Théodoric le Grand
a pu perdurer,
alors que tant de preuves de sa fausseté ont déjà été apportées.
Le vieux Soas se gratta la barbe et déclara, pensif :
— En revanche, concernant le sexe opposé, j’ai toujours
constaté une correspondance indubitable entre la bouche d’une femme et son
intimité. Une vaste bouche est l’indice d’un kunte accueillant. Si elle
est large, ample et humide, il en ira de même de son orifice intime. Et une
femme à petite moue en bouton de rose possède en général, en bas, une ouverture
bien étroite.
Je dévisageai fixement le maréchal, peinant quelque peu à
l’imaginer assez jeune pour avoir expérimenté tant de bouches femelles. Mais
Théodoric se contenta d’opiner du chef, confirmant les assertions de Soas.
— Cette correspondance est réelle. Voilà pourquoi, dans
certains pays d’Orient, les femmes sont contraintes de dissimuler leur visage
en public, les yeux exceptés. Les maris ne tiennent pas à ce que les autres
hommes, d’un regard lascif, puissent ainsi évaluer en quelque sorte l’intimité
de leurs conjointes.
Soas approuva d’un hochement de tête, et affirma l’air
solennel :
— Et l’on pourrait conseiller à un homme de rechercher
plutôt une femme ayant une petite bouche, sachant combien la pression exercée
par son kunte lui sera délicieuse. Hélas, il est de notoriété publique
que cette étroitesse va de pair avec celle de l’esprit et du caractère. Quant
aux femmes munies à la fois d’une petite bouche et de lèvres fines, il faut
s’en méfier par-dessus tout. Ce sont en général de détestables vipères.
— C’est vrai, c’est vrai, confirma Théodoric. Akh ,
selon moi, pour faire un choix sûr en matière de badinage amoureux, le mieux
est de s’en tenir à une règle simple : voir si la femme a un collier de
Vénus. Si laid que soit son visage, si disgracieuses soient ses formes, et si
grande soit votre hâte d’en être débarrassé le matin venu, elle sera une
compagne de lit irréprochable durant toute votre nuit.
Théodoric et Soas s’étaient apparemment emparés de ce sujet
frivole pour se détendre de la pesanteur des affaires d’État et des austères
questions de politique et de stratégie. Mais je les ramenai sur terre en
faisant remarquer :
— Je suis heureux que le roi Feva ait décidé aussi
rapidement de se rallier à nous, mais tout de même, sa décision ne laisse pas
de me surprendre. J’aurais pensé qu’il serait fou de rage en découvrant que son
fils avait été enlevé et détenu comme otage.
— Ne, intervint Théodoric. Il semble avoir
particulièrement apprécié de retrouver loin de chez lui et de façon si
inattendue son jeune fils, d’autant qu’il a pu le constater, celui-ci a été
bien traité. Par ailleurs, je crois que ce que tu avais prédit est exact,
Thorn. Ce n’est qu’en arrivant ici que Feva a pu se rendre compte à quel point
Strabo mentait, s’illusionnait sur sa capacité à accaparer le pouvoir, et avait
peu de chances d’y parvenir.
— D’accord, mais soyons clairs, grommela Soas, redevenu
le vieux maréchal froid et sentencieux. Pour obtenir le ralliement de l’armée
de Feva, Strabo lui avait sans doute promis la moitié de notre royaume. Et toi,
Théodoric, que lui proposes-tu à ton tour pour disposer de son armée ? Ou
qu’exige-t-il ?
— Absolument rien, répliqua Théodoric d’un ton léger.
Hormis la part raisonnable qui leur reviendra, à lui et à ses hommes, de ce
qu’ils m’auront aidé à conquérir.
— Mais à conquérir où ? demandai-je. Qu’espères-tu
gagner ? Sur qui ? Strabo était ton seul rival réel, et le seul à
poser quelque problème à Zénon. Le fait de l’avoir vaincu ne procure à personne
ni terres à conquérir, ni butin à partager. Je ne dis pas qu’un jour ou
l’autre, il ne se représentera pas un petit arriviste du même genre à écraser,
mais cela ne rapportera évidemment pas grand-chose. Et nulle part il n’y a de
roi assez riche et de nation assez puissante pour justifier une guerre
profitable. Donc, je ne vois pas…
— Tu as la mémoire courte, coupa Théodoric. Zénon
souffre depuis plusieurs années d’un mal chronique, et je pense qu’il ne
tardera pas à faire appel à moi pour l’en guérir.
— De quoi… de qui s’agit-il ?
— Allons, allons, Thorn…, fit-il d’un ton malicieux.
Jadis, tu as toi-même évoqué ce personnage avec le défunt Strabo. Quant à toi,
Soas, tu
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