Toute l’histoire du monde
l’Église anglicane (les pèlerins du Mayflower avaient fondé Plymouth en 1620).
Les Français aux Indes, avec Dupleix, réussirent (1748), en accord avec des souverains moghols en pleine décadence, à imposer leur protectorat, depuis Pondichéry, aux rajahs ou princes des six provinces de la péninsule du Dekkan.
En 1750, les Français dominaient ainsi l’Amérique du Nord et le sous-continent indien. Les Anglais ne pouvaient accepter cela. Pour l’Angleterre, qui ne se suffit pas à elle-même, la domination des océans est un enjeu vital. De 1756 à 1763, la guerre de Sept Ans opposa outre-mer Anglais et Français. La disproportion des forces et des populations était grande ; la différence de motivation des gouvernements et des peuples aussi. La riche France, fortement insérée dans le continent européen, avec un roi inconstant, Louis XV, était beaucoup moins concernée par l’outre-mer que le Royaume-Uni. Souvenons-nous du mot méprisant de Voltaire à propos des « arpents de neige » américains.
Malgré le courage et le talent du marquis de Montcalm (il remporta plusieurs victoires sur les Anglais), il ne put empêcher la chute de Québec en 1759, ville devant laquelle il fut grièvement blessé. Il en alla de même aux Indes. Le sous-continent passa sous une domination britannique qui durera jusqu’en 1947. (La dernière résistance indienne, celle de la confédération des Marathes, sera brisée en 1818.) L ’India Act fut édicté en 1784 ; l’Inde devint le « Raji » britannique. En 1763, le traité de Paris consacra la mort du premier empire français d’outre-mer (à l’exception de quelques Antilles) et le triomphe sur les océans de l’Angleterre : Rule Britania. Si Louis XV avait été plus pugnace, le monde serait aujourd’hui francophone !
Cependant, si les Français acceptaient assez bien la perte de leurs colonies, ils gardaient une dent contre les Anglais. Quand les colons anglais d’Amérique se révoltèrent contre leur métropole, ils volèrent donc au secours des « Insurgents ».
Car, en 1776, les colons anglais de Boston et de la Nouvelle-Angleterre s’étaient révoltés contre l’Angleterre, qui leur imposait de lourdes taxes à l’exportation et à l’importation. Comme un feu de paille, l’insurrection gagna les treize colonies et George Washington, un riche planteur de Virginie, en fut nommé général.
L’opinion publique française soutint les séditieux, d’autant plus que ceux-ci – du moins leurs chefs – se prévalaient des idées des philosophes français. Dès 1778, Benjamin Franklin était envoyé à Paris. De nombreux jeunes aristocrates traversèrent l’Atlantique pour se battre aux côtés des insurgés, le plus connu d’entre eux étant La Fayette (1757-1834). En ce temps-là (comme encore au moment de la « guerre d’Espagne » au xx e siècle), les intellectuels français, quand ils soutenaient une cause, ne se contentaient pas de donner leur avis au journal télévisé : ils allaient se battre !
Toutefois, à eux seuls, les rebelles n’auraient pu chasser l’armée anglaise. C’est une constante : s’il est vrai que la force pure ne suffit pas à établir une domination durable, une guérilla est toujours impuissante à battre une armée régulière.
Il fallut que le gouvernement de Louis XVI, en mal de revanche sur l’Angleterre, déclarât la guerre en 1778 à la Couronne britannique, que la marine française de De Grasse imposât sa loi à la marine anglaise (ce fut l’unique fois : les Anglais retinrent ensuite la leçon) et se révélât capable de transporter en Amérique un corps expéditionnaire de 30 000 hommes commandés par le général de Rochambeau, pour que capitule l’armée anglaise, défaite à Yorktown en 1781. Sans la puissance militaire et navale française, jamais Washington et ses Insurgents n’auraient pu battre les troupes du roi d’Angleterre.
En 1783, le traité de Versailles consacra l’indépendance des colonies révoltées, qui prirent le nom d’« États-Unis d’Amérique ».
En 1783, vingt ans après le traité de Paris, le traité de Versailles était une superbe revanche pour les Français. Ils n’en tirèrent cependant aucun avantage, tandis que le Royaume-Uni se consolait de la perte de l’Amérique (il conservait le Canada, la royauté française ne profitant pas de l’occasion pour délivrer les Québécois soumis depuis 1763 à la domination anglaise) en
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