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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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après-midi.
    — Ne vous inquiétez pas, mon garçon !
    Ils quittèrent l’hostellerie Rieux avant qu’une éclaircie n’incendie à nouveau les vieux toits d’Albi.
    À l’entrée du palais de la Berbie, juste devant la loge de feu Labatut, Cantarel et Trélissac tombèrent nez à nez avec Dorléac, le pas pressé, mais le visage nettement plus serein que la veille.
    — Cher confrère, je peux vous rassurer : j’ai eu ce matin au téléphone le conservateur de Marmottan. Il est revenu sur sa décision. Je lui ai dit que la sécurité du musée avait été renforcée et qu’un nouveau système d’alarme serait installé dans moins d’une semaine.
    — Justement, j’ai obtenu du conseil municipal, hier soir, une subvention exceptionnelle qui devrait couvrir le nouvel investissement.
    — Votre capacité à convaincre fera de vous, j’en suis sûr, le prochain maire d’Albi !
    Jean Dorléac haussa les épaules.
    — Que Dieu m’épargne cet honneur ! Comment puis-je vous remercier, cher ami, de votre intervention ?
    — Tout cela me paraît assez naturel… répondit Séraphin, qui en profita pour glisser à l’oreille de Dorléac le montant de la dotation arrachée de haute lutte auprès de la rue de Valois pour « modernisation des installations du système de protection des œuvres du musée Lautrec ».
    Une enveloppe au montant dérisoire, mais le Centre Pompidou et le musée Picasso avaient eu raison des largesses de l’État.
    Le conservateur d’Albi se confondit une nouvelle fois en remerciements et s’apprêtait à regagner son bureau quand Mlle Combarieu hurla de sa fenêtre du second étage :
    — Monsieur Cantarel, on vous demande au téléphone !
    Séraphin ne prisait guère ces coups de fil intempestifs. Il fut rassuré quand la vieille fille crut bon de préciser :
    — … C’est Mme votre épouse au téléphone !
    Dorléac afficha un petit sourire entendu que relaya à sa manière Théo.
    Comme pour s’excuser de cet aparté extraprofessionnel, Cantarel se justifia avec un trait d’humour :
    — Ma femme est archéologue. Plus je vieillis, plus elle s’intéresse à moi !

5
    Bateaux dans le port de Honfleur (1917), Le Pont japonais à Giverny (1923), La Cabane du douanier à Varengeville (1897), La Cathédrale de Rouen (1894), Champ d’iris à Giverny (1887), Champ de tulipes en Hollande (1886), Portrait de Poly, pêcheur à Belle-Isle (1886), La Plage d’Étretat (1883), Le Pont de l’Europe, gare Saint-Lazare (1877), Train dans la neige (1875), Le Port du Havre sous la brume (1872), Les Nymphéas, La Maison de Giverny sous les roses (1922)… Les œuvres de Claude Monet défilaient sous les yeux clairs, et toujours enclins à s’émerveiller, de Jean Dorléac.
    Le catalogue Monet à Albi était enfin prêt. Dans un mois, toutes ces toiles seraient sous les voûtes du palais de la Berbie. Ce serait la plus belle et la plus retentissante exposition jamais organisée au musée Toulouse-Lautrec. Dorléac en concevait une certaine fierté, entachée néanmoins par la disparition des deux Lautrec dont se repaissait la presse nationale. Le Figaro avait en effet dépêché à Albi son spécialiste des arts alors qu’un reporter de Radio Monte-Carlo croyait savoir que la paire de tableaux était déjà en Italie… Les spéculations les plus fumeuses couraient dans les rédactions et le conservateur albigeois en était réduit à cette explication laconique : « L’enquête suit son cours. J’ai toutes les raisons de faire confiance à la police. Dans quelques semaines, les deux tableaux recouvreront leur place dans notre musée, j’en suis convaincu. »
    Cantarel ne partageait pas le même optimisme et Fernand Coustot ne se révélait guère plus loquace sur les avancées de ses investigations.
    De son stylo plume, Dorléac biffa une légende qu’il remplaça par une phrase plus courte et tout aussi explicite. L’ancien journaliste n’avait jamais été aussi pointilleux que depuis qu’il s’était mis en réserve de la république de l’information écrite.
    Il décrocha son téléphone pour signifier à Mlle Combarieu que les épreuves du catalogue étaient définitivement corrigées. Elle pouvait donc les envoyer à l’imprimeur de Neuchâtel, grand spécialiste de la reproduction sur papier des plus grands chefs-d’œuvre de la peinture.
    — Ah, monsieur le conservateur, Mme Labatut est dans mon bureau, elle demande à vous voir.

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