Toute l’histoire du monde
éclair » par la victoire rapide des Grecs, Serbes et Bulgares contre les Turcs en 1913. Le traité de Londres, de la même année, chassa les Ottomans d’Europe à l’exception de Constantinople. Cela ne faisait pas l’affaire des Allemands, alliés de l’empire turc : ils encouragèrent les Bulgares, mécontents du traité, à se retourner contre leurs alliés. La Bulgarie fut battue, et cette guerre permit aux Ottomans de récupérer Andrinople et à l’Allemagne de s’implanter davantage encore dans l’empire turc.
Le 28 juin 1914, l’archiduc d’Autriche fut assassiné avec sa femme en Bosnie, à Sarajevo, par un jeune nationaliste serbe bosniaque. Le gouvernement serbe n’y était probablement pour rien, mais l’Autriche-Hongrie sauta sur l’occasion d’éliminer le slavisme qui compromettait la solidité de l’empire.
Le gouvernement de Vienne remit à celui de Belgrade un ultimatum, le 23 juillet, comportant une clause inacceptable (participation de l’Autriche à l’enquête menée en Serbie). Sur son refus, l’Autriche déclara la guerre à la Serbie le 28 juillet.
Cela aurait pu rester un conflit balkanique local sans l’inconscience de Guillaume II et de son grand état-major, convaincus qu’il leur fallait profiter des circonstances pour éliminer la France. Ils croyaient que, comme en 1870, la France serait isolée.
Or, nous avons vu que, depuis Napoléon III, la France avait changé d’ennemi héréditaire. Inquiètes de l’expansion germanique, l’Angleterre et la France s’étaient rapprochées dans l’« Entente cordiale » depuis 1904. De plus, l’empire des tsars, protecteur naturel de l’orthodoxie, ne pouvait se désintéresser du sort de la Serbie.
La Russie mobilisa le 29 juillet, entraînant la mobilisation très organisée de la puissante et moderne armée allemande le 1 er août. Par précaution, la France mobilisa aussi. Le 3 août, Paris reçut la déclaration de guerre de l’Allemagne. Comme Berlin avait déjà violé – en application du plan Schlieffen – la neutralité de la Belgique, la Grande-Bretagne réagit en déclarant, à la surprise de Guillaume II, la guerre à l’Allemagne…
La Première Guerre mondiale avait commencé, enclenchée par l’irresponsabilité et la présomption de Moltke et de Guillaume II.
Ce sera la fin du xdc c siècle. Une aventure effroyable dans laquelle les espoirs pacifistes vont sombrer. L’assassinat du socialiste Jean Jaurès le 31 juillet, à la veille du conflit, n’empêcha pas les ouvriers français d’accepter avec enthousiasme la mobilisation, malgré les illusions de l’Internationale. Les ouvriers allemands en firent autant. Nous qui connaissons l’étendue du massacre, nous pouvons juger cette attitude absurde. Mais la République avait-elle le choix ?
Une seconde défaite de la France en cinquante ans aurait rayé celle-ci de la carte du monde. Si un homme d’État aussi avisé que Bismarck s’était laissé aller à vouloir l’annexion de l’Alsace-Lorraine, on peut juger des exigences qu’auraient eues ces nains politiques que furent Guillaume II et Moltke.
La Grande Guerre
La guerre fut essentiellement européenne : d’un côté, la France et l’Angleterre, rejointes en 1915 par l’Italie ; de l’autre, l’Allemagne et ses vassaux autrichiens, turcs et bulgares, entre lesquels la liaison fut établie après l’écrasement sanglant de la Serbie. Une diagonale mer Baltique/golfe Persique – fut ainsi établie par les « Empires centraux », impliquant le Proche-Orient et séparant du nord-ouest au sud-est les Occidentaux de leur allié russe.
La guerre n’eut de répercussions ailleurs qu’à cause des colonies allemandes (rapidement occupées par les Occidentaux, à l’exception de l’Est africain où le général allemand von Lettow batailla jusqu’au-delà de l’armistice) et à cause de la participation, tardive, des États-Unis.
Nous préférons donc la nommer « Grande Guerre » plutôt que « Première Guerre mondiale » ; en effet, de nombreux pays – Japon, Amérique latine – furent seulement de virtuels belligérants. L’expression aujourd’hui à la mode de « guerre civile européenne » est également erronée. Une guerre civile, la plus terrible forme de guerre, oppose les gens d’une même communauté ; elle sépare les fils des pères, et les frères entre eux. La haine y est personnelle.
Les Européens de 1914 n’appartenaient
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