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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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homme très bien. Au-delà de son air un peu empoté, je le crois très compétent, et très bon.
    — Je ne l’ai pas trouvé empoté, seulement réservé. Il comprend les gens à demi-mot et trouve le moyen de dire une parole gentille, de montrer sa délicatesse. Après cette première visite, ma belle-sœur serait prête à le recevoir à sa table toutes les semaines. Quant à sa bonté, je lui ai justement fait remarquer cette qualité, quand il m’a raccompagnée à la maison.
    Curieusement, son interlocutrice fut heureuse de ce constat partagé. Les souvenirs de leurs relations, près de vingt ans plus tôt, lui revenaient en mémoire.
    — Mais si tout ce que j’entends sur sa femme est vrai, continua Thalie, pourquoi diable ce bon garçon l’a-t-il épousée ?
    La mère regarda sa fille avec une telle insistance que celle-ci remarqua, un peu vexée :
    — Si ma présence te gêne, je peux aller marcher...
    — Non, ma belle. Je ne dirai rien de ce que je sais sur ce mariage, car ce serait indélicat pour une ancienne amie.
    Même si nous n’avons plus de contact aujourd’hui, je lui dois une certaine discrétion.
    — Puis, Elise ne tient pas à ce que tu ailles te promener toute seule dans ce beau parc, renchérit le médecin. Tu vois tous ces garçons qui regardent dans notre direction ? L’un d’eux finirait par trouver l’audace de t’adresser la parole, pour ensuite se rendre rue Claire-Fontaine afin de demander à ton grand-père la permission de venir te visiter les bons soirs.
    Estelle se tourna à demi pour voir le va-et-vient dans l’allée la plus proche, puis elle s’assura en rougissant que sa robe couvre bien ses jambes. Elle demanda bientôt: Quels sont les bons soirs ?
    Les usages des fréquentations à la campagne les occupèrent pendant
    un
    bon
    moment.
    Si
    l’adolescente
    trouvait
    ces habitants terriblement vieux jeu, elle se réjouissait que ces deux femmes semblent trouver tout naturel que des regards masculins se posent maintenant sur elle.
    Trois semaines plus tard exactement, Flavie en était à son dernier jour de travail. Depuis le lundi précédent, elle passait ses journées avec sa remplaçante, Georgette.
    Edouard avait choisi une personne dotée d’une poitrine abondante, de cheveux courts teints en blond, de lèvres peintes en rouge. Une dernière fois, la secrétaire essayait de lui faire comprendre le mode de classement du courrier, alors que la nouvelle venue demanda :
    — Est-ce que le patron met du sucre dans son café ?
    Elle se souciait davantage de connaître les préférences personnelles du maître des lieux. Pareille attitude se comprenait : l’homme reprenait auprès d’elle son attitude de séducteur, multipliant les compliments sur sa coiffure, sa tenue.
    — Il met un sucre, répondit Flavie, une pointe d’impatience dans la voix.
    Des yeux, elle consulta l’horloge sur le mur. Encore une demi-heure ! Ses efforts ne donnaient rien, mais de toute façon, le bon
    fonctionnement
    de
    cette
    entreprise
    ne
    la
    concernait plus.
    — Parlant café, enchaîna-t-elle, croyez-vous que nous ayons le temps d’aller en prendre un au restaurant du dernier étage ?
    — A cette heure, le personnel s’affaire à fermer, répondit Georgette, mais je peux nous en préparer.
    Sotte et gentille : elle offrait toutes les habiletés requises par Edouard Picard.
    — Quelle bonne idée ! Je vais vous aider.
    Quelques minutes plus tard, Georgette se tenait assise sur la chaise derrière le bureau et Flavie sur l’un des sièges destinés aux visiteurs. Mathieu les trouva un peu après six heures devisant gaiement.
    — Je suis un peu en retard, excusez-moi, dit-il. Heureusement, on m’a laissé monter.
    — Ce n’est pas grave, nous bavardions.
    Sur ces mots, Flavie se leva, de nouveau légèrement émue. Une étape de son existence se terminait.
    — Nous partons ? questionna son époux.
    — Je dois tout de même lui dire au revoir.
    Des yeux, elle désignait la porte. Elle frappa et entrouvrit pour dire :
    — Monsieur Picard, je voulais vous saluer...
    — Ah ! Oui, bien sûr. Je suppose que Mathieu est arrivé.

    Entrez, tous les deux.
    Le directeur quitta son fauteuil pour venir vers eux, la main tendue.
    — Je te félicite pour l’heureux événement, dit-il à son cousin. Dorénavant, cette adorable jeune femme se vouera tout entière à ton service.
    — A mon âge, et dans mon état, je ne nécessite tout de même pas de soins continus.
    — ...

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