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Thorn le prédateur

Thorn le prédateur

Titel: Thorn le prédateur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ajouta :
    — Je doute qu’aucun homme ne s’intéresse désormais à
Deidamia. Elle n’est plus très jolie, à présent qu’Aethera l’a défigurée. Elle
s’est acharnée sur elle à coups de flagrum, avec une violence aveugle.
    — Très bien. Je vais faire en sorte qu’elle ait de quoi
réfléchir, demain, face à Deidamia. Écoute-moi, Tilde. Je vais laisser mon
oiseau ici le temps d’aller faire un tour chez Aethera. Toi, tu vas faire le
guet et m’attendre.
    —  Gudisks Himins ! Tu parles à présent
comme un garçon, de façon bien intrépide. Jamais une nonne dévouée n’oserait
pénétrer nuitamment dans les quartiers de…
    — Tu l’as dit toi-même, je ne suis plus cette sœur
disciplinée. Mais n’aie aucune crainte. Simplement, si quelqu’un approche
pendant que je rendrai visite à Sœur Aethera, pousse un bref sifflement d’alerte
et cours te mettre en sécurité. Allez, fais cela pour moi, au nom de Deidamia.
    — Je puis difficilement faire quelque chose pour toi,
vu que tu es un garçon. Et même pour Deidamia, je ne puis m’associer à un crime
odieux ! Que comptes-tu faire ? Attenter à la vie de Mère
Aethera ?
    —  Ne, ne, juste apprendre à cette diabolique
fille d’Halja qu’elle ferait mieux de prendre pour modèle une autre femme. Une
femme qui depuis toujours, s’est illustrée par sa tendresse et son amour pour
les autres.
    Tilde accepta de me suivre jusqu’au trou donnant sur les
appartements d’Aethera, d’où nous entendîmes résonner un puissant et sonore
ronflement, celui d’une vraie femme de paysan. Je m’y introduisis, et mes yeux
s’étant depuis longtemps habitués à l’obscurité, pus approcher sans difficulté
de sa paillasse. Malgré l’intolérable vacarme qu’elle émettait, l’abbesse
dormait du sommeil du juste, ayant apparemment la conscience en repos de qui
n’a rien à se reprocher. Avec une infinie précaution, je tâtonnai aux alentours
de sa gorge, jusqu’à repérer la petite mais lourde fiole de cristal. Elle était
fixée par un épais anneau de cuivre à une lanière de cuir tressée pendue
librement à son cou, mais le nœud qui l’y reliait était aussi rigide que serré.
    Tilde n’ayant donné aucun signe d’alerte, et n’entendant
personne aux alentours, j’en déduisis que j’avais le temps. J’entrepris donc de
ramollir le nœud en l’humidifiant copieusement de salive, et le triturai de mes
doigts insistants jusqu’à ce que la peau de la lanière, gonflée d’humidité,
commence à se détendre. Lorsqu’il eut atteint le degré de souplesse suffisant,
je parvins à défaire ce nœud de mes doigts fins et habiles. Je remarquai qu’il
était d’une extrême complexité, sans doute une invention personnelle de
l’abbesse. Je fis glisser la fiole le long de la lanière, et la laissai tomber
dans le rabat de mon surcot. Puis, je m’ingéniai à reconstituer le nœud tel que
je l’avais trouvé.
    Je me coulai par l’ouverture et rejoignis Tilde, mais
attendis d’être parvenu avec elle dans le grenier pour lui révéler ce que
j’avais fait. Elle hurla presque :
    — Tu as volé la sainte relique ? Le lait pris du
sein de la Vierge ?
    — Silence. Personne ne le saura jamais, à part toi.
Demain matin, le nœud aura séché, et se sera resserré comme avant. Quand Mère
Aethera va se réveiller et constater l’absence de son bien le plus précieux,
voyant que le nœud n’a pas été touché, elle conclura que la fiole a disparu
d’elle-même, hors de toute intervention humaine. J’espère qu’elle croira que
Marie est venue la lui reprendre. Elle comprendra peut-être qu’elle est ainsi
châtiée, et qu’il faut qu’elle change d’attitude. Cela pourrait éviter à Sœur
Deidamia des tourments supplémentaires.
    — Je l’espère, souffla Tilde. Que vas-tu faire de cette
relique ?
    — Je ne sais pas. Je ne possède que peu de choses, tu
sais. Elle pourrait me servir.
    — Je l’espère, répéta Tilde, et elle me sembla sincère.
    Je me penchai prestement et déposai un baiser sur son petit
nez retroussé. Elle se dégagea aussi violemment que si elle avait craint de ma
part le prélude à un viol, mais juste après, éclata d’un rire soulagé, et nous
nous quittâmes bons amis.
     
    *
     
    J’ai dit plus haut que j’avais quitté le Balsan Hrinkhen avec deux objets qui ne m’appartenaient pas. Je les avais désormais avec
moi : le juika-bloth que j’avais capturé

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