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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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fus beaucoup plus
impressionné que Théodoric par cette incroyable succession de divertissements,
mais celui-ci avait passé une bonne partie de sa jeunesse au milieu des
splendeurs de Constantinople.
    On nous fit découvrir les trésors religieux de la cité. Un
bâton de marche ayant appartenu jadis à Moïse était soigneusement conservé au
Palais de Pourpre. L’église Sainte-Sophie, déjà censée renfermer le puits où la
Samaritaine avait puisé de l’eau pour Jésus, détenait aussi une robe et une
ceinture qui avaient été la propriété de la Vierge Marie. Cependant, comme je
l’ai dit, la cité fondée par le Nobilium Christianissime empereur
Constantin a encore des progrès à faire si elle veut s’imprégner de
l’intolérance chrétienne. Ainsi, Sainte-Sophie est décorée d’une multitude de
statues – il en existe 427 – dont la plupart n’ont rien de
précisément chrétien, telles celles de l’Apollon de Delphes, d’Héra de Samos,
du Zeus olympien, et bien d’autres.
    Dans un amphithéâtre dominant la belle Propontis, nous
assistâmes tout un après-midi à des danses pyrrhiques [58] interprétées
par un corps de danseuses représentant non seulement des déesses, Vénus, Junon,
Minerve, mais aussi des divinités telles que Castor et Pollux, les Muses, les
Grâces, ou encore les Heures ( Horae ), déesses incarnant les saisons. Le
plus étonnant de ce spectacle était la mise en scène imaginée par ses auteurs.
Sur la scène s’élevait une véritable montagne couverte d’arbres ; un cours
d’eau dévalait ses pentes, sur lesquelles broutaient des chèvres, tandis que
les danseurs évoluaient avec une légèreté aérienne au son de nombreuses flûtes.
La chorégraphie, qui illustrait une série de mythes bien connus, culmina
lorsque Pâris présenta la pomme d’or à Vénus. Le côté sauvage et vif de la
danse s’exacerba alors, et croyez-le ou pas, la montagne de la scène entra en
éruption. De son sommet jaillit une source, qui inonda les acteurs telle une
pluie soudaine. Cette eau, peut-être teintée de poudre de safran, était de
couleur jaune orangé, de sorte qu’elle recouvrit d’une teinte dorée tous les
danseurs, les musiciens et jusqu’aux chèvres, déclenchant chez les spectateurs
aussi surpris qu’émerveillés une ovation et un torrent d’applaudissements.
    Pour nous divertir, des jeux furent organisés tout
spécialement à notre intention dans l’hippodrome, qui de toutes les structures
de ce style, est sans doute la plus magnifique au monde. Nous n’y accédâmes
point comme le commun des mortels par les portes d’entrée normales, mais en
empruntant l’escalier privé qui conduisait directement des appartements de
Zénon, de forme octogonale, au podium impérial dominant la vaste arène ovale.
Une colonne sculptée de serpents entrelacés dominait ce podium, portant à son
sommet un bassin enflammé. Le sol de l’arène, entouré de gradins abrupts
servant de sièges, mesurait une centaine de pas de large sur environ quatre cents
de long. Sur son pourtour s’élevaient des obélisques massifs apportés d’Égypte,
des statues de Messana [59] et de Panormus [60] , des
tripodes et des encensoirs venus de Dodone [61] et de
Delphes, ainsi que les chevaux de bronze prélevés sur l’arc de Néron, à Rome [62] .
Les courses de chars, les concours équestres et les combats de lutte ou de
pugilat entre les Bleus et les Verts furent excitants au plus haut point,
remplis d’action et parfois de suspense. Théodoric et moi, ainsi que nombre de
membres de notre groupe, y perdîmes en paris de grosses sommes, mais j’estimai
pour ma part ces pertes largement compensées par l’occasion qui m’avait été
donnée de visiter le plus grand hippodrome du monde.
    Lorsque nous n’étions pas accaparés par tel ou tel spectacle
ou visite de la ville, nous eûmes souvent l’occasion de nous asseoir pour
converser avec l’empereur, aidés en cela par des interprètes pour clarifier ces
échanges, et par des amphores de vin de Chios pour les fluidifier. Je
m’attendais à ce que Zénon amenât la discussion sur la possibilité d’évincer
Odoacre de son trône, ou convoquât en privé Théodoric pour aborder le sujet
avec lui, mais il semblait peu pressé d’y venir. Il restait assez elliptique
sur les affaires impériales et ne mentionna jamais explicitement le nom
d’Odoacre.
    Je me souviens qu’un soir, sur le ton de la réflexion,

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