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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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parents Dubuc, une enveloppe à la main.
    — Mademoiselle Thalie, cette lettre est arrivée cet avant-midi.
    Comme vous étiez à deux pas, j’ai pensé vous l’apporter.
    Surtout, cela donnait à l’employée la chance de jeter un coup d’œil sur les célébrations en l’honneur de la jeune fille de la maison.
    — Merci.
    L’enveloppe ne montrait aucune information sur l’identité de l’expéditeur. Elle eut envie de la mettre dans son sac, mais la curiosité l’emporta. Sur un carré en carton de bonne qualité, elle lut :

    Mademoiselle,

    Notre pronostic à tous les deux s'est réalisé trop vite. Raymond Lavallée nous a quittés au cours de la nuit, dans son sommeil. Le dénouement est venu aussi doucement que possible, dans les circonstances.
    Au cours des dix derniers jours, le garçon a demandé à vous voir à quelques reprises, au nom de votre amitié pour lui.
    Malheureusement, il n'a pas été possible de ménager une ultime entrevue.

    Avec mes sentiments distingués,
    Dr Arthur Rousseau

    Le visage de Thalie offrit une telle tristesse que sa mère prit la missive de ses mains pour la lire à son tour.
    — Pauvre garçon, murmura-t-elle en la lui rendant.
    — Il n’a même pas eu la charité de me permettre de le voir.
    Le reproche s’adressait autant au médecin qu’à monseigneur Buteau, à l’origine de son bannissement. Après un long silence, la jeune femme dit encore:
    — Je vais me rendre aux funérailles. Tous les régiments de zouaves de la province ne pourront m’en empêcher.
    — ... J’irai avec toi.
    Marie ne laisserait pas sa fille s’aventurer seule dans le repaire de son frère. Alors que la fête se poursuivait autour d’eux, Thalie conserva une mine grave, au point d’inquiéter Mathieu et Flavie, assis à la même table.
    Quand, vers trois heures, les mariés s’apprêtèrent à quitter les lieux, un homme d’une trentaine d’années entra dans le restaurant, se dirigea vers David O’Neill en affectant un air embarrassé. Sa conversation avec le couple échappa totalement aux autres invités. Le jeune marié afficha clairement sa déception.
    Sa
    nouvelle
    épouse
    éprouvait
    des
    sentiments un peu plus ambigus.
    — Mes amis, commença David en élevant la voix, un incident est survenu en relation avec un barrage de la compagnie Duke-Price. Je dois partir tout de suite. Je vous adresse mes plus profonds remerciements, en même temps que toutes mes excuses pour me sauver comme un voleur.
    Il répéta les mêmes paroles en anglais puis, avec sa femme au bras, s’approcha de Paul Dubuc pour lui dire :
    — C’est totalement inattendu, monsieur, mais je dois ajourner mon voyage de noces.
    — Que se passe-t-il ?

    — Je ne comprends pas encore très bien. Une paroisse du Lac-Saint-Jean a été inondée à cause des aménagements hydroélectriques de mon employeur. Je dois me rendre sur les lieux.
    — Oh ! C’est vraiment le comble de la malchance.
    Le politicien comprenait très bien que son nouveau gendre ne pouvait se dérober à son devoir. Après un mandat temporaire, le jeune homme faisait maintenant partie de l’équipe régulière d’ingénieurs de la grande société. .
    — Puis-je vous confier Amélie pour les jours à venir ?
    demanda encore David. Ce serait cruel de la laisser seule dans notre nouvel appartement.
    — Bien sûr. Je la garde soigneusement, et je te la rends dans quelques jours.
    Sur cette assurance, le couple sortit, s’enlaça longuement sur le trottoir, puis échangea un baiser susceptible de faire parler les bonnes âmes jusque dans les officines du palais archiépiscopal. Ensuite, pendant quelques minutes, les larmes aux yeux, Amélie dut faire le tour des O’Neill pour les remercier de leur présence.
    Quand elle rejoignit sa famille, Thalie lui serra discrètement la main sous la table en chuchotant :
    — Ce n’est vraiment pas de chance.
    — D’un autre côté, ils ont fait appel à lui, pas à un autre.
    C’est de bon augure.
    Puis elle lui adressa un clin d’œil entendu, comme si le fait de s’être accordé de petits acomptes au cours des derniers mois
    rendait
    la
    consommation
    du
    mariage
    moins
    impérative.
    — Mais si je ne me trompe pas, enchaîna la nouvelle mariée, tu as l’air plus triste que moi.
    — Un de mes jeunes patients est décédé.

    — ... Je suis désolée.
    Formulée à haute voix, la réponse marqua la fin de la fête. Déjà, les O’Neill venaient l’un après l’autre

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