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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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paraît sauvé, et le père n’a même pas perdu connaissance pendant l’opération, prononça-t-il d’un ton amusé.

    — Vous avez affaire à une vraie professionnelle, commenta la réceptionniste un peu narquoise.
    Elle prit connaissance du gribouillis sur le bout de papier remis par Thalie et annonça le prix de la consultation.
    — Et vous, vous allez bien ? demanda l’homme en tendant l’argent.
    — Dans les circonstances, oui.
    Elise se secoua un peu. Parfois, elle s’exprimait comme si son veuvage était tout récent, alors que sept ans avaient passé depuis.
    — Oui, je vais bien, reprit7elle. Bien sûr, revenir sous le toit de papa comporte des contraintes, mais tout le monde dans la maison entend me rendre la vie facile.
    — Je comprends.
    — Et de votre côté, tout le monde va bien ?
    Fernand jeta un regard vers son fils éclopé. Celui-ci, stoïque, attendait la
    fin
    de
    la
    conversation des
    «grandes
    personnes».
    — Si l’on excepte les petits accidents de la vie, personne n’a trop à se plaindre. Même maman paraît rajeunir, ce qui, à son âge, tient du tour de force.
    — Eugénie ?
    De l’intimité entre les deux jeunes couventines, près de vingt ans plus tôt, il ne restait rien, sauf des souvenirs.
    L’homme lança un regard du côté d’Antoine. Sa présence l’incita à se faire laconique :
    — Elle est toujours égale à elle-même.
    Ces quelques mots s’avéraient tout de même explicites pour qui avait vu l’humeur de cette jeune femme se détériorer.
    Comme un patient venait d’entrer, Fernand enchaîna bien vite :
    — Je vous laisse travailler. A bientôt.

    Elle le salua d’une inclinaison de la tête et porta toute son attention vers le nouveau venu.

    *****
    Thalie s’attarda dans son bureau jusqu’à cinq heures, le temps de réviser les dossiers de ses quelques clients. La nouvelle de sa présence dans le cabinet circulait dans la ville, sans nécessairement soulever l’enthousiasme. De nombreuses femmes, en prenant rendez-vous avec Elise, précisaient souhaiter voir
    un
    «vrai»
    médecin.
    Traduit
    en
    clair,
    cela signifiait un homme.
    Elle sortait du cabinet, quand elle se trouva face à face avec le docteur Pouliot.
    — Cher collègue, commença-t-elle, un peu crâneuse, vous n’êtes pas trop fâché de quitter une aussi agréable journée pour vous enfermer dans cette pièce ?
    — ... Comme notre patron à tous les deux a partagé les heures de cabinet de cette façon, j’aurais mauvaise grâce de me plaindre.
    Pourtant, le ton témoignait de sa frustration à sacrifier une belle soirée. En réalité, le docteur Caron avait établi l’horaire du
    cabinet
    d’une
    façon
    très
    équitable.
    Si
    Thalie
    se trouvait plus souvent requise pendant la journée, cela tenait au fait que le brave homme pariait que des femmes, des mères de famille essentiellement, souhaiteraient la voir à ce moment. Occupés par leur travail, les hommes, quant à eux, préféraient souvent un rendez-vous après six heures.
    — Je ne vous retiendrai pas. Je vous laisse à vos patients.
    D’un regard circulaire, elle apprécia l’affluence. Le diplôme de celui-là
    n’était
    guère
    plus
    ancien
    que
    le
    sien,

    mais les gens paraissaient se bousculer pour le consulter.
    Un peu dépitée, elle s’approcha du bureau d’Elise pour demander encore :
    — Tu ne me feras pas faux bond, n’est-ce pas ? Je peux nous inscrire toutes les deux à l’institut pour la semaine prochaine ?
    —Je ne sais trop. D’habitude, je travaille pendant la matinée.
    — Et souvent aussi en soirée, comme aujourd’hui. J’ai moi-même entendu ton père dire que ce serait une excellente idée.
    — En réalité, je ne connais rien à la culture physique.
    La dernière fois que j’ai fait quelque chose du genre, c’était de la callisthénie, chez les Ursulines. J’aurai l’air tellement gauche.
    Thalie eut un sourire amusé. Elle-même ne péchait pas par un excès de zèle en ce domaine. Le désir de demeurer un peu active s’était plutôt mal combiné avec les longues heures d’étude, ces dernières années.
    —Je pense que nous serons toutes logées à la même enseigne. Après tout, cet Institut de culture physique destiné aux femmes
    existe
    depuis
    quelques
    semaines
    tout
    au
    plus, et c’est le premier dans la ville. Si quelqu’un est en meilleure forme que nous, ce sera une mère de famille qui passe ses journées à courir derrière ses jeunes

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