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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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plaisirs perdus. Je les revis… »
    Il faut se rappeler que cette lettre fut écrite par une abbesse ! La religion médiévale n’était absolument pas puritaine. Villon a chanté Héloïse dans sa Ballade des dames du temps jadis  : « Où est la très sage Héloïse / Pour qui fut châtré et puis moine / Pierre Abélard à Saint-Denis / […] Mais où sont les neiges d’antan ? »
    En Italie, Dante exalta la figure féminine de Béatrice dans son chef-d’œuvre métaphysique, la Divine Comédie (1516).
    Ce siècle féminin fut aussi celui des croisades.
    Les Arabes étaient devenus pacifiques (avec les Abbassides), mais, vers l’an 1000, des nomades asiatiques convertis à l’islam, les Turcs, prirent le pouvoir à Bagdad et redonnèrent aux musulmans l’ardeur conquérante des premiers temps. Les pèlerinages chrétiens devinrent difficiles à Jérusalem.
    Surtout, en 1071, à Manzikert, les Turcs écrasèrent les armées byzantines et envahirent l’Anatolie, jusque-là préservée. L’Asie Mineure grecque devint alors la « Turquie ».
    L’empereur d’Orient, Alexis Comnène (1081-1118) -dont la fille raconta la vie glorieuse dans une magnifique biographie, YAlexiade -, appela fort naturellement à son secours les chrétiens d’Occident. Le pape Urbain II accéda à sa demande et prêcha à Clermont la croisade en 1095. (Ceux qui partaient portaient une croix.) La croisade des chevaliers, à laquelle les rois s’abstinrent de participer (Saint Louis et Frédéric Barberousse seront des exceptions), se mit en route sous le commandement de Godefroy de Bouillon et des ducs occitans et normands. Elle reconquit l’Anatolie occidentale pour le compte des Byzantins, puis, débouchant en Syrie, réussit à s’emparer de Jérusalem le 15 juillet 1099, en y massacrant les habitants. Un royaume latin de Jérusalem fut alors créé.
    Les paysans syriens, musulmans ou chrétiens, ne furent pas chassés de leurs terres. Le royaume chrétien resta une affaire de chevaliers, et manqua vite de soldats. Pour y suppléer, on fonda ces ordres peu ordinaires de moines-guerriers que furent les Hospitaliers en 1113 et les Templiers en 1118. Ce sont eux qui firent construire les formidables châteaux forts que l’on peut toujours admirer en Syrie et en Jordanie – encore debout, car ils ne furent jamais pris d’assaut, mais évacués par traité, et il ne se trouva pas de roi pour les démanteler (comme en France). Signalons en particulier l’imposant « Krak des Chevaliers ». Mais le royaume latin, faute d’immigration européenne, resta fragile.
    En 1187, le sultan ayyubide d’Égypte et de Syrie, Saladin (de son vrai nom Salah el-Din, 1138-1193), écrasa les croisés en Galilée, puis reprit la ville sainte, au nom de l’islam. Les rois d’Occident firent alors semblant d’intervenir, tels le Français Philippe Auguste et l’Anglais Richard Cœur de Lion. Mais ils ne pensaient qu’à leurs royaumes et les regagnèrent vite sans reprendre Jérusalem. Le seul motivé était l’empereur germanique, Frédéric Barberousse, qui se noya dans un fleuve de Cilicie en 1190.
    Les croisades traînent avec elles une fort mauvaise réputation que leur fabriquèrent, non pas tellement les musulmans – Saladin et Cœur de Lion faisaient partie du même univers guerrier et se respectaient (Salah el-Din avait d’ailleurs fréquenté des écoles chrétiennes) -, mais les historiens de l’Europe moderne fascinés par l’islam, les « orientalistes ».
    En réalité, la notion de « guerre sainte » n’a pas été inventée par le christianisme, mais, nous l’avons dit, par l’islam – le djihad – quatre siècles plus tôt. C’est ennuyeux, mais indiscutable. Et il fallut beaucoup de casuistique aux théologiens catholiques pour l’utiliser. De plus, rappelons que la première croisade fut une guerre défensive, à l’appel de l’empereur byzantin menacé et envahi – une contre-offensive victorieuse, plus exactement. D’ailleurs, en un siècle, l’Islam rétablit son pouvoir au Proche-Orient.
    Si les croisades se couvrirent de honte, ce ne fut pas tant contre les musulmans, mais contre les juifs et les chrétiens d’Orient.
    En l’an 1204, en effet, la quatrième croisade fut détournée du Dar el-islam par le doge vénitien Dandolo (âgé de plus de quatre-vingts ans) et s’empara de la superbe ville chrétienne de Constantinople que, cent ans auparavant, la première croisade était venue

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