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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les marches du Sanctuaire.
     
    On incendiait. On égorgeait. On pillait dans les souterrains du Temple. On ouvrait les coffres remplis de monnaies dont chaque légionnaire emportait de pleins sacs.
    Jamais les soldats n’avaient mis la main sur un tel butin. Après des mois de combats, le 29 août, il y eut un jour et une nuit où plus rien ne résistait, ni les murs, ni les hautes portes, ni les lieux sacrés, ni la discipline.
    Tout Juif, quel qu’il fût, était égorgé.
    Tout bâtiment, brûlé.
    Personne ne pouvait retenir ces hommes déchaînés et j’ai vu Titus renoncer finalement à les faire obéir.
     
    Je suis entré à sa suite, avec les tribuns, dans le Saint des Saints que les flammes n’avaient pas encore atteint.
    C’était une petite salle carrée, vide, sombre, un abîme sans fond dans lequel j’ai ployé sous le silence, comme si les cris n’avaient pu pénétrer jusque-là.
    Mais cela n’a duré qu’un instant.
    Les hurlements ont déferlé avec la fumée, et nous sommes ressortis.
    Plus rien n’était épargné par les flammes, et le sang ruisselait des cadavres amoncelés.
     
    Titus s’est immobilisé. Il a regardé, droit devant lui, cette ville haute où s’étaient réfugiés les Juifs qui avaient survécu et où déjà les combats reprenaient. Il allait falloir conquérir chaque rue, chaque maison, et les trois tours, celles d’Hippicos, de Phasael et de Mariamne qui protégeaient le palais d’Hérode.
    Et il faudrait massacrer encore.
    Titus a baissé la tête alors que les soldats apportaient les enseignes des légions dans la cour du Temple. Ils avaient accroché à leur taille et à leur cou des sacs contenant les pièces raflées dans les coffres du Temple. Ils titubaient tant ils étaient chargés. Les objets pillés, dont un immense chandelier à sept branches, se trouvaient entassés dans un coin de la cour sous la garde des centurions.
    Brusquement, tous levèrent leur glaive et crièrent « Titus imperator ! », scandant ces deux mots.
    Titus a tendu le bras, salué ses soldats en même temps qu’il leur a montré la ville, le palais d’Hérode, au loin, ces tours qui restaient encore aux mains des rebelles.
    Puis il s’est tourné vers Flavius Josèphe et j’ai vu son visage aux traits creusés, celui non pas d’un général victorieux, mais d’un homme grave et soucieux que les événements emportent plus qu’il ne les provoque et les dirige.
    La tête enfoncée dans les épaules, Flavius Josèphe était voûté, les yeux rivés sur les flammes qui achevaient de consumer le Temple et ses trésors.
    — Ce jour-ci, a-t-il murmuré, est l’anniversaire de celui où Nabuchodonosor, roi de Babylone, détruisit le Temple.
    Sa voix a été recouverte par les acclamations des soldats, leurs cris de « Titus imperator ! ».
    — Dieu décide de la vie et de la mort, a-t-il ajouté quand le silence s’est rétabli et qu’on n’a plus entendu que le crépitement des flammes, le bruit des murs qui s’effondraient.
     
    De ces ruines enveloppées de fumée, j’ai vu tout à coup surgir un groupe de prêtres au visage et aux vêtements maculés.
    Les soldats les poussaient vers Titus en les frappant du plat de leurs lames et de la hampe de leurs javelots. On les avait trouvés dans le Sanctuaire, expliquèrent-ils, réfugiés au faîte de l’un des derniers murs encore debout. Les flammes les en avaient chassés.
    Les prêtres avaient reconnu Flavius Josèphe et le suppliaient du regard.
    Titus s’est avancé, s’est placé entre les prêtres et lui.
    — Le temps du pardon est passé, a-t-il décrété.
    Il a montré les flammes, les décombres du Sanctuaire.
    — Le Temple, votre Temple a été détruit. Vous étiez ses prêtres. Pourquoi voudriez-vous survivre à sa mort, vous qui n’avez pas su le préserver ?
    Il a fait un geste, bras tendu, pouce baissé, et les soldats ont entraîné les prêtres.
    J’ai vu le sang jaillir de leurs gorges, leurs corps décapités tressaillir sur les dalles.
    Titus a longuement regardé Flavius Josèphe, qui a baissé la tête.
    Les dieux n’étaient pas seuls à décider de la vie et de la mort.

 
     
32
    J’ai pourtant cru, l’espace de quelques heures, que les dieux et Titus, les zélotes et les sicaires avaient renoncé à déchaîner la mort sur les dizaines de milliers de Juifs qui s’étaient réfugiés dans la ville haute, de l’autre côté de la Xyste, cette rivière qui partage

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