Toute l’histoire du monde
pacifia les cités grecques en leur imposant son protectorat (bataille de Chéronée, en -338), malgré les harangues passionnées – les « Philippiques » – de l’Athénien Démosthène. À la mort de Philippe, en – 336, son fils Alexandre lui succéda.
Alexandre avait vingt ans et une personnalité extraordinaire.
Le grand philosophe Aristote, disciple de Platon, avait été son précepteur. Intellectuel et poète, Alexandre était aussi un excellent cavalier. Quatre ans auparavant, il avait réussi à maîtriser un étalon fougueux que personne ne pouvait monter. Ce cheval, le fameux Bucéphale, le portera jusqu’aux Indes et sera son compagnon pendant quinze ans.
Paroxysme et résumé de l’hellénisme, Alexandre se reconnaissait quatre modèles : le dieu du Vin, Dionysos ; le demi-dieu mythologique aux « dix travaux », Hercule ; Achille, le héros de la guerre de Troie ; enfin Cyrus, le fondateur de l’empire perse. Donc, l’ivresse de Dionysos, la force d’Hercule, le courage militaire d’Achille et la culture politique du Grand Roi animeront sa vie.
Arrivé au pouvoir, son principal problème fut de garder la main sur les remuantes cités grecques. Comme la meilleure façon d’unir des rivaux est de leur trouver un ennemi commun, Alexandre eut l’idée de lancer la force grecque et la phalange macédonienne contre l’empire perse afin de venger les invasions des guerres médiques.
Au départ, le Macédonien entreprit une croisade hellénique contre les Perses. Le mot de croisade est pertinent, parce qu’Alexandre n’agit pas ainsi seulement par calcul – il y croyait. Au fin fond de l’Asie, il demandera tous les jours : « Que pensent de moi les Athéniens ? » Il voulut rencontrer à Corinthe le célèbre philosophe cynique Diogène, lequel lui répondit seulement : « Ôte-toi de mon soleil ! » La rencontre de ces deux personnages n’est pas banale – mais les génies finissent toujours par se croiser : Michel-Ange et Jules II, Gœthe et Bonaparte, Malraux et de Gaulle, le grand Frédéric et Voltaire.
En – 334, l’armée coalisée franchit les Détroits et, à la bataille du Granique, Alexandre battit l’armée du satrape perse. Puis il descendit en Syrie, après avoir tranché le « nœud gordien » (celui qui défera ce nœud sera maître du monde, disait la légende locale). À Issos, en – 332, il écrasa le Grand Roi Darius III lui-même, qui se retira vers l’Asie. Le Macédonien voulait couper définitivement les Perses de la Méditerranée (et, de fait, il y réussit : jusqu’à ce jour, ils n’y sont jamais revenus) ; il s’empara de la métropole phénicienne de Tyr, détruisant ainsi la concurrence commerciale, puis entra en Égypte où il fut accueilli en libérateur, car le pays gardait la nostalgie de son indépendance abolie par les Perses. À l’ouest du Delta, il fonda la célèbre ville qui porte encore son nom, Alexandrie, et coiffa la couronne des pharaons. Il fit un pèlerinage jusqu’aux confins de la Libye, à Siouah, au sanctuaire du dieu Amon dont il se prétendit le représentant. Ce fut une politique constante, chez lui, que de s’approprier les dieux et les couronnes des pays conquis.
Après son pèlerinage se posa la question : fallait-il continuer ? La croisade grecque était terminée. Les généraux lui dirent : « Si nous étions Alexandre, nous nous arrêterions là », mais il leur répondit : « Moi aussi, si j’étais vous » – et il continua.
À la croisade hellénique se substitua la volonté de remplacer le Grand Roi perse sur son trône. En -331 à Gaugamèles, non loin de l’actuelle Bagdad, il anéantit ce qui restait d’armée à Darius III, lequel prit la fuite.
Commença alors une poursuite de western (ou plutôt d’eastern, car ce fut une course vers l’orient) : pour remplacer le Grand Roi, il fallait d’abord le capturer.
Au passage, Alexandre fit brûler Persépolis, pour venger Athènes jadis incendiée par les Perses. Mais ce fut son seul excès. En général, son armée respectait les populations et laissait un bon souvenir. Cette course se termina près de la mer Caspienne.
Juste avant qu’il ne rattrape Darius III, un satrape, croyant se faire bien voir, assassina son souverain. Alexandre exécuta le satrape et fit au Grand Roi de belles funérailles. Il se considérait comme son successeur.
Il mena son armée en Asie centrale, jusqu’aux confins de l’empire
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