Toute l’histoire du monde
Allemagne -, la Russie n’étant qu’une base de départ provisoire et hasardeuse. À cet effet, Lénine créa la Troisième Internationale en mars 1919, le « Komintern ».
Partout dans le monde, il y eut scission, dans le socialisme, entre démocrates et autoritaires. En France, ce schisme se produisit au sein de la SFIO, au congrès de Tours, qui vit naître le Parti communiste français en 1920.
Ni en Angleterre ni en France, le communisme ne connut de succès. La France victorieuse était réfractaire à l’appel de Lénine. Il faudra attendre les événements de la Seconde Guerre mondiale pour que les communistes y deviennent puissants. Il n’y eut même pas de tentative de coup d’État. On ne refait pas la Commune de Paris. Cependant, une vague révolutionnaire balaya bien le reste du monde.
En Allemagne d’abord, patrie de Karl Marx, les communistes, appelés « spartakistes » guidés par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, s’insurgèrent et prirent le contrôle de Berlin au début de 1919. Au même moment, à Munich, à la chute des princes bavarois, Kurt Eisner proclama la république des Conseils (Soviets). À la suite de l’effondrement de l’empire des Habsbourg, Bela Kun instaura en mars 1919 à Budapest la « dictature du prolétariat » chère à Lénine.
Le communisme fut une religion. Une religion, c’est ce pour quoi on donne sa vie. La foi en Dieu n’est pas nécessaire. Il y eut en France, chez les « poilus », une religion de la Patrie. Or, des millions d’hommes ont donné leur vie pour l’espérance communiste, d’ailleurs parfaitement adaptée (ce que Lénine n’avait pas prévu) au fond mystique orthodoxe : Marx, Lénine et Staline faisant figure de Sainte Trinité, et Moscou restant la « troisième Rome » – elle redevint d’ailleurs la capitale russe avec les Soviets.
Mais ni l’armée allemande ni même l’armée autrichienne n’étaient comparables à l’armée des tsars, dissoute dans l’anarchie. Malgré leurs défaites, elles étaient intactes. Les régiments, aux ordres des généraux conservateurs, écrasèrent donc les révoltes à Berlin. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht furent assassinés (ainsi que Kurt Eisner à Munich). À Budapest, l’amiral Horthy chassa Bela Kun. L’Armée rouge essaya bien de conquérir la Pologne (préservée du communisme par son catholicisme), mais cette fois les Français réagirent et aidèrent efficacement le général Pilsudski (la mission française, commandée par Weygand, comprenait un officier du nom de De Gaulle) à repousser les Soviets.
En Chine, Sun Yat-sen avait proclamé la République dès 1912. Après une courte restauration impériale. Tchang Kaïchek, qui fit son apprentissage politique dans le Moscou des Soviets, le remplaça sur un fond d’insurrections révolutionnaires racontées par Malraux dans Les Conquérants. Tchang, cédant aux sirènes occidentales, accepta ensuite de massacrer les communistes à Shanghai (tragédie qui fait le fond du roman de Malraux La Condition humaine). Mais le chef du Kuo-ming-tang fut d’abord fortement influencé par Moscou. Si le communisme de Rosa Luxemburg, de Karl Liebknecht et de Bela Kun est indiscuté, celui de Tchang Kaïchek est aujourd’hui occulté parce que nous savons comment il a tourné.
Il est d’autres parentés qu’il paraît aujourd’hui sacrilège de rappeler.
En Italie, Benito Mussolini (1885-1945) a bien été un chef socialiste, directeur du journal Avanti. Si son patriotisme le dressa contre les Allemands (contrairement à Lénine), le parti « fasciste », qui s’empara du pouvoir en 1922, s’inspirait encore beaucoup du modèle léniniste. Malaparte, intellectuel italien partisan du « Duce » à ses débuts, admirait Lénine. Mussolini eut l’intelligence de laisser un rôle formel au roi et surtout de ne pas toucher au pape, le véritable souverain du pays (contrairement encore à Lénine, qui tomba dans les excès de la persécution antichrétienne), mais il gardait des idées sociales. À l’époque, il n’était pas antisémite : il soutenait le sionisme. Sa maîtresse, Margherita Sarfati, la femme de sa vie, était une intellectuelle juive de Venise. Il était aussi totalement athée. Bien sûr, nous connaissons la suite : l’assassinat du député socialiste Matteotti en 1924, l’opposition communiste… Mais si le Duce n’avait pas fait alliance avec le diable hitlérien, il serait mort dans son lit
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