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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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proposer qu’un service de garnison défensive,
d’occasionnelles escortes et quelques escarmouches d’importance secondaire
contre des bandits de grand chemin ou des pirates de rivière. Aussi ces hommes,
qui s’ennuyaient depuis trop longtemps, étaient tous passablement nerveux et
pressés d’en découdre. Leur première véritable occasion se présentait enfin, et
tous, depuis Feletheus et son fils Frido jusqu’au plus humble porteur de
bouclier, se jetèrent dans la bagarre la rage au ventre. Avec une rapidité, une
efficacité et un allant louables, ils stoppèrent l’assaut des Gépides côté
nord, et les firent battre en retraite.
    Je me trouvais alors parmi le contingent en train de
traverser le gué et ne pris aucune part au combat ce jour-là. Mais Théodoric et
Ibba étaient déjà sur la rive opposée, et ils prêtèrent aussitôt main-forte à
nos hommes de ce côté-là. En dépit de leurs armures empesées d’eau et de leurs
membres gourds, les Ostrogoths submergèrent bien vite les Gépides par leur nombre
et les repoussèrent avec énergie, les faisant détaler sans tarder. La bataille
tourna court presque aussitôt engagée. Quand on fit le compte des pertes, elles
ne s’élevaient qu’à une centaine de morts et de blessés de part et d’autre,
plus une vingtaine de chevaux. Une fois les Gépides survivants encerclés,
désarmés et capturés, nous apprîmes pourquoi ces gens, qui étaient nos
compatriotes, nous avaient tendu l’embuscade.
    Leur roi Thrausila, avouèrent les prisonniers, ambitionnait
davantage que le pouvoir insignifiant exercé jusque-là. Il aurait pu, comme
Feletheus, choisir de rallier ses guerriers à ceux de Théodoric. Mais il avait
estimé que nulle armée étrangère ne sortirait vainqueur d’un affrontement avec
les légions d’Odoacre et de la Rome éternelle, et il avait résolu de lier son
sort à celui qu’il pensait être le plus fort. Il était bien conscient qu’il ne
pourrait défaire notre armée, mais espérait peut-être la décimer un tant soit
peu et retarder son avancée, s’attirant du même coup les faveurs d’Odoacre,
lequel ne manquerait pas, après son inéluctable victoire, de lui en attribuer
une part des bénéfices. Quoi qu’il en fût, même dans l’hypothèse où l’avenir
démontrerait que les conjectures et la décision de Thrausila avaient été les
bonnes, lui-même ne pourrait ni en récolter les fruits ni même en être informé,
car il fut l’un des deux rois à tomber morts ce jour-là sur le champ de
bataille. L’autre vaillant guerrier était le prétentieux roi des Ruges,
Feletheus.
    Théodoric aurait pu proposer aux guerriers gépides
survivants de se joindre à ses propres forces. Entre étrangers, c’était une
pratique habituelle après les batailles, et qui présentait d’éminents
avantages. Mais il leur dénia cet honneur, car ils avaient tenté de s’opposer à
un objectif voué à bénéficier à tous les Goths, leur peuple compris. Il les
relâcha donc simplement et les renvoya dans leur tribu, leur infligeant ainsi
la double disgrâce d’avoir été désarmés et expulsés. En guise d’adieu, ils
eurent droit à cette méprisante suggestion :
    — Prenez donc quelques épouses supplémentaires parmi
celles de vos camarades morts au combat. Et installez-vous dans le doux et
insipide confort de pères de famille. Vous n’êtes bons à rien d’autre.
    Nos troupes ne s’attardèrent pas à Vadum, juste le temps de
creuser une sépulture pour tous les morts. Les corps des Ruges et des autres
païens tombés au champ d’honneur, comme les Gépides et Ostrogoths de foi
arienne, furent inhumés la tête tournée à l’ouest. C’est une coutume ancestrale
chez tous les peuples germaniques – largement antérieure aux croyances
chrétiennes, qu’elles soient arienne ou catholique – que les défunts
puissent ainsi s’en aller en « regardant le coucher du soleil ».
L’Église aurait bien aimé abolir ce genre de rite solaire typiquement païen,
mais ayant échoué, elle avait préféré décréter hypocritement que les chrétiens
devaient être enterrés les pieds à l’est car c’est « la direction dans
laquelle les chrétiens devront se hâter au jour du Jugement dernier ».
    Tandis que cette inhumation avait lieu, et que nos
chapelains et médecins s’empressaient auprès des blessés, Théodoric nous
rassembla, ses principaux officiers et moi, et nous dit :
    — Les Ruges, nos

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