Toute l’histoire du monde
a pas très longtemps à voyager par la route des caravanes pour atteindre le fleuve Jaune.
Il est difficile d’imaginer les conséquences d’une conquête de la Chine par Alexandre. Elle était pourtant possible : les armées grecques auraient écrasé les armées des royaumes chinois aussi facilement que les armées des Perses ou des Indiens.
De fait, la Chine est demeurée dans son splendide isolement – et ce sera longtemps encore le cas -, l’empire du Milieu ne communiquant avec le monde extérieur que par le commerce de luxe et de rares diplomates ou voyageurs.
La Chine fit son unité, nous l’avons dit, mais sur elle-même, se contentant de rayonner sur ses franges : Sinkiang, Tonkin, Corée, Japon. Cela explique, encore aujourd’hui, sa psychologie si particulière.
Après la mort d’Alexandre, son empire éclata. Ses généraux se le partagèrent, mais ils ne purent tout garder. Un petit empire perse ressuscita, celui des Parthes. Les « diadoques » fondèrent cependant, en Macédoine, en Syrie et en Égypte, les monarchies hellénistiques. Les plus brillantes furent, en Syrie, celle des Séleucides (du nom d’un des lieutenants d’Alexandre, Séleucos) avec leur capitale Antioche et, en Égypte, celle des Ptolémées (le fondateur de la dynastie était aussi un général d’Alexandre). Mais il y en eut jusqu’en Asie centrale, en Bactriane.
Alexandrie, capitale de l’Égypte hellénisée des Ptolémées, devint même la plus grande et la plus brillante ville du monde. Sa bibliothèque contenait 700 000 livres (des manuscrits sur papyrus en rouleaux). Il y eut là une extraordinaire concentration de savants. Notamment Ératosthène qui calcula la circonférence de la Terre en constatant que l’ombre portée à midi sur un axe nord-sud n’était pas aussi longue à Assouan qu’à Alexandrie, ce qui ne pouvait s’expliquer que par la rotondité de la Terre. Et aussi Pythéas un marin qui atteignit le cercle polaire et calcula le coefficient des marées atlantiques… Le phare qui éclairait de nuit le port d’Alexandrie, et qui tire son nom du lieu, Pharos, sera le modèle de tous les phares de la Terre… Bref, il y avait là un niveau intellectuel qu’on ne retrouvera qu’à la Renaissance !
Cléopâtre sera la dernière souveraine de la dynastie des Ptolémées (elle sera aussi l’amante de César et d’Antoine).
La culture grecque devint alors universelle. Seule la Chine n’en fut pas influencée.
Alexandre fut typiquement grec : humaniste, absolument pas superstitieux, et homosexuel (il s’est marié plusieurs fois, car il épousait les filles des rois vaincus, telle la célèbre Roxane, mais c’était par calcul politique). Il était persuadé de porter avec lui la civilisation.
Les Grecs avaient cette conviction profonde : ils étaient les « civilisés » et tous les autres étaient des « barbares ». Ce n’était pas une question de race, mais de culture. On devenait hellène si l’on parlait la langue et si l’on allait au théâtre.
Ce fut la première « mondialisation », de l’Angleterre aux Indes, il y a vingt-trois siècles ; la Chine restant à l’écart, malgré les échos lointains qui lui parvenaient par la route de la soie. Cependant, l’œuvre politique des monarchies hellénistiques resta fragile.
Alexandre échappe à la Grèce par sa démesure ( ubris en grec), le péché par excellence aux yeux de son précepteur Aristote, pour lequel la mesure était la marque même de la raison. Il est vrai qu’Alexandre incarna un autre aspect souvent méconnu de l’hellénisme : non plus l’ordre athénien, mais le délire dionysiaque.
Le monde bascule vers l’ouest : Carthage et Rome, Hannibal et César
À la même époque, à l’ouest de la Méditerranée (en Gaule, en Espagne), les tribus étaient passées de la chasse à l’agriculture. Elles étaient ainsi devenues fort populeuses, mais elles restaient encore en dehors de l’histoire.
Seules brillaient les cités d’Étrurie et Carthage.
Au nord de la péninsule italienne, il y a la Toscane. Les Étrusques y avaient bâti une civilisation originale, mais que l’on connaît mal, car on ne sait pas déchiffrer leur écriture. Volterra, Orvieto, Pérouge, et bien d’autres, furent d’abord des cités étrusques.
Des tombes circulaires, de magnifiques fresques, une culture étrange et raffinée : les Étrusques font penser aux Crétois. Leurs peintures colorées se
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