Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
son humeur.
    — Nous sommes deux à en être certaines, Thalie.
    — Cela m’enrage.
    — Vous savez, en faisant vœu d’obéissance, mes consœurs et moi nous exposons parfois à appliquer des décisions qui nous paraissent erronées, parfois odieuses. Nous nous disons alors que nos supérieurs sont plus sages que nous.
    — Dans les faits, le temps prouve-t-il souvent que ces supérieurs avaient raison ?
    Au lieu de répondre, la religieuse secoua la tête de droite à gauche. Le médecin ouvrit un tiroir de son bureau pour en sortir un objet.
    — J’ai transporté ceci avec moi toute la semaine, dit-elle en posant le cilice sur la table, entre elles. Je vais le laisser ici, je ne supporte plus de le voir. Sincèrement, tu crois que Buteau a raison, Adrienne ?
    Le passage abrupt au tutoiement devait encourager sa franchise. Les deux femmes se regardèrent dans les yeux un long moment. Finalement, la religieuse secoua la tête négativement.
    — Je te remercie. Savoir qu’au moins une personne dans cette organisation est d’accord avec moi me soulage.
    Leurs mains se joignirent sur la table. Un cognement bref à la porte posa un air coupable sur les deux visages.
    — Oui, entrez, dit Thalie sans quitter son siège.
    Le docteur Courchesne passa la tête dans l’embrasure.
    — Vous voilà, toutes les deux.
    — Nous en étions à nous faire nos adieux et à nous dire combien cette année de collaboration avait été agréable, expliqua la jeune femme.
    Au fond, leur discussion franche et l’usage des prénoms signifiaient exactement cela.
    — Alors je ne serai pas très original, je voulais dire exactement la même chose.
    — Je vais vous laisser, dit la religieuse en quittant son siège.

    — Un instant...
    La jeune femme se leva, referma la bouteille thermos dont elle n’avait pas versé une goutte du contenu puis la lui tendit en disant :
    — Ma sœur, je vous la laisse en souvenir. J’ai été heureuse de partager un café avec vous pendant ces quelques mois.
    — ... Toute la communauté en profitera.
    — Moi, je vous l’offre, à vous.
    Devant témoins, elles abandonnaient les prénoms et le tutoiement. Après avoir échangé des bises sur les joues, Adrienne se retira.
    — Je suis un peu confus. J’interromps quelque chose, dit Paul-Emile Courchesne.
    — Tu interromps des adieux sincères, mais en même temps, tu nous épargnes des larmes. Assieds-toi.
    L’homme observa le cilice resté sur la table.
    — Tu sais, Rousseau est tout à fait contrit de t’avoir chassée ainsi.
    — Je sais. J’en prends l’habitude, toutefois.
    Son visiteur accusa le coup, puis défendit les sœurs de l’Espérance.
    — Voyons, ne sois pas injuste. Il ne s’agit pas de la même chose. Ce sera un tout petit hôpital, rien de commun avec le Jeffrey
    Haie.
    Elles
    veulent
    garder
    un
    seul
    médecin...
    Et naturellement les saintes femmes avaient choisi l’homme.
    — Pardonne-moi, dit Thalie en prenant le cilice pour le faire disparaître de nouveau dans le tiroir, cet objet me rend trop maussade. Avec la congrégation, tu es le fondateur de cet endroit, donc il est tout à fait naturel que tu continues. Je ne faisais
    que
    donner
    quelques
    heures
    par
    semaine

    ici. Toi, c’est ton projet de vie.
    — Même si je regrette sincèrement leur décision, dit son compagnon, je la comprends aussi.
    Au moins, se consolait la jeune femme, les sœurs de l’Espérance ne semblaient pas l’avoir jugée indigne de pratiquer la médecine. Leur attitude était demeurée respectueuse du début à la fin.
    — De ton côté, affirma Courchesne, les choses se passent plutôt bien, je pense.
    — Ma clientèle prend forme, composée de femmes et de jeunes enfants.
    — Chez Caron ?
    — Je continue d’y aller deux jours par semaine. Pour l’instant, cela me paraît être la meilleure solution.
    Eventuellement, j’aurai mon propre cabinet. Mais rien ne presse.
    L’homme parut embarrassé, mesurant la difficulté d’avoir un collègue de l’autre sexe. Il lui fallait exprimer ses états d’âme sans prêter à mésinterprétation.
    — Tu me manqueras, tu le sais, déclara-t-il enfin.
    — Tu me manqueras aussi. Nos relations ont été très fraternelles.
    — Exactement.
    Son sourire témoignait de sa sincérité. Après un court silence, Thalie se leva en disant:
    — Je vais rentrer, maman sera heureuse de me voir à la maison à une heure raisonnable.
    Courchesne se leva aussi. Il lui serra la main, mur

Weitere Kostenlose Bücher