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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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qualité qu’un nouveau venu.
    Cependant, à la fois pour aider et surveiller chacun de ces
responsables locaux, Théodoric institua une sorte de tribunal qui, en matière
d’équité et de justice, constituait du jamais-vu chez un peuple conquis. À
chaque degré de l’administration civile, Théodoric installa un judex romain et un maréchal ostrogoth à l’autorité égale. Le judex s’occupait
de toutes les affaires pouvant surgir entre Romains et les jugeait selon les
lois romaines en vigueur. Le maréchal supervisait pour sa part les différends
survenus entre étrangers occupant le pays et tranchait suivant la loi des
Goths. Lorsqu’une transaction ou une dispute opposait un Romain à un Ostrogoth,
les deux magistrats s’efforçaient de trouver un terrain d’entente amiable,
mettant momentanément en corrélation leurs deux corps judiciaires distincts.
Bien qu’initialement prévu pour éviter les frictions entre occupants et
occupés, ce nouveau type de tribunal rendit à tous de si éminents services (y
compris lorsque le nombre d’étrangers se fut grandement accru) qu’il perdura et
se perpétua jusqu’à nos jours.
    Au fil du temps, Théodoric eut bien sûr à éliminer de
nombreux legati, praefecti et judices corrompus ou inadaptés à
leurs charges. La plupart de ceux qui furent limogés avaient obtenu leur poste par
le biais de complaisances amicales, qu’il s’agisse de favoritisme, de
népotisme, ou que ces promotions aient été obtenues en léchant des bottes ou au
moyen de dessous-de-table. Il les remplaça par des Romains ayant démontré leur
habileté, même si certains avaient osé déclarer sans ménagement que, prêts à
servir avec honnêteté et efficacité, ils ne se mettaient pas de gaieté de cœur
au service de l’occupant. Théodoric manifestait ainsi sa préférence pour des
protestataires courageux plutôt que pour de serviles flatteurs. Un seul secteur
fut interdit aux postulants romains : lorsque les forces romaines eurent
été soumises et fondues dans le contingent étranger, il démit tous les tribuns
et ne leur accorda plus aucune fonction militaire significative.
    — Mon souhait, me confia-t-il dans les premiers temps
de l’occupation, c’est de procéder à une équitable répartition des
responsabilités. Que chacun fasse ce qu’il sait faire le mieux et soit
récompensé en fonction de ses mérites. Lorsqu’il s’agit de cultiver la terre et
d’en recueillir les fruits, Romains et Ostrogoths peuvent travailler avec la
même ardeur et être aussi productifs les uns que les autres. Mais lorsqu’il est
question de défendre le territoire ou de maintenir la loi et l’ordre, je fais
davantage confiance à nos compatriotes de nationalité germanique, qui méritent
si bien leur surnom de « barbares amoureux des batailles ». Dans le
passé, les Romains ont su développer les arts et les sciences qui ont tant
contribué à élever la race humaine, aussi je laisserai-je ceux d’aujourd’hui
s’occuper seuls, dans toute la mesure du possible, de ces besognes mineures,
dans l’espoir qu’ils pourront imiter leurs ancêtres, afin d’améliorer à
l’avenir le monde où nous vivons.
    Tous ces efforts trouvèrent plus tard, en grande partie,
leur entier accomplissement, mais comme je l’ai dit, dès les premiers mois sous
la loi martiale, les débuts furent prometteurs. Bien que Mediolanum fut durant
cette période transitoire considérée comme une capitale par Théodoric et son armée,
tout comme par ses nouveaux sujets, il ne se contenta pas d’y régner de façon
statique et de distribuer ses ordres de droite et de gauche à la façon
lointaine et désinvolte de nombre d’empereurs romains avant lui. Durant tout
l’hiver, il arpenta les routes, se rendant d’un bout à l’autre des terres
occupées, veillant personnellement à la sécurité, au confort et à l’accueil
réservé à « son peuple », expression qui dans son esprit englobait
les habitants locaux aussi bien que ses troupes. Où qu’il se trouvât, presque
constamment, il recevait et envoyait simultanément des messagers à cheval, si
bien qu’il gardait un contact étroit avec chaque partie de son domaine et que
rien n’échappait à son attention. Il lui arriva en une circonstance de
réquisitionner le contenu de tous les entrepôts du pays ainsi que les récoltes
qui venaient d’être engrangées, mais ce ne fut pas dans le but de tout
confisquer. Il envoya ses

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