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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’éloigner le chariot brinquebalant qu’escortaient les soldats.
    Le corps de Toranius étant le plus grand, ses longs bras dépassaient du chariot, ses mains traînant sur les pavés.
     
    Dans toutes les rues, sur le Forum et le champ de Mars, dans les décombres du temple de Jupiter, on avait enlevé les cadavres et l’odeur de mort était peu à peu remplacée par les parfums du plaisir.
    Les soldats de Mucien faisaient régner l’ordre. Ceux d’Antonius Primus avaient été cantonnés hors de la ville. Lorsqu’ils étaient autorisés à s’y rendre, ce n’était plus pour tuer, mais pour s’agglutiner devant les lupanars et dans les tavernes, où ils payaient avec le fruit de leurs pillages et de leurs crimes.
    J’errai par ces ruelles bruyantes. Je ne réussissais pas à oublier le corps cloué en croix de Toranius. J’interpellai le dieu tout-puissant.
    Qu’as-tu fais, Christos ?
    Pourquoi as-tu laissé supplicier ceux qui t’ont été fidèles ? Veux-tu la mort des tiens afin qu’ils connaissent la résurrection ?
    Je me souvenais des propos de Sénèque un jour que je l’interrogeais sur l’attitude des dieux.
    « Ils sont assis sur les gradins de l’amphithéâtre, m’avait-il dit. Nous sommes leurs gladiateurs. Ils contemplent nos combats. Ils lèvent ou abaissent le pouce selon leur humeur. Voilà les dieux, Serenus. Mais le mystère demeure, car nous ne connaissons ni les règles du combat qu’ils nous imposent, ni la manière dont ils choisissent les vainqueurs. Celui dont nous saluons le triomphe est peut-être celui qu’ils condamnent. Tout reste obscur et incertain, Serenus. Telle est notre condition. »
     
    Lorsqu’un courrier m’eut transmis l’ordre de rejoindre l’armée qui se rassemblait à Césarée et dont l’empereur Vespasien avait confié le commandement en chef à Titus, j’ai eu l’impression qu’une main saisissait la mienne, m’aidait à m’arracher à ce marécage où je m’enlisais.
     
    « L’empereur, m’écrivait Titus, m’a confié la mission de soumettre Jérusalem à la loi de Rome. Il me vante tes mérites. Tu as déjà été pour lui le témoin d’événements qui ont changé le destin de Rome. Tu étais à nos côtés lors de la conquête de la Galilée. Je t’y ai vu combattre avec courage. Et tu es l’ami de Flavius Josèphe et du préfet Tibère Alexandre, qui sont à Césarée dans mon état-major. Je te veux aussi auprès de moi. Tu y gagneras la gloire. Car Rome se souviendra de ceux qui auront soumis cette Jérusalem, plus orgueilleuse que Carthage. »
     
    Ainsi j’ai retrouvé le ciel d’Orient et la terre de Judée.
    Et j’ai marché à nouveau jusqu’à l’extrémité de la jetée qui ferme le port de Césarée.

 
     
22
    À l’extrémité de la jetée de Césarée, je n’ai plus vu la mer lisse dont je me souvenais.
    La surface de l’eau et même l’horizon étaient masqués par des navires si nombreux que parfois leurs coques se heurtaient. Ils attendaient d’entrer dans le port, de s’amarrer à la jetée, d’y débarquer les soldats qu’ils transportaient.
    — C’est la curée, a murmuré Flavius Josèphe que j’avais retrouvé et avec qui j’arpentais la longue jetée, puis les rues encombrées de Césarée.
    Josèphe s’arrêtait souvent. Son visage avait changé. Je n’y retrouvais plus aucune trace de doute ou de désespoir. La colère, peut-être l’amertume mais aussi la détermination le durcissaient. Son menton et ses pommettes saillaient, tout comme ses mâchoires qu’il serrait, ajoutant :
    — Je hais les brigands de Jérusalem, ces fous qui se sont dressés contre Rome, qui ont fait une proie de mon pauvre peuple, des femmes, des enfants, des vieillards, des prêtres, des riches, de tous ceux que la déraison n’a pas aveuglés. Ils se la partagent, cette proie : un peu à toi, Éléazar, et à toi, Simon Bar Gioras, et toi, Jean de Gischala, prends le reste !
    Il pointait le doigt vers moi, puis se tournait.
    Il énumérait les origines des soldats qui passaient et nous lançaient des regards de mépris et de défi. Sans doute reconnaissaient-ils en Flavius Josèphe l’un de ces Juifs qui, bien que citoyens romains, avaient conservé les austères vêtements de leur peuple, une sorte de longue tunique de couleur sombre.
     
    Je contemplais ce défilé de toutes les nations de l’Empire.
    Les fantassins des quatre légions romaines marchaient par six de front. Puis

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