Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
Vom Netzwerk:
perverse de la cause défendue en rend impossible la célébration. Les soldats allemands sont morts deux fois : à la guerre et dans la mémoire de leurs fils.
    La première question est celle de la Shoah. Comment cette horreur indicible fut-elle possible ? Les camps de « concentration » ne sont pas une invention allemande : les Anglais les employèrent contre les Bœrs, le Goulag est connu. Mais les camps d’« extermination » sont spécifiques de l’hitlérisme. Certes, il n’y passa pas que des juifs. Beaucoup de résistants y moururent, mais les juifs (et les Tsiganes) y subirent un « traitement spécial » : sur 9 millions de victimes, 6 millions sont juives… La plupart des autres périrent de mauvais traitements et de manque de nourriture. Les chambres à gaz n’ont pas été construites pour les déportés « normaux » ; elles ont fonctionné pour les « raciaux ».
    Les nazis avaient essayé de pratiquer l’extermination des handicapés avant guerre. Ils avaient dû y renoncer sous la pression des Églises. Mais le délire d’Adolf Hitler trouva dans l’état de guerre un paravent commode. Dès janvier 1939, il affirmait dans un discours « qu’une guerre signifierait la destruction physique des juifs ». La décision d’apporter au « problème » juif une « solution finale » fut prise le 20 janvier 1942 lors de la conférence secrète de Wannsee. Les massacres commencèrent immédiatement.
    Les Alliés étaient-ils au courant ? Ils ont su par de multiples canaux : réfugiés juifs pour les États-Unis, clergé catholique pour le Vatican. Mais ils n’ont pas voulu y croire : c’était trop horrible… D’ailleurs, c’était pour eux une question secondaire. Roosevelt disait : « Je ne fais pas la guerre des juifs », et Pie XII songeait d’abord à la sécurité des catholiques allemands. Pour les Alliés, la victoire était prioritaire. À l’exception des sionistes de l’Europe de l’Est, les résistants juifs se sont pensés d’abord comme résistants français ; et les GI ashkénazes de Brooklyn, comme soldats américains. De Gaulle, tenu volontairement à l’écart des grandes affaires, a su les persécutions antijuives, mais pas les exterminations. Les dirigeants juifs du Yichouv de Palestine eux-mêmes les ont sous-estimées.
    L’Histoire a connu de nombreux massacres, mais jamais de massacre industriel comme l’Holocauste. Loin d’être un détail (c’en fut un du point de vue strictement militaire), les chambres à gaz furent la signature morale de l’horreur nazie. Or la guerre n’est pas seulement de « la politique par d’autres moyens » (dixit Clausewitz), c’est aussi de la morale (dixit de Gaulle).
    La seconde question qu’il faut poser est celle d’Hiroshima. Le 6 août 1945, le président Truman, qui avait succédé par le jeu de la vice-présidence à Roosevelt mort de maladie le 12 avril, fit larguer une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima, suivie d’une autre, trois jours après, sur Nagasaki. (La première explosion expérimentale ayant eu lieu dans le désert du Nevada.) Arme terrifiante mise au point par les physiciens du monde entier, dont Einstein.
    Était-ce justifiable ? En faveur de la décision de Truman, on doit constater que, contrairement à l’Allemagne nazie, le Japon impérial était encore puissant et ses combattants si acharnés que les « marines » mirent du temps à savoir les affronter. L’île d’Okinawa n’avait pu être conquise qu’au prix de sanglants combats. L’esprit « samouraï » ou « kamikaze » enflammait les soldats japonais. On pouvait craindre que la conquête de l’archipel japonais ne coûtât la vie à des centaines de milliers de GI. Du point de vue moral, il y a une différence entre les chambres à gaz et la bombe A : la bombe anéantit, mais n’humilie pas…
    Quoi qu’il en soit, les bombes atomiques produisirent un effet de terreur, alors que les bombardements « classiques » de Tokyo qui avaient tué autant de gens (100 000) n’avaient pas terrifié les Nippons. L’empereur parla à la radio, pour la première fois. Il dit à son peuple qu’il fallait « accepter l’inacceptable et se résigner à l’inévitable ». Le Japon capitula.
    La Grande Guerre mondiale était terminée.
    À Hiroshima est morte une certaine idée du Progrès.
    À Auschwitz, une certaine foi pacifiste : l’idée, hélas fausse, que tout est préférable

Weitere Kostenlose Bücher