Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
la plus ardente détestation devaient en convenir :
d’une intelligence brillante, aussi astucieuse que calculatrice, il ne faisait
aucun doute que sa main fut derrière un certain nombre de décrets et édits
impériaux publiés par Justinien sous le nom de l’empereur Justin.
    Théodora, consciente du titre d’impératrice qui en
découlerait, aspirait à épouser Justinien. Ce dernier, ardent chrétien
orthodoxe, n’avait pour sa part qu’une envie : légitimer cette union. Mais
une des plus anciennes lois de l’Empire romain interdisait à un noble d’épouser
des mulieres scenicae, libertinae, tabenariae, à savoir les comédiennes,
les prostituées et les filles d’auberge. Les amants désiraient que cette loi
soit abrogée, afin qu’une femme souillée, pourvu qu’elle fît acte de
« glorieuse repentance », puisse retrouver sa pureté initiale, voire
sa virginité virtuelle, ce qui lui permettrait d’épouser le mari de son choix.
Pour que cette loi n’ait pas l’air d’une mascarade, il fallait bien entendu que
le repentir eût l’air crédible. Et qui, hormis l’Église, aurait pu lui donner
un lustre assez « glorieux » ? On comprend dans ces conditions à
quel point Justinien et Théodora faisaient ardemment en sorte de se concilier
les grâces du clergé chrétien.
    Leurs efforts portèrent leurs fruits. L’une des réalisations
les plus louées du règne de Justin fut « l’exploit diplomatique »
consistant à mettre un terme au schisme qui avait séparé durant tant d’années
les Églises de Rome et de Constantinople. Nul doute que cette réconciliation fut
pour les affidés de ces croyances jumelles une action hautement méritoire. Mais
il allait de soi qu’en s’alliant ainsi avec ces deux parties de la chrétienté,
Justin se déclarait de fait hostile à toute autre religion pouvant exister dans
l’Empire, rejet qui incluait donc « l’hérésie arienne ». En d’autres
termes, l’empereur d’Orient était désormais l’adversaire déclaré, sur le plan
religieux, de son homologue gouvernant l’Occident. Cela donna évidemment un
nouvel élan à l’entreprise de dénigrement de l’Église de Rome à l’encontre de
Théodoric.
    Au fil des années, même si la constante malveillance des
religieux à son endroit avait par moments agacé Théodoric, il avait pris le
plus souvent le parti d’en rire. Mais cette implacable résistance de leur part
avait malgré tout fini par engendrer certains désagréments. Elle avait entre
autres gêné cette amicale confraternité qu’aurait aimé installer Théodoric
entre Romains et étrangers, et la symbiose tentée entre les peuples avait
échoué. Les Romains avaient dédaigné reconnaître à leur juste valeur ses
efforts en ce sens ; du coup les Goths, compatriotes du roi, avaient
tendance à grommeler qu’il était bien trop conciliant envers ces ingrats
autochtones. Théodoric n’était pas méfiant de nature, mais il demeura malgré tout
sur ses gardes vis-à-vis d’ennemis potentiels, à l’intérieur comme à
l’extérieur de son royaume. Toute tentative d’invasion d’un monarque étranger
au nom du christianisme, toute révolte de l’intérieur menée par un séide de
l’Église de Rome aurait pu se prévaloir de l’étiquette de « libérateur
chrétien » et, sous ce drapeau, mener le combat contre
« l’hérétique » qui exerçait le pouvoir. Très tôt, pour cette raison,
Théodoric avait démis de leurs fonctions tous les Romains ayant un grade élevé
dans l’armée, avant d’interdire un peu plus tard tout port d’arme à ceux qui
n’étaient pas officiellement soldats.
    Après la rapide défaite des Gépides à Sirmium et la retraite
précipitée des galères de guerre d’Anastase depuis nos ports méridionaux,
aucune attaque sur les terres de Théodoric n’avait été tentée de l’extérieur.
Mais une menace survint là où nul ne l’attendait. J’en eus vent pour la
première fois au moment où un convoi de nouveaux esclaves formés dans mon
académie fut annoncé à Rome, accompagné de leur maître Artémidore en personne.
Celui-ci n’avait encore jamais quitté ma ferme de Novae, aussi sa présence
avait-elle de quoi surprendre. Il n’était plus de première jeunesse et avait
perdu la ligne classique de l’éphèbe grec. Comme beaucoup d’eunuques, il avait forci,
et sa corpulence ne facilitait pas sa capacité à entreprendre de longs voyages.
Pourtant il

Weitere Kostenlose Bücher