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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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réparer le préjudice.
Organiser une telle chasse était hors de question, il fallait en priorité
soumettre le reste de la Péninsule avant l’arrivée de l’hiver. Ce processus
prit du temps, mais ne nous demanda pas d’efforts excessifs, la résistance des
villes et des villages s’étant encore amoindrie par rapport à l’année
précédente. Certaines de ces localités, sans même attendre l’arrivée de nos
émissaires chargés de l’habituelle mise en demeure « le tribut ou la
guerre », avaient posté sur notre chemin des plénipotentiaires chargés de
nous accueillir, nous souhaitant la bienvenue et nous présentant leur
reddition.
    À mesure que nous progressions vers le sud de la Péninsule,
nous remarquâmes qu’un grand nombre de villes, qui auraient pu être construites
sur des hauteurs facilement défendables, se trouvaient situées sur un terrain
plat, vulnérable à un assaut ou un siège. Cette constatation nous déconcerta et
nos commentaires allèrent bon train à ce sujet jusqu’à ce que nous en
comprenions la cause. Le vénérable urbis praefectus de l’une de ces
villes, dont j’ai oublié le nom, alors qu’il se rendait à Théodoric, lui avoua
d’un ton douloureux :
    — Si ma pauvre cité avait été perchée sur ces hauteurs
que vous voyez là-bas, nous vous aurions opposé une certaine résistance.
    — Eh bien alors ? interrogea Théodoric. Pourquoi
ici, justement ? Qu’est-ce qui peut bien pousser une ville entière à venir
se placer dans une position aussi désavantageuse ?
    — C’est que, euh… des voleurs ont dérobé l’aqueduc.
L’eau ne pouvant plus être acheminée sur les hauteurs, la ville a dû se replier
ici, au bord de la rivière.
    — Des voleurs ont dérobé l’aqueduc ? Que me
chantes-tu là, vieil homme ? Un aqueduc n’est pas plus amovible qu’un
amphithéâtre !
    — Pas l’aqueduc, ses tuyaux, je veux dire. Ils étaient
en plomb. Les voleurs les ont dérobés pour les revendre au prix du métal.
    Théodoric le regarda, éberlué.
    — Il ne s’agissait quand même pas de maraudeurs
étrangers ?
    — Non, non. Ces brigands étaient des nôtres.
    — Et vous les avez laissés faire ? Ils n’ont quand
même pas pu faire ça en une nuit… des milles entiers de lourds tuyaux de
plomb !
    — Euh, effectivement, oui… Mais voyez-vous, nous sommes
en paix ici, confortablement installés depuis si longtemps… Notre ville n’a pas
assez de cohortes de surveillance pour appréhender ces malandrins. Et Rome, qui
ne semble pas s’en préoccuper, ne nous a envoyé aucun renfort pour résoudre le
problème. D’ailleurs, vous savez… nous ne sommes pas les seuls à avoir été
ainsi spoliés. D’autres cités ont vu leurs aqueducs détruits au fil du temps et
ont dû quitter la sûreté des hauteurs pour de vulnérables terres basses.
    — Voilà donc l’explication, murmura Théodoric.
    Il déclara alors, me rappelant furieusement mon vieux mentor
Wyrd :
    — Par Murtia, déesse de l’indolence, Rome est vraiment
devenue sénile, démunie et impotente ! Il était grand temps que nous
arrivions.

 
29
    Nous campâmes quelques jours à Corfinium [109] , petite
ville de montagne située au carrefour de plusieurs importantes voies romaines,
où Théodoric, après avoir accepté la reddition de la ville, signifia à l’ urbis
praefectus local les règles de la loi martiale à laquelle il devrait se
soumettre, avant de désigner l’habituel double tribunal et de déléguer à la
surveillance de la ville un contingent de cinq contubernia [110] . Nous venions de quitter la ville par la Via Salaria, et je chevauchais en
conversant tranquillement avec Théodoric à l’avant de notre armée, quand un peu
au sud de Corfinium, nous vîmes venir à notre rencontre un convoi beaucoup plus
modeste que le nôtre, une vingtaine de cavaliers escortant une élégante carruca tirée par des mules. Quand chacun se fut arrêté, un vieil homme fort distingué,
aux cheveux blancs et rasé de près, descendit du chariot et nous salua. Ses
sandales rouges et la large bande ceignant sa tunique étaient les signes
indubitables de son rang. Sa prononciation du nom de Théodoric dénotait un
parfait Romain :
    —  Salve, Teodoricus. Je suis le sénateur Festus
et j’aimerais m’entretenir quelques instants avec vous.
    —  Salve, patricius, répondit Théodoric d’un ton
poli, quoique dénué de toute obséquiosité. Pour la première fois

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