Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
Vom Netzwerk:
l’économie d’un nouveau système d’alarme plus performant. Faites dare-dare voter un crédit exceptionnel par votre conseil municipal sinon aucune compagnie d’assurances ne couvrira cette exposition.
    — Vous avez raison, je vais provoquer dès ce soir une réunion extraordinaire du conseil municipal.
    Et Dorléac de s’échapper aussitôt pour mettre à exécution la proposition de Séraphin.
    Théo, qui avait assisté en silence à l’échange, s’approcha de son supérieur et prit son air canaille :
    — Bien joué, patron ! L’État vous en saura gré. Vous allez faire payer par le contribuable albigeois un nouveau système de protection, prétendument inviolable, qui aurait mérité une petite subvention de la rue de Valois 1 .
    — Vous comprenez vite, Théo. Je vous promets une belle carrière à condition que… vous ne prêtiez pas trop souvent main-forte au diable !
    — Dois-je donc refuser de vous aider ?
    Et les deux représentants de l’État providence de rire comme des bossus dans les jardins tracés au cordeau du palais de la Berbie.
    Plus que jamais complices, Cantarel et Trélissac n’avaient pas une seconde à perdre. Coustot était déjà à leurs trousses et Albert Simon, « l’homme à la voix de casserole fêlée », annonçait sur Europe 1 une météo des plus contrastées dans le Sud-Ouest avec d’« importants risques d’orages en Ardèche et dans les gorges du Tarn ».
    1 - Siège du ministère de la Culture. ( N.d.A. )

3
    47, rue du Puits-Vert.
    Dorléac en personne avait fourni à Théo l’adresse exacte du domicile de Paul Dupuy. C’était une rue sombre du Vieil-Albi où s’enchevêtraient maisons à colombages, quelques jardins de curé et des bâtiments modernes du plus mauvais effet. La rue tirait son nom d’un puits, aujourd’hui comblé, dont l’eau était, disait-on, toujours tapissée de lentilles et habitée de salamandres.
    On prêtait à cette eau croupie quelques vertus médicinales, voire miraculeuses, à commencer par celle de vaincre toutes formes de stérilité. Jamais cependant on n’avait vu femme, ou homme, se baigner dans cette eau aussi épaisse que répugnante.
    Théo avait recueilli cette histoire dans une petite monographie imprimée sur du mauvais papier, vendue trois francs à l’office de tourisme de la ville. Ponctués de clichés en noir et blanc, les textes étaient assez fantaisistes, rédigés dans un style scolaire et, somme toute, assez puérils. Heureusement que Séraphin Cantarel n’était pas tombé sur ce document faussement historique, sinon il en aurait fait le reproche au conservateur du musée Toulouse-Lautrec ! Le malheureux avait, il est vrai, bien d’autres chats à fouetter…
    Précisément, c’était une chatte au poil roux qui montait la garde sur le seuil de la modeste maison de Paul Dupuy. Une grille rouillée barrait l’entrée d’un petit jardin où des lilas blancs disputaient à des rosiers grimpants et à la passiflore une pergola brinquebalante.
    Des herbes folles couraient dans ce coin de verdure prisonnier de l’ombre de deux immenses maisons. La grille était verrouillée. Qu’importe. Avec une souplesse toute féline, Théo chevaucha le portillon et sauta au milieu d’un tapis de crocus sauvages. La rue était déserte et, manifestement, personne n’avait été témoin de cette violation de domicile.
    Les persiennes étaient crochetées de l’intérieur. Trélissac s’approcha de la porte d’entrée à la peinture tout écaillée, actionna le heurtoir à trois reprises, mais seul le silence semblait régner en maître dans cette masure. Sur le pas de la porte, il y avait une assiette ébréchée qui devait servir d’écuelle pour le matou. Elle était vide de toute nourriture. Plus loin, un transat à la toile fanée tendait les bras à un propriétaire qui, à l’évidence, avait déserté la place.
    L’assistant de Cantarel tenta de forcer l’ouverture d’un volet, mais la maison paraissait barricadée. Théo renonça à toute intrusion. À cette heure du jour, c’était bien trop risqué. Le garçon rebroussa donc chemin. Cependant, avant d’enjamber le petit portail, il jeta un œil sur la boîte aux lettres en fer-blanc fixée à la grille. Deux missives émergeaient de la fente. L’une était un relevé de CCP contenu dans une enveloppe bistre, l’autre une correspondance classique dont l’adresse avait été frappée avec une vieille machine à écrire tant

Weitere Kostenlose Bücher