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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’averse gagna en violence.
    — Viens chez moi. Ce serait trop triste de se quitter tout de suite.
    Elle le regarda avec ses grands yeux bruns, surprise par l’audace de la proposition.
    — Je ne peux pas...
    — Tu ne me fais pas confiance ?
    — Ce n’est pas cela...
    L’homme se leva, lui offrit le bras portant le parapluie.
    — Nous allons rejoindre la Grande Allée. Quand nous passerons à la hauteur de la rue Claire-Fontaine, si c’est ton choix, je te laisserai à ta porte. Personne ne trouvera à redire. Tout le monde comprendra que je te raccompagne par un temps pareil.
    Il comprenait l’inquiétude de sa compagne pour sa réputation.
    Les femmes ne pouvaient se permettre le moindre accroc sans s’exposer à un ostracisme complet. Malgré cette menace, lorsqu’ils passèrent l’intersection de la rue où se trouvait la maison des Caron, elle ne ralentit pas.
    Ils tournèrent dans la rue Scott. Un peu inquiète, Elise regardait les façades des maisons, craignant de déceler des regards désapprobateurs aux fenêtres. Les trottoirs restaient déserts, à cause de l’averse. Elle espéra que son escapade passe inaperçue.
    Fernand ouvrit la porte et la fit passer devant lui. Intimidée, elle demeura immobile dans le couloir, le temps qu’il pose son parapluie dans un coin, le laissant ouvert afin de lui permettre de sécher. Quand il la rejoignit, il expliqua :
    — C’est un peu comme chez toi. Voilà mon bureau et une autre pièce de travail. Un temps, j’ai pensé que Mathieu Picard l’occuperait. À la fin de l’été, je chercherai un stagiaire.
    Sa compagne s’intéressait peu à l’aménagement des lieux. Fernand remarqua la robe mouillée en certains endroits. Son pantalon et sa veste se trouvaient dans le même état.
    — Je vais nous faire du thé. Cela nous réchauffera un peu.
    — Ce n’est pas la peine. Le temps d’allumer le poêle pour faire bouillir l’eau...
    Elle n’entendait pas s’attarder, toute à ses appréhensions.
    — Viens dans la cuisine. Avec la plus grande invention du siècle, tu auras une boisson chaude entre les mains dans une dizaine de minutes.
    Avec fierté, il lui montra la bouilloire électrique, une petite merveille achetée dans un commerce de la rue Saint-Joseph la semaine précédente.
    — Tu comprends, comme je suis seul pour deux mois, je me suis organisé pour avoir de quoi boire sans y mettre trop de temps.

    L’innovation technologique ne la passionnait guère. Elle examinait la pièce, très mal à l’aise de se trouver là.
    — Assieds-toi, j’en ai pour un instant.
    Elle occupa l’une des chaises placées près d’une table.
    Dans le passé, les enfants se réunissaient là afin de se trouver en présence de Jeanne. Maintenant, les sièges servaient exclusivement aux domestiques.
    — Je pense que cette pièce demeure la plus accueillante de la maison, confia Fernand. Ailleurs, tout semble froid.
    La remarque ne méritait aucun commentaire. Elise devina que cela tenait seulement au fait qu’Eugénie n’y venait que rarement, alors que la maîtresse de son hôte y avait passé ses journées au cours des dernières années.
    Une fois l’eau portée à ébullition, l’homme vint occuper une chaise près de la sienne, la théière fumante et deux tasses entre eux.
    — Dorénavant, chaque fois que je me préparerai du thé, je penserai à toi, dit-il encore en versant la boisson.
    — Une part de moi se sent très mal à l’aise, bafouilla la jeune femme. Une autre est heureuse d’être avec toi.
    — Tu ne me trouves pas...
    Comment mettre des mots sur son propre malaise?
    Fernand tramait depuis toujours un excès de poids, ses cheveux se raréfiaient sur son crâne. Au fil des ans, sa femme avait cristallisé son manque d’assurance. A la fin, il proposa dans un souffle :
    — Attirant.
    — ... Mais pourquoi dire une chose pareille ?
    — Je ne suis pas Rudolph Valentino.
    — Dieu merci ! lança Elise, cette fois franchement amusée.
    Si ce comédien faisait rêver toutes les femmes, elle faisait exception.
    — Je me trouve dans la cuisine d’un homme marié, dit-elle après une pause. Cela suffit à me rendre mal à l’aise.
    — Comme je te l’ai expliqué...
    Son interlocutrice leva la main pour le faire taire.
    — Comme me le rappelait ma mère il y a dix jours, l’état de ton couple ne change rien à ton statut.
    — Tu as parlé de nos rencontres à ta mère...
    — Mes absences répétées... On devrait

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