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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sans doute avant les rigueurs de l’hiver.
    — Cela semble assez plausible, fis-je, et je secouai la
tête. Si c’est le cas, cela me laisserait le temps d’achever ma quête, et de me
trouver aux côtés de Théodoric quand…
    — Allons, allons. N’avez-vous pas d’autres questions
urgentes à me poser ?
    Je savais où il voulait en venir, mais lui refusai la joie
de m’entendre réclamer des nouvelles du ténébreux Thor. Je lui répondis en revanche :
    —  Ja, j’ai une question de… disons, d’histoire,
ou de théologie… Peu importe, dites-moi… Comme c’est à vous, les Juifs, que
nous devons Jésus…
    Meirus sursauta en arrière et s’exclama : Al lo
davár ! ce que je pris pour une interjection de surprise.
    — … Et comme c’est à Jésus que nous devons le
christianisme, continuai-je, vous allez peut-être pouvoir me confirmer une
chose que l’on m’a apprise récemment. Si j’en crois mes lectures bibliques,
Meirus, vous autres Juifs êtes souvent partis en guerre au nom du judaïsme,
pour tenter de convertir par la force à votre foi d’autres peuples de l’Orient,
n’est-ce pas ?
    —  Akh, c’est vrai, ja. Je citerai à titre
d’exemple les exploits de la famille Makhabai, dont le nom, qui signifie
« marteau », était, comme vous allez le voir, bien mérité. Lorsqu’ils
l’emportaient sur un autre peuple, ils ne leur laissaient même pas le temps
d’accepter de se convertir. Immédiatement, ils faisaient circoncire tous les
hommes.
    — Et il vous est souvent arrivé aussi de vous battre entre
vous, si j’ai bien compris, pour des motifs religieux, non ?
    — Absolument, confirma-t-il. Comme le dit le livre
d’Amos : « Deux hommes marcheraient-ils de conserve s’ils n’étaient
pas d’accord ? » Il n’est que de rappeler la séculaire rivalité qui
opposa, souvent avec violence, les Perushim aux Tsedukim.
    — Tandis que nous autres peuples occidentaux, d’après
ce que l’on m’a dit, quoique souvent en guerre les uns contre les autres, ne
nous sommes jamais opposés pour des motifs religieux…
    — Aux yeux d’un Juif, fit sèchement Meirus, jamais vous
n’avez eu de religion.
    — Ce que je veux dire, c’est que jamais, avant que le
christianisme ne se soit imposé, nous ne nous étions battus pour des raisons
religieuses.
    — Pour les Juifs, vous, les Goyim, n’avez toujours pas
de religion.
    — Écoutez-moi, je vous en prie. Nous autres Européens
n’avons jamais mené de guerre sainte jusqu’à l’établissement du christianisme.
Il est né en Orient, et c’est de là qu’il nous est parvenu. Or en Orient, vous
venez d’en attester, ce genre de guerre sainte est loin d’être une nouveauté.
Et comme Jésus était lui-même un Juif…
    Le Boueux se prit la tête à deux mains et bêla :
    —  Bevakashá ! J’ai souvent entendu insulter
les Juifs pour avoir tué Jésus, mais vous seriez bien le premier à nous accuser
de vous l’avoir infligé !
    — Cependant… ne serait-ce pas là l’héritage que nous a
légué l’Orient ?
    —  Ayin haráh ! Posez-moi des questions
auxquelles je puisse répondre !
    Je secouai la tête.
    — Je n’ai rien d’autre à vous demander.
    Swanilda intervint alors, timidement.
    — Moi, j’en ai une, maître Meirus.
    À l’évidence soulagé, le Boueux se tourna vers elle.
    —  Ja, mon enfant ?
    — Nous nous demandions récemment quelque chose, Thorn
et moi, et il m’a suggéré de m’adresser à vous.
    Meirus s’inclina vers elle dans la pénombre, pour mieux la
regarder. Puis il se pencha dans ma direction, cherchant à croiser mon regard,
et attendit un instant avant de répondre :
    — Demandez, je verrai si je puis vous répondre.
    — J’aimerais savoir… pouvez-vous prévoir… si Thorn et
moi allons nous…
    Elle s’interrompit alors et modifia sa phrase pour la
reformuler.
    — … Si Thorn et moi nous nous chérirons encore
longtemps ?
    Meirus nous accorda à chacun un regard perçant, puis toucha
sa barbe un instant, indécis. Je relançai :
    — Vous ne pouvez rien dire ?
    — J’ai bien deviné une réponse, ja. Mais je ne
vois pas ce qu’elle signifie. Je ne puis rien dire de raisonnable à ce sujet.
J’aimerais mieux ne pas avoir à livrer une réponse sèche et difficile à
interpréter.
    Mais je ne m’en laissai pas conter.
    — Allons, allons, vous n’allez pas nous allécher ainsi
puis nous laisser tomber…
    — Vous

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