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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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conduisait à des comportements hystériques des cœurs trop sensibles.
    Thalie choisit ce moment pour s’avancer et poser une rose blanche sur la bière. Le père Lavallée accrocha son regard un bref instant et lui adressa l’esquisse d’un sourire.
    Parmi toutes les personnes présentes, ce n’étaient ni la curiosité ni le sens du devoir qui poussaient le médecin à être là. Visiblement, l’homme appréciait cet élan de sincérité. Il fut le seul.
    Monseigneur Buteau fit trois pas dans sa direction, les traits durcis par la colère. Marie s’avança vers lui et le prévint dans un souffle :
    — Ne parle pas à ma fille. Ne la touche surtout pas. Tu te souviens de ce que je t’ai dit, l’autre jour.
    L’homme soutint brièvement son regard. Quand il détourna les yeux, elle dit encore :
    — Tu as pu mettre ce garçon sous ta coupe. Ne tente jamais de faire la même chose à un membre de ma famille.
    Emile Buteau rejoignit les Lavallée, les invita à regagner la voiture de la société des pompes funèbres mise à leur disposition. Les deux femmes demeurèrent seules près de la fosse pour regarder le cercueil descendre entre les parois de terre brune, la rose toujours en place. Quand les croque-morts récupérèrent les sangles de l’appareil, la mère prit le bras de sa fille.
    — Si nous ne nous pressons pas, dit-elle, notre chauffeur va nous dénoncer à la police.
    — Tu as raison. Il serait dommage de passer une aussi belle journée en prison.
    Sous le soleil, elles parcoururent la distance jusqu’à la rue. En montant dans le taxi, Thalie dit d’une voix un peu plus assurée :
    — Je me demande si le pauvre David reviendra bientôt du Saguenay.
    — Amélie ne paraît pas trop s’en faire.
    — Mais moi, je suis pressée. J’aime jouer à la bonne tante. J’imagine à quel point les rejetons de ces deux-là seront intéressants !
    Aider à la naissance de bébés lui paraissait le meilleur moyen d’éloigner la mort.

    *****
    Le samedi précédent, Fernand avait conduit sa famille à Saint-Michel-de-Bellechasse. Cela permettait à Antoine de renouer avec les travaux agricoles dans le plus grand enthousiasme. Les deux autres enfants se réjouissaient aussi de ce changement à leur routine. Ils s’étaient habitués au nouveau personnel domestique. La cuisinière et la bonne se montraient aimables. Bien sûr, jamais ils ne s’attacheraient à elles comme ils s’étaient entichés de Jeanne. Ils l’avaient connue dès leur premier souffle, si bien que celle-ci remplissait le rôle d’une figure maternelle. Dans un sens, ils étaient maintenant orphelins.
    Seul dans sa grande maison de la rue Scott, l’homme profitait d’une nouvelle liberté de mouvement. La veille, il avait téléphoné au cabinet du docteur Caron, certain d’avoir son amie au bout du fil. Aussi le mardi matin, ils se rencontrèrent sur «leur banc», dans le parc des Champs-de-Bataille.
    — Mon aîné sera déçu, remarqua l’homme d’emblée.
    Avec l’orage qui menace, les foins seront retardés.
    — Il aura le temps de se reprendre avant septembre. Tes enfants vont te manquer, n’est-ce pas ?
    — La semaine me paraît bien longue, surtout que les affaires tendent à tourner au ralenti pendant l’été. Mais comme l’état des routes s’améliore, je peux les voir tous les samedis.
    Elise marqua une pause avant de demander encore :
    — Eugénie se plaît-elle, à la campagne ?
    — Elle ne se plaît nulle part, je pense, ni ici ni là-bas.
    Elle promène son visage triste dans la grande maison de ferme, surveille les domestiques... mais ne met jamais la main à la pâte.
    — Comment se comporte-t-elle avec les enfants ?
    — Depuis octobre, elle essaie de se rapprocher d’eux, sans beaucoup de succès. Même si Jeanne leur manque, elle n’arrive pas à occuper l’espace laissé libre dans leur cœur.
    En février dernier, reconduisant Elise chez elle après une pièce de théâtre, l’homme avait évoqué la présence d’une maîtresse. Depuis, son amie avait appris de qui il s’agissait.
    Elise souffrait trop de sa propre solitude pour avoir envie de lui adresser le moindre reproche à ce sujet.
    Tout à coup, une première goutte de pluie atteignit son visage.
    — Oh ! Nous allons devoir rentrer.
    La tristesse dans la voix toucha son compagnon. Il leva son parapluie, l’ouvrit au-dessus de leur tête. Ils attendirent un peu avec l’espoir que ce soit une fausse alerte, mais

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