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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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l’opinion publique française. Ce fut le commencement de la guerre de Cent Ans. De simple querelle de succession qui concernait peu les peuples, elle devint une guerre franco-anglaise.
    Le royaume de France, avec ses 15 millions d’habitants, était le plus peuplé d’Europe ; l’Angleterre n’en comptait que 4. Mais le paradoxe fut que la conception, à l’époque « progressiste », du « roi national » était défendue par une armée archaïque de chevaliers qui se battaient « chacun pour soi », alors que la conception « réactionnaire » du prétendant de Londres était soutenue par une armée très moderne de bourgeois disciplinés.
    Les prétendants Valois subirent donc une série de défaites sanglantes qui décimèrent la chevalerie française : Crécy en 1346, Poitiers en 1356, où Jean le Bon fut fait prisonnier.
    Avec le Valois Charles V et son général Du Guesclin, il y eut un relèvement, mais son fils Charles VI était un malade mental et les prétendants d’outre-Manche trouvèrent à cette occasion des alliés sur le continent ; en particulier le puissant duc de Bourgogne (1404-1419), qui depuis sa bonne ville de Dijon étendait sa suzeraineté jusqu’aux Flandres. La noblesse « bourguignonne », la plus à la mode de France, préférait nettement les souverains anglais au pauvre roi fou de Paris. Elle n’avait d’ailleurs aucun sentiment national (ce sera souvent le cas, en France, des classes dirigeantes).
    Le 25 octobre 1415, ce qui restait de chevalerie fidèle aux Valois fut écrasé à Azincourt. Et, en 1420, le traité de Troyes mit une fin théorique à la querelle dynastique en reconnaissant le prétendant anglais comme roi de France sous le nom d’Henri V. Comme ce n’était alors qu’un petit enfant, un régent anglais, le duc de Bedford, s’installa à Paris.
    Il restait bien un Valois, le malingre Charles, réfugié au sud de la Loire, mais la France la plus riche, de la Somme à la Loire, était occupée par les Anglais – et la Bourgogne, quasi indépendante.
    C’était oublier l’opinion publique, celle des « bonnes gens » du royaume. Car la France commençait d’exister dans leur cœur. Cette fusion originale de la Méditerranée et des mers du Nord, créée comme accidentellement au traité de Verdun en 843, avait réussi. Elle était déjà « aimée ».
    D’autant plus qu’à l’époque le seul pouvoir supranational existant, l’Église, était divisé par le « Grand Schisme » : plusieurs papes se disputaient le pouvoir ecclésiastique entre Avignon et Rome. Il fallut un concile en 1417, à Constance, pour mettre fin au schisme, mais le prestige de la papauté était ébranlé. En Bohême, un héros tchèque, Jean Hus (1369-1415), avait soulevé le peuple contre Rome. Et, un peu partout, le sentiment national prenait le pas sur celui de l’unité catholique.
    Or, les prétendants anglais à la couronne de France avaient commis l’erreur de méconnaître ce sentiment national. Grands seigneurs féodaux dans le royaume (et parlant en outre le français), ils auraient pu utiliser des troupes françaises pour soutenir leur querelle. Pour des raisons de commodité (l’Angleterre leur était plus soumise) et de modernité (les soldats anglais, archers et fantassins, étaient plus disciplinés), ils préférèrent employer des soldats venus d’outre-manche – que les paysans de France surnommèrent les « Goddons », parce qu’ils juraient en anglais : God Damned !
    Cette erreur leur fut fatale et permit l’intervention d’une des figures les plus étranges de l’histoire : celle de Jeanne d’Arc. Les Français voulaient être gouvernés par des chefs partageant leur culture. Les Grecs de l’Antiquité avaient eu la même exigence, qui justifia leurs guerres contre les Perses. Mais le patriotisme n’avait encore jamais dépassé le cadre de la cité, les empires ayant été multiculturels. Le miracle français, l’historien Pierre Chaunu l’a souligné, fut de transférer à une réalité immense (pour l’époque) la ferveur qu’éprouvait le citoyen athénien qui pouvait contempler l’Acropole depuis sa maison ou son champ.
    Née en 1412 à Domrémy, sur la Meuse, à la frontière même du royaume – d’où son surnom de « Lorraine » -, Jeanne était fille de notables paysans.
    Dans ce pays, le capitaine local, à Vaucouleurs, restait partisan des Valois. Les paysans aussi. Au village, on était bien

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