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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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des édits qu’il eut à publier : « Qu’il en soit
ainsi ! »

 
35
    Quand je revins à l’armurerie, le custos Ansila mit
dûment en pratique les instructions données par Théodoric, ordonnant à un
certain nombre des apprentis du forgeron d’entamer le découpage, l’assemblage
et la soudure des réservoirs de grains d’avoine. Et dès que le maître forgeron
eut achevé la tâche bien plus exigeante consistant à terminer mon casque,
Ansila me dit :
    — Voyons de quoi vous avez encore besoin. Montrez-moi
votre épée.
    Je la sortis de son fourreau, et l’armurier grimaça de
dédain, constatant qu’il ne s’agissait que d’un gladius romain
ordinaire.
    — As-tu déjà combattu avec cela ?
m’interrogea-t-il. As-tu tué avec ?
    — Oui, une fois. Et ma foi, ça avait diablement bien
marché.
    Je me gardai bien de lui préciser que la victime n’était
alors qu’une vieille femme Hun désarmée. Il grogna :
    — Dans ce cas, garde-la pour cette bataille. Mais tu
réclameras peut-être ensuite une vraie lame gothe au serpent torsadé. Celle-ci
devra être faite à tes mesures, car elle sera adaptée à ton poids, à la
longueur de ton bras et à la taille de ta main, et elle tiendra compte de ta
manière de combattre. Pour l’instant, même si elle est de moindre qualité,
utilise l’épée à laquelle tu es habitué. Et prends aussi un de ces boucliers.
Ceux-ci n’ont pas à tenir compte de la taille des individus. Ils sont tous
identiques.
    J’en soulevai un parmi toute une rangée pendue à un chevron.
Ce n’était pas le large et lourd scutum [128] rectangulaire des Romains, dessiné pour cacher et protéger l’ensemble du corps.
Il était arrondi, fait d’osier densément tressé, hormis sa bosse centrale et
son rebord de fer ; sa taille n’excédait pas le couvercle d’un panier,
celui-ci n’étant destiné qu’à parer les coups de l’adversaire et à détourner
d’éventuels projectiles. Je me saisis de la poignée située derrière sa bosse de
fer creuse, et le remuai dans toutes les directions pour éprouver son
maniement.
    — Maintenant, poursuivit le custos, tu vas
devoir attendre un peu qu’on te fabrique un corselet sur mesure ; sa
confection nécessite un certain temps. L’épais cuir qui le constitue est
d’abord bouilli, puis on l’étale sur le corps tant qu’il est malléable et on le
martèle pour lui donner sa forme définitive. Il est enfin recuit pour acquérir
une dureté proche de celle du fer. Mais pour la bataille qui s’annonce, il t’en
faudra un. Vois donc dans ce tas s’il n’y en a pas un qui fasse l’affaire, en
attendant.
    Je compris aisément d’où venaient ces exemplaires. Tous
étaient assez sales, beaucoup gisaient entaillés, percés de trous ou portaient
des traces de brûlures, et certains étaient encore maculés du sang de leurs
anciens propriétaires. Je vis aussi qu’en plus d’être adaptés au corps des
guerriers, ces corselets avaient été astucieusement modelés de façon à exagérer
la carrure des épaules ainsi que les muscles abdominaux et dorsaux. Mon choix
fut aisé. Étant de taille et de corpulence largement moindres que le plus menu
des Goths, je m’emparai du plus petit modèle que je trouvai, qui était loin
d’être ridicule, et Ansila maintint un instant droites les parties avant et
arrière tandis que je resserrais les lanières latérales les reliant.
    Puis il recula pour m’inspecter des pieds à la tête, un brin
sceptique, et marmonna finalement dans sa barbe :
    — Une vraie noisette dans une coquille de noix.
    Je me trouvais effectivement un peu ridicule avec mon cou
tout fin émergeant d’un torse de cuir musclé comme celui d’un Hercule, et sa
jupe matelassée qui pendait sous mes genoux. Mais sachant que c’était la seule
armure qui pût me convenir, je déclarai :
    — C’est certes un peu ample, mais au moins, mes
mouvements ne sont pas gênés. Ça m’ira très bien.
    Le custos haussa les épaules.
    — Il ne te manquera plus que les lourdes jambières, que
tu pourras te procurer par toi-même. Tiens, le faber a terminé ton casque.
Essaie-le, voir s’il faut y faire des retouches.
    Ce ne fut pas nécessaire. Si lourd qu’il m’ait semblé quand
je le tenais en mains, il ne me pesa plus trop une fois enfilé. Le cuir souple
qui en tapissait l’intérieur procurait une agréable sensation de confort, et
les sangles qui le maintenaient en place se nouaient

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