Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
Gépides du roi
Thrausila – gêner notre avance vers la Vénétie, et de là gagner la
reconnaissance d’Odoacre moyennant quelque domaine, et au moins une marque
d’estime qui leur permettrait d’améliorer un peu leur piètre condition de vagabonds.
D’autre part, nombre d’entre eux ayant encore en mémoire le goût amer de
l’échec, entendaient prendre sur les Ostrogoths une éclatante revanche.
    La suite leur laissa peu de chances d’assouvir leur vengeance,
et moins encore que n’en avait eu Thrausila de nous causer de sérieux dommages
ou de nous retarder. Ce dernier, en effet, avait au moins eu l’avantage d’être
le seul roi dans son camp, et de commander à un corps de Gépides unifié. Mais
ces roitelets épars, plus chefs de tribus qu’autre chose, avaient jalousement
refusé – nous ne tardâmes pas à nous en rendre compte – de céder à
qui que ce soit la moindre parcelle de leur autorité. Leurs troupes agglomérées
ne faisaient preuve ni de stratégie commune pour la bataille, ni d’exercice
partagé des manœuvres. Ceux qui nous faisaient face n’étaient qu’une bande sans
organisation, ne manquant ni de courage ni d’agressivité, certes, mais
incapable d’agir de façon concertée. Et cela creva les yeux dès notre première
escarmouche.
    Quand nos premiers soldats atteignirent le champ au bout
duquel s’était massé l’ennemi, à quelque trois stades de distance [79] ,
nos hommes se déployèrent aussitôt à droite et à gauche, figurant ainsi une
ligne de bataille équivalente à la leur. Les assaillants attendirent, comme le
voulait la coutume, que nos guerriers prennent chacun la place qui lui était
assignée. Nos deux rois et leurs officiers supérieurs, dont j’étais, se
rejoignirent sur une petite butte afin d’appréhender la situation. Au terme
d’un bref examen, Théodoric ordonna à une de nos turma de cavalerie de
lancer en direction de l’ennemi un simple galop de provocation, afin de tester
la réactivité et la résistance de ses lignes. Si les cavaliers adverses avaient
été convenablement manœuvres et commandés, ils auraient dû rester impassibles,
se contenter d’élever leurs boucliers et de baisser les pointes de leurs
lances, tel un hérisson qui se met en boule et gonfle ses épines. Mais ce n’est
pas ce qu’ils firent ; une vingtaine d’entre eux rompirent les rangs pour
foncer en direction de nos provocateurs, qui bien sûr virèrent aussitôt de bord
et revinrent vers nous au triple galop.
    — Regardez-moi ça, siffla Pitzias avec dédain.
Surexcités, sans aucune discipline… Ils ont réagi avant même que nos hommes ne
soient à portée d’insulte !
    — Quels imbéciles ! s’exclama joyeusement
Freidereikhs. Théodoric, je sais que tu ne lanceras pas d’attaque avant que
tous tes cavaliers et fantassins ne soient disposés à ta convenance. Aussi
pendant ce temps-là, permets-moi de lancer mes Ruges sur l’arrière de l’ennemi,
et…
    — Silence, mon garçon, et profite de la leçon, coupa
Théodoric d’un ton bourru mais nullement agressif.
    Puis il tourna le dos au jeune homme afin de donner ses
ordres à Pitzias, Ibba et Herduic, leur enjoignant de disposer leurs centuries,
leurs cohortes et leurs turmae à tel ou tel endroit. Freidereikhs avait
du mal à contenir son impatience, et son cheval piaffait de se sentir tenu à
l’écart, tandis qu’un à un les généraux saluaient et se retiraient. Finalement,
Théodoric se tourna de nouveau vers l’adolescent :
    — Laisse-moi t’expliquer ce que je suis en train de
faire et pourquoi, afin que…
    — Mais j’ai déjà compris, Théodoric ! l’interrompit
le jeune garçon, qui se lança alors dans une irrépressible logorrhée
d’explications. Dès que les généraux auront conduit, déployé puis instruit
leurs troupes et commencé d’avancer, tu lanceras l’assaut principal avec la
cavalerie d’Ibba, dans l’ordre de bataille appelé « la ruée de
sangliers », formation triangulaire employée à l’origine par le dieu Wotan
quand jadis, il vint s’amuser sur Terre sous les traits de Jalk le Tueur Géant,
et observa que les sangliers galopent toujours ainsi dans les bois avec un
coureur en tête, ce qui leur permet de balayer tout autre animal placé par
inadvertance sur leur chemin.
    Le jeune homme suspendit son torrent verbal le temps
d’avaler une goulée d’air, et se lança aussitôt dans une nouvelle avalanche

Weitere Kostenlose Bücher