Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
fils. — Edouard n’est pas son fils naturel, précisa Mathieu.
    Cela lui rend sans doute les choses plus faciles. Elle a l’impression de réparer ainsi une injustice du testament de Thomas.
    — Je vois. La situation ne favorisera pas le maintien d’excellents rapports avec ton cousin... ton demi-frère si tu préfères. Mais, c’est un autre problème.
    Le notaire gardait un souvenir ému de sa dernière rencontre avec Elisabeth. Comme Eugénie refusait obstinément de la voir, il ne risquait plus guère de la rencontrer, dorénavant.
    — Tu comprends maintenant mieux mon intérêt pour le magasin PICARD, précisa Mathieu. Il me semble avoir autant droit au fauteuil de directeur que mon demi-frère, comme tu as dit.
    — Selon toi, il sait?
    — Je ne pense pas. Dans l’affirmative, ce serait un excellent comédien.
    Même si au fil des ans, leur relation ne s’était pas révélée cordiale, Edouard n’avait aucune raison d’attribuer cela à un secret de famille.
    — Tu crois que tu pourras me mettre en contact avec un investisseur ? insista Mathieu.
    — Sans doute, si tu mets ta propre part en garantie. Je continue de penser que tu te laisses guider par les sentiments, une mauvaise influence en affaires.
    — Les profits réalisés sur ces deux parts effaceront la dette, à la longue. En attendant, je vivrai très bien de mes honoraires professionnels.
    — Mais tu seras toujours tributaire des décisions, bonnes ou mauvaises, d’Edouard. Si cet éternel gamin se mettait à faire des sottises, tu pourrais te retrouver avec deux parts sans valeur, et une énorme dette à rembourser.
    Le notaire lut dans les yeux de son visiteur la résolution d’aller de
    l’avant.
    Aussi
    accepta-t-il
    de
    taire
    tous
    ses
    conseils.
    — Je suppose que tu voudras agir très vite, conclut-il.
    — Bien sûr. Le jour où Elisabeth réglera la transaction sur une nouvelle maison, je devrai être en mesure de la payer.
    — Donc je ferai quelques appels dès demain matin.
    La conversation se poursuivit quelques minutes encore, puis le visiteur regagna son domicile.

    *****
Lorsqu’elle pénétra dans la maison de la rue Saint-Denis, Elisabeth ressentit une certaine fierté en songeant au chemin parcouru depuis 1919. Autant cette année-là elle avait réglé l’achat d’une première propriété avec une peur morbide au ventre, autant elle se lançait cette fois dans l’aventure avec la conviction de prendre une bonne décision. Depuis le mardi précédent, les événements se bousculaient toutefois à une vitesse folle.
    Mathieu vint lui ouvrir, un sourire de satisfaction sur les lèvres.
    — As-tu trouvé le rapport d’inspection satisfaisant ?
    demanda-t-il en lui serrant la main.
    — Selon lui, tout est solide et bien construit.
    — Tu demeures donc disposée à passer chez le notaire vendredi prochain ?
    — Comme convenu. Ce sera une signature de contrats multiples, si j’ai bien compris.
    La conduite des affaires recelait tout de même encore pour elle de petits mystères.
    — Oui, dit le jeune homme. D’abord, je signerai un emprunt avec mon créancier, mais je ne toucherai pas au chèque, il sera fait au nom de Fernand Dupire. Celui-ci te remettra la différence entre la valeur de la part du magasin et celle de cette grande demeure. Le reste ira au vendeur de la maison.
    En réalité, personne ne manipulerait le moindre billet de banque. Tout en l’écoutant, Elisabeth regardait le vestibule, un pli au milieu du front.

    — Bien sûr, précisa Mathieu, tout cela se concrétisera si tu sors satisfaite de cette visite.
    Comme le jeune homme lui avait servi d’intermédiaire, elle visitait les lieux convoités pour la première fois.
    — Le propriétaire n’est pas là ?
    — Depuis la mort de sa femme, il s’est réfugié chez l’une de ses filles. C’est pour cette raison que les domestiques ont reçu leurs «huit jours». Il se dit incapable de vivre encore dans cette maison. Tu le verras, l’entretien a été négligé dernièrement, mais cela ne change rien aux qualités de la bâtisse.
    Au fond, de tous les protagonistes de cette série de transactions, Mathieu demeurait le plus inquiet de voir un obstacle tout faire achopper. Il en arrivait à parler comme s’il était le vendeur.
    Du même âge que la pension de la rue Sainte-Geneviève, cette demeure présentait à peu près la même configuration.
    Un salon au rez-de-chaussée donnait sur la rue, et à l’arrière, une grande

Weitere Kostenlose Bücher