Toute l’histoire du monde
alors que l’idéologie communiste existait. Il en utilisa la foi. Précisément, Mao Tsé-toung et le PC venaient de s’emparer du pouvoir en Chine, Tchang Kaïchek et le Kuo-min-tang s’étant enfuis à Taiwan, actuellement toujours séparée de la Chine.
Commença alors la guerre de Corée. À l’armistice, la Corée avait été partagée en deux États : celui, communiste, du Nord et celui, pro-américain, du Sud. Les
Coréens du Nord envahirent le Sud le 25 juin 1950. Les Américains envoyèrent des troupes sous le drapeau de l’ONU et le commandement de Mac Arthur (il y eut un contingent français). Ils furent balayés. Mac Arthur effectua un débarquement aéronaval sur les arrières, à Séoul, et ce fut au tour des Nord-Coréens de reculer. L’armée chinoise intervint. Arrivé à la frontière de la Chine, Mac Arthur voulut « nuker » la Chine, c’est-à-dire lui envoyer la bombe atomique.
Par bonheur pour la paix mondiale, Eisenhower (l’organisateur du débarquement de Normandie) venait d’être élu président des États-Unis (1952). Ike ne voulait pas d’une guerre atomique : il limogea donc le glorieux vainqueur du Pacifique. En Amérique, le pouvoir civil commande. Le front finit par se stabiliser à la frontière des deux Corées, qui aujourd’hui se regardent toujours en chiens de faïence.
Ce premier conflit local de la guerre froide fut très violent. Jamais un GI n’y rencontra un soldat russe, mais l’Amérique fut quand même aux prises avec la Chine communiste – ce qui n’est pas rien. Les Américains eurent 34 000 morts, les Nord-Coréens et les Chinois des centaines de milliers. L’armée américaine était encore celle de la Seconde Guerre mondiale et le Japon, directement menacé, représentait pour les États-Unis un enjeu capital.
Sur ces entrefaites, Joseph Staline mourut, à soixante-quatorze ans, d’une congestion cérébrale. Ses successeurs (Malenkov, Boulganine) se montrèrent plus prudents.
La guerre froide devint concurrence. Le 4 octobre 1957, l’URSS envoya dans l’espace le Spoutnik. Les Américains en furent stupéfaits et inquiets. Le Spoutnik
signifiait aussi que les Soviets pouvaient potentiellement frapper les États-Unis chez eux. Dès son élection en 1960, le président Kennedy releva le défi et les Américains débarquèrent sur la Lune en 1969. L’URSS s’étant écroulée depuis, le moteur de la conquête spatiale tourne moins vite. Si la guerre froide avait continué, les Américains seraient déjà sur Mars !
Cependant, les pays de l’Est s’agitaient. Le communisme leur avait été imposé par l’Armée rouge. Malgré – ou à cause de – la « déstalinisation » entreprise par Khrouchtchev (c’est quand elle devient « libérale » qu’une dictature est contestée), Budapest se révolta en octobre 1956. Les chars soviétiques écrasèrent l’insurrection. Le bilan de la répression fut effarant : des milliers de morts. En vertu du pacte tacite de la guerre froide, les Américains ne levèrent pas le petit doigt.
L’année 1958 marqua des changements. En France, la Quatrième République s’étant montrée incapable de régler le problème algérien, de Gaulle fut appelé au pouvoir par l’Assemblée. Il fonda la Cinquième République, qui réussit à concilier, un temps, un exécutif fort avec la démocratie française. De Gaulle, évidemment non communiste, n’avait pas peur des rouges, qu’il avait côtoyés et jaugés pendant la Résistance. Il voulait que la France ait une politique indépendante. Pour cela, il lui fallait utiliser l’URSS comme contrepoids aux États-Unis. Aux États-Unis, un président démocrate fut élu en 1960 : John Fitzgerald Kennedy (le premier président catholique), partisan de la « détente » avec la Russie.
En Chine, Mao Tsé-toung, révolté par l’attitude russe pendant la guerre de Corée, voulait la même chose. De Gaulle reconnut le régime chinois, au grand scandale des bien-pensants. La guerre froide perdit de son ressort, chaque camp ayant désormais sa dissidence : l’Amérique, la France gaulliste qui se dota d’un armement nucléaire, et l’URSS, la Chine maoïste qui en fit autant. Bientôt exista une sorte d’alliance de revers américano-chinoise, tacite mais intéressante. Les affrontements de Corée étaient oubliés en vertu du principe : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. »
La guerre froide connut cependant un dernier orage :
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