Toute l’histoire du monde
un peu monotones. Dès le Moyen Âge, dans les monastères d’Occident comme d’Orient, la musique polyphonique s’était épanouie, chant grégorien et chant orthodoxe.
Les révolutions techniques de la Renaissance permirent la mise au point d’instruments nouveaux (clavecin, piano) et de grilles de lecture perfectionnées (solfège).
La Contre-Réforme s’accompagna de la création d’une somptueuse musique baroque. Au siècle des Lumières travaillèrent et vécurent d’extraordinaires compositeurs : à Vienne, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) et, à la cour de l’électeur de Cologne, Ludwig van Beethoven (1770-1827), pour ne citer que les plus géniaux.
La France fut la patrie des idées nouvelles ; l’Allemagne et l’Autriche, celles de la musique symphonique ;
l’Italie resta celle de l’opéra, depuis que Monteverdi (1567-1643) avait fixé le modèle du genre. De cette époque date la Scala de Milan, construite sur ordre de Marie-Thérèse d’Autriche.
La Grande Révolution
Lénine appelait la révolution française de 1789 la « Grande Révolution ». Il avait raison. Pour les historiens, la révolution de 89 est un événement majeur – la Révolution par excellence.
Événement tellement imprévisible que, d’abord, personne ne le comprit. Chateaubriand l’a remarqué :
« Lorsque la Révolution éclata, les rois ne la comprirent pas : ils virent une révolte là où ils auraient dû voir le changement des nations. Ils se flattèrent qu’il ne s’agissait pour eux que d’agrandir leurs États de quelques provinces arrachées à la France. Ils croyaient à l’ancienne tactique militaire, aux anciens traités diplomatiques, aux négociations des cabinets…
« Et les conscrits de la Révolution allaient chasser les soldats du roi de Prusse ; et les rois allaient venir solliciter la paix dans les antichambres de quelques avocats obscurs. Et la terrible opinion révolutionnaire allait dénouer sur les échafauds les intrigues de la vieille Europe. Cette vieille Europe pensait ne combattre que la France, elle ne s’apercevait pas qu’un siècle nouveau marchait sur elle ! »
Nulle part cette incompréhension, accompagnée d’une très précise description des faits au jour le jour (les auteurs n’en connaissaient pas la suite, contrairement à nous), n’apparaît mieux que dans les centaines de dépêches que les deux ambassadeurs successifs de Venise à Paris envoyèrent à leur gouvernement. (Ces « télégrammes diplomatiques » ont été réunis en un seul volume et publiés en 1997 chez Robert Laffont.)
Cet événement incompréhensible a pourtant des causes repérables.
D’abord, la faillite. La guerre d’Amérique avait coûté énormément d’argent à la monarchie française. Contrairement à ce que l’expression « monarchie absolue » pourrait laisser croire, les rois de France ne pouvaient pas créer d’impôts nouveaux sans le consentement des représentants du peuple : les États généraux, composés des trois assemblées séparées de la noblesse, du clergé et du peuple (nommé « tiers état »).
En Angleterre, il n’y a que deux assemblées : la Chambre des lords, qui réunit nobles et ecclésiastiques, et la Chambre des communes, qui regroupe les élus du peuple. Depuis la restauration monarchique d’après Cromwell, ces deux assemblées siégeaient en permanence.
En France, les États n’avaient pas été convoqués depuis 1614, Louis XIV préférant manquer d’argent plutôt que d’avoir des comptes à rendre aux notables. En effet, même les représentants du tiers état étaient des notables, bourgeois, riches fermiers, avocats, notaires -des gens qui avaient fait des études. Tous étaient imbibés des idées nouvelles des philosophes. Nous l’avons souligné : les idées mènent le monde. Victor Hugo a bien compris que les vrais responsables de la Révolution furent Voltaire et Rousseau, tous les deux morts au moment des faits. Il mit dans la bouche de Gavroche ces paroles célèbres : « Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à Rousseau ! »
La seconde cause de la Révolution fut donc idéologique : la concrétisation imprévue des thèses philosophiques des Lumières.
Louis XVI, acculé par le risque de faillite, convoqua donc les États généraux.
Les élections eurent lieu, « par ordres » (nobles, clercs, peuple), dans toutes les
Weitere Kostenlose Bücher