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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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s’était rachetée en le dotant d’un attribut viril hors norme. Le petit Paul pouvait-il prétendre à un organe aussi développé ? La réponse, en tout cas, ne se lisait pas parmi les rares correspondances (essentiellement des cartes postales) sur lesquelles Coustot et ses collaborateurs avaient mis la main.
    Le panthéon de Petit Paul se limitait à quelques acteurs de cinéma au physique avantageux dont les portraits avaient été découpés dans Cinémonde, Paris Match ou Jours de France . L’album photographique n’était guère riche, aucune lettre d’amour ne figurait dans le petit secrétaire fermé à clef dont l’assistant de Coustot avait cru bon de forcer la serrure.
    — Je suis sûr qu’il y a des lettres cochonnes dans ce meuble de gonzesse ! pestait le jeune policier fébrile.
    Dans le tiroir de la table de nuit, le commissaire avait dégoté un flacon sur lequel était écrit à la main « 2 gouttes chaque soir, dans chaque oreille », une gourmette en argent massif avec un prénom gravé en italique : Jean-Jacques et, au dos, une date de naissance : 6 août 1947. Coincée au fond du tiroir, une carte de visite au nom d’un magasin d’antiquités de Port-Vendres : Le Grenier du voyageur .
    Puis un fatras de papiers jaunis, une paire de boutons de manchette, une vieille montre Kelton, des factures d’hôtels à Saint-Jean-de-Luz, Royan, Collioure, un ticket du musée du Louvre, un titre de transport SNCF Albi-Bordeaux, une note de restaurant, rue Sainte-Anne à Paris, et une pochette d’allumettes siglée au nom d’une boîte de nuit toulousaine : La Cochinchine , rue de la Pomme. Au dos était griffonné un numéro de téléphone. Le commissaire glissa quelques-uns de ces vieux papiers dans une grande enveloppe et demanda à ses adjoints de replonger la maison dans la pénombre. Les volets claquèrent, la lourde porte grinça, les plantes d’intérieur étaient condamnées à une mort certaine.
    Dans le jardin, des herbes folles s’étaient emparées des petites allées où le gravier s’était fait rare, seuls des iris mauves mettaient une note gaie dans ce décor abandonné.
    Réflexe de limier, Coustot releva le courrier. Que des factures et un bulletin d’abonnement à La Croix du Midi  !
    L’inspecteur quitta la rue du Puits-Vert dépité, abandonnant ses acolytes à leurs commentaires graveleux sur quelques revues culturistes américaines débusquées dans un placard où l’on voyait des hommes en string prendre des postures de gladiateurs ridicules. Les deux enquêteurs riaient bêtement comme deux bidasses ayant abandonné leur pucelage dans un hôtel borgne.
     
    Quand Théo reconnut la silhouette de son patron nouée à celle d’une femme qui avait toutes les apparences d’Hélène Cantarel, le jeune homme ne put s’empêcher d’exprimer son soulagement. Le taxi venait de déposer le couple devant l’entrée du musée. Hélène rayonnait de satisfaction. Les petits malheurs de son mari lui valaient cette visite impromptue à Albi. Il y avait si longtemps que l’archéologue n’avait pas foulé les terres d’Occitanie ! Et puis, cette cathédrale Sainte-Cécile, quelle porte magnifique sur le Paradis et plus encore sur l’Enfer !
    Ainsi Séraphin s’était-il levé aux aurores pour aller accueillir sa femme en gare d’Albi. Le train de nuit avait eu du retard – décidément Dorléac avait raison ! – et Cantarel avait dû poireauter au buffet de la gare devant des tasses au café insipide et des croissants caoutchouteux. Le plaisir des retrouvailles entre Hélène et son mari s’en trouva décuplé.
    Spontanée et naturelle, Mme Cantarel embrassa Théo comme elle le faisait depuis que le jeune garçon, promu aux côtés de son mari, était devenu un complice, presque un membre de la famille. Cependant, le vouvoiement restait de mise entre eux.
    — Je suis heureuse de vous voir, Théo ! L’air du Sud-Ouest semble vous réussir. C’est vrai que vous êtes un peu chez vous…
    — Non, madame, si vous mettez l’Albigeois et le Limousin dans le même sac de pommes, on ne sera pas d’accord ! répliqua Trélissac d’un air faussement outré.
    — Pardon, Théo, je ne voulais pas vous offenser. En tout cas, vous avez bonne mine !
    Séraphin assistait à ces amabilités d’un œil goguenard. Toutefois, la réalité reprit très vite le dessus et Trélissac se renfrogna :
    — Depuis ce matin, je vous cherche partout. Quand je dis

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