Thorn le prédateur
elles ne sont pas là.
Cela ne peut arriver que lorsqu’elle est vraiment entraînée par son partenaire
jusqu’aux débordements de cette euphorique explosion finale qui libère enfin
les sens.
*
Quand Gudinand et moi eûmes épuisé nos capacités physiques
et atteint les limites de notre imagination, lorsque nous nous fûmes vidés l’un
l’autre de toutes nos substances et que je lui eus appris tout ce que je savais
du sujet, la nuit était tombée depuis longtemps. Tandis que nous renfilions nos
habits dans le noir – tâche rendue relativement difficile par notre état
de faiblesse et le tremblement de nos membres – Gudinand me dit et redit
avec ferveur combien il me trouvait splendide, à quel point il avait goûté cet
intense et incroyable moment passé avec moi. Sa reconnaissance était infinie.
J’essayai de lui faire comprendre, avec la même gratitude, mais teintée d’une
virginale modestie, qu’il avait donné autant qu’il avait reçu. J’ajoutai que
j’espérais que nous avions effectivement réussi à le guérir de son « mal
sacré ».
Nous rentrions vers la ville par des chemins différents,
aussi nous nous séparâmes sur un baiser, et je regagnai Constantia sur des
jambes en coton – tout comme lui sans doute. Je me dirigeai immédiatement
vers un des thermes réservés aux dames, où je fus admise sans objection aucune.
Une fois parvenue dans l’ apodyterium, j’eus soin de ne pas dénouer de
mes hanches la bande qui les entourait. Cela ne suscita pas de commentaires
particuliers, de nombreuses autres femmes gardant également l’un de leurs
sous-vêtements. L’une d’elles cachait son pubis, une autre ses seins, et je n’y
vis donc que la plus ordinaire pudeur. D’autres dissimulaient en revanche des
parties tout à fait inoffensives de leur anatomie : un pied, une épaule,
une cuisse… Je ne pus que supposer qu’elles tentaient juste de camoufler une
marque de naissance ou un défaut mineur, à moins que ce ne soit l’empreinte
gênante du suçon ou de la morsure d’un amant. Une partie des esclaves à notre
service étaient des femmes, l’autre était composée d’eunuques, mais tous
étaient visiblement rompus à la discrétion. Lorsque l’on m’oignit d’huile à l’ unctuarium, puis que l’on m’en débarrassa l’épiderme au sudatorium, nul ne fit
la moindre remarque sur l’extraordinaire quantité de saletés incrustées un peu
partout sur mon corps, alors que cela dépassait de loin ce que l’on accumule
normalement en un jour.
Dans la dernière pièce de ces thermes, tandis que je me
plongeais avec volupté dans les eaux chaudes du balineum, j’observais
les autres femmes en train de faire de même. Il y en avait de tous âges et de
toutes tailles, certaines avenantes, d’autres beaucoup moins, et cela allait
des très jeunes filles encore nubiles ou proches de la maturité à d’obèses
matrones ou de vieilles femmes toutes ridées. Je me demandai paresseusement
combien d’entre elles étaient venues, comme moi, pour se remettre d’un badinage
amoureux semblable à celui dont je m’étais délectée.
L’une des baigneuses au moins, dont la langueur et l’abandon
étaient assez comparables aux miens, me parut suffisamment séduisante pour
faire partie de cette catégorie. Elle aurait eu l’âge d’être ma mère, ou même
celle de Gudinand, elle avait de beaux cheveux foncés assortis à de profonds
yeux noirs, et les atteintes du temps semblaient avoir glissé sur ses courbes
harmonieuses, dont elle paraissait assez fière. Même en ce lieu uniquement
peuplé de femmes, elle donnait l’impression de dispenser ses charmes pour une
légion d’amants invisibles, et c’était du reste l’une des seules baigneuses à
nager entièrement nue.
Sans doute appuyai-je un peu trop mon regard sur sa
plastique, car elle me fixa à son tour, puis nagea vers moi avec sinuosité.
Alors que je m’attendais à ce qu’elle me réprimande pour l’avoir reluquée aussi
crûment, elle m’entreprit au contraire avec une plaisante légèreté : oh,
comme c’était agréable de voir enfin une nouvelle frimousse par ici… et ce
bain, n’était-il pas délicieusement excitant pour les sens ? Son nom était
Robeya, et le mien, quel était-il ? Tout en parlant, elle prit ma main et
en couvrit son sein généreux, tandis que de l’autre elle caressait l’un des
miens, nettement plus ténu. Je me récriai face à cette audace
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