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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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s’effondrera
sous son propre poids, et alors…
    — Oh vái ! c’est encore pire ! (Le
vieillard se tordit les mains.) Le seul bâtiment en bon état qui subsiste
encore de ce qui fut notre glorieuse Siscia ! Même Attila nous l’avait
laissé. S’il vous plaît, puissant conquérant, étouffez les feux. Nous vous
ouvrirons les portes de la forteresse. Laissez-nous juste nous en rapprocher
suffisamment. Il y a un signal secret que nous pouvons adresser aux gardes
situés à l’intérieur.
    — Je m’en serais douté, répliqua Théodoric, un brin
sarcastique. Mais je vous ai donné votre chance. Et pour ma part, voyez-vous,
je ne reviens pas si aisément sur ma parole. Votre entêtement a contraint nos
hommes à un dur labeur. Je veillerai à ce qu’ils en soient tous récompensés.
Ces femmes, ces jeunes filles, ces enfants dont vous parlez pourraient alors
tous regretter de ne pas avoir été rôtis tout vifs.
    Les vieillards laissèrent alors fuser un concert de akh !
vái ! et autres interjections de désespoir. S’étant consultés
rapidement, ils déléguèrent l’un d’entre eux qui nous déclara :
    — Épargnez notre bâtiment, et nous vous offrirons sans
résistance tout ce qu’il contient, biens et êtres vivants.
    Théodoric leur jeta un long et amer regard.
    — Je suppose que vous n’êtes tous les quatre que les
pères de la ville, et non ceux des personnes actuellement concernées. Il vous
est facile de privilégier la préservation de la cité au détriment de ses
citoyens. Mais qu’avez-vous à proposer en échange ? Que pouvez-vous
m’offrir dont je ne dispose pas déjà ?
    — Dans ce cas accordez-nous cela comme une
faveur ! Ce coffre-fort est la seule chose qui vaut encore à Siscia le nom
de ville.
    — C’est vrai. Et à ce titre, je lui accorde quelque
importance, en effet. Quand l’Empire d’Occident sera entre mes mains, Siscia en
fera partie. Je n’ai pas intérêt à dégrader mes propres possessions. Très bien,
j’accepte votre offre. Le coquillage sera épargné, et nous mangerons ce qu’il
contient. Allez donner votre signal.
    Alors qu’ils s’y rendaient sous bonne escorte, Théodoric
manda un messager :
    — Dis au roi Freidereikhs de faire encercler le
bâtiment. Dès que les portes s’ouvriront, qu’il étouffe les feux, et laisse
tous les hommes sortir du bâtiment sans leur faire le moindre mal. Alors, comme
je le lui ai promis, ses guerriers disposeront à leur guise des personnes
restantes.
    Le Saio Soas grommela :
    — J’approuve ta décision de sauver le bâtiment,
Théodoric. Mais pour ces quatre vieux bonshommes qui ont d’abord fanfaronné
tels des coqs, puis rampé jusqu’à l’humiliation, l’idée que tu les épargnes
m’est insupportable…
    — Je n’en ai pas l’intention. Demande à tous les gens
de la ville, Soas, de se rassembler autour du bâtiment pour qu’ils assistent à
ce qui arrivera dès son ouverture. Ensuite, tu feras une annonce. Explique aux
citoyens en quoi les pères de la cité sont directement responsables de cette
orgie. Je pense qu’alors, tous les autres hommes, pères, époux, frères, sauront
leur infliger le châtiment qu’ils méritent. Leur vengeance sera sans doute bien
plus terrible que tout ce que nous aurions pu imaginer.
     
    *
     
    Quand nous reprîmes la route, abondamment approvisionnés en
vivres grâce au trésor de Siscia, nous n’avançâmes que d’une cinquantaine de
milles vers l’amont avant de tomber sur un nouvel obstacle. Cette fois, il
s’agissait d’une armée de Scires et de Sarmates, au casque conique et à
l’armure d’écailles. Ils n’étaient pas dissimulés pour nous tendre un piège,
mais attendaient notre avant-garde de pied ferme, alignés en ordre de bataille.
Accordons-lui le nom d’armée, en considérant le nombre de cavaliers, entre
quatre et cinq mille. Pourtant, c’était plus exactement un rassemblement confus
et disparate de groupes nomades issus des deux tribus en question, incluant de
nombreux vétérans et autres survivants de précédentes défaites enregistrées
contre les Ostrogoths, qu’il s’agisse de Théodoric à Singidunum, ou avant lui
de son père et de son oncle. Ces peuples avaient deux raisons de nous
affronter. D’une part, leurs fréquentes défaites et leur dispersion en petits
groupes les avaient poussés à adopter l’existence précaire des nomades, aussi
espéraient-ils – comme avant eux les malheureux

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