la Charité de Québec dirigeaient l’endroit.
    — Ma sœur, j’aimerais visiter un jeune patient admis ce matin.
    — Bien sûr. Vous pouvez me donner son nom ?
    La femme consultait déjà son grand registre.
    — Lavallée. Raymond Lavallée.
    — Oh ! Je pense qu’il y a un problème. Vous êtes mademoiselle Picard, je suppose.
    — Je suis le docteur Picard. J’ai été le médecin traitant de ce garçon.
    La religieuse évitait maintenant soigneusement son regard. Elle décrocha le téléphone et tint une courte conversation avant de dire :
    — Le docteur Rousseau est encore ici. Il aimerait vous dire un

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