Toute l’histoire du monde
communes le message suivant :
« Dès ce moment et jusqu’à celui où tous les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées. Les jeunes iront au combat, les hommes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances, les femmes feront des tentes, des habits, et serviront dans les hôpitaux, les enfants mettront le vieux linge en charpie pour faire des pansements. » Et ce finale, qui est grand comme l’antique : « Les vieillards se feront porter sur les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l’unité de la République. »
Accents que l’on retrouve dans le « chant de guerre pour l’armée du Rhin » composé par un officier du génie, Rouget de Lisle, et rendu populaire par les conscrits marseillais (d’où son nom, La Marseillaise, aujourd’hui hymne national français).
La Convention venait d’inventer son arme absolue : la conscription.
En effet, les rois étaient persuadés que leurs excellentes armées de professionnels l’emporteraient facilement.
Il n’y avait plus d’armée française. Dès avant la fuite de Varennes, sentant venir le vent, ou fidèles à leurs principes, beaucoup de nobles avaient quitté la France. L’émigration privait du même coup l’armée de ses cadres, car il fallait être noble pour devenir officier.
La République trouva la parade dans la mobilisation générale. Depuis la Rome des guerres puniques, on n’avait plus connu d’armée civique. En effet, mobiliser les citoyens (ce à quoi Machiavel était favorable) suppose chez ceux-ci une forte motivation (bien supérieure à celle des mercenaires pour leur solde). D’où les accents affectifs de la Marseillaise contre les envahisseurs : « Qui viennent, jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes ! »… Quand l’enthousiasme manquait, la conscription devenait impossible, voire contre-productive. Ce qui se passa en Vendée, où les paysans préférèrent prendre les armes contre la République, à l’ombre de leurs clochers, plutôt que d’aller servir l’État sur les bords du Rhin. L’insurrection vendéenne se révéla massive. Mais, ailleurs, la Convention put lever et équiper un million de soldats, chiffre jamais atteint jusque-là dans l’histoire.
Les armées de métier furent démoralisées par les masses qui leur étaient opposées. Cela explique Valmy : 20 000 mercenaires prussiens en uniforme de parade s’y heurtèrent à 200 000 braillards qui chantaient La Marseillaise ; décontenancés, les officiers prussiens ordonnèrent la retraite.
Très vite, les paysans et les artisans devinrent de formidables soldats, et les bourgeois, épaulés par quelques nobles infidèles à la monarchie, mais fidèles à la République (Bonaparte était l’un d’eux), de très bons officiers. Le ministre de la Guerre, Carnot, sut pratiquer l’« amalgame » des nobles et des recrues.
Cette levée en masse surprit les rois. Pendant vingt-trois ans, les armées françaises furent invincibles. (En ce sens, Napoléon est bien l’héritier de la Révolution.) Ces armées balayèrent le monde de la Suède à l’Égypte, de l’Espagne à la Prusse et à la Russie.
La France devint capable d’aligner trois millions d’hommes en armes.
Un moment, cependant, la situation parut presque désespérée pour la République, envahie qu’elle était par cinq armées étrangères, au nord, à l’est et au sud, et ravagée par de terribles insurrections, à Toulon, à Lyon et surtout en Vendée. L’un de ses grands leaders, Danton, s’écriait : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! » La Convention créa en son sein le Comité de salut public en avril 1793. Constitué sous l’impulsion de Danton, de Robespierre, de Couthon, de Saint-Just et de Carnot (entre autres), il exerça un pouvoir dictatorial de plus en plus grand et assez paranoïaque. Danton lui-même, suspecté de faiblesse, fut guillotiné. Il monta sur l’échafaud en adressant au bourreau cette phrase extraordinaire : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine. »
Mais l’insurrection vendéenne fut écrasée et, à la fin de décembre, le général Westerman put écrire à la Convention cette lettre énergique, d’une plume robuste :
« Il n’y a plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre libre,
Weitere Kostenlose Bücher