Toute l’histoire du monde
pangermaniste découleront la guerre de 14 et l’horreur du xx c siècle.
D’ailleurs, l’armistice de janvier 1871 fut très mal accueilli en France par beaucoup de patriotes, à commencer par les Parisiens. En témoigne cette lettre d’un officier de carrière, Louis Rossel, à son ministre, depuis le camp de Nevers :
« J’ai l’honneur de vous informer que je me rends à Paris pour me mettre à la disposition des forces qui peuvent y être constituées. Instruit par une dépêche […] qu’il y a deux partis en lutte dans le pays, je me range sans hésitation du côté de celui qui n’a pas signé la paix et ne compte pas dans ses rangs des généraux coupables de capitulation. En prenant une aussi grave et aussi douloureuse résolution, j’ai le regret de laisser en suspens le service du génie du camp de Nevers […].
« J’ai l’honneur d’être, mon général, votre très obéissant et dévoué serviteur.
« L. Rossel. »
Après l’armistice, les élections donnèrent une majorité de droite qui se réunit en Assemblée à Versailles, Adolphe Thiers devenant chef d’État de fait.
Mais Paris, invaincu après quatre mois de siège, acceptait mal la défaite. Quand le gouvernement de Versailles voulut reprendre les canons, entreposés sur la butte Montmartre, la capitale entra en insurrection le 18 mars 1871 et se déclara « Commune libre », indépendante du gouvernement de Monsieur Thiers.
Karl Marx vit dans la Commune la première « dictature du prolétariat ».
Pendant deux mois, le drapeau rouge flotta sur l’Hôtel de Ville. La Commune était certes une insurrection sociale, mais plus encore une insurrection patriotique. Des officiers comme Rossel se mirent à son service. Des officiers français affrontèrent d’autres officiers français, camarades de promotion, comme le montre ce billet de Rossel, devenu chef militaire de la Commune, à un officier versaillais :
« Mon cher camarade,
« La prochaine fois que vous vous permettrez de m’envoyer une sommation aussi insolente que votre lettre autographe d’hier, je ferai fusiller votre parlementaire, conformément aux usages de la guerre…
« Votre dévoué camarade Rossel, délégué de la Commune de Paris. »
Les semaines perdues avaient permis au gouvernement de Versailles de faire venir de province des troupes fidèles. Le 21 mai, celles-ci entrèrent dans Paris et s’en emparèrent après huit jours de durs combats – la « Semaine sanglante », du 21 au 28 mai 1871 – et de véritables carnages. Aux exécutions sommaires perpétrées par les Versaillais répondirent le massacre d’otages (dont l’archevêque de Paris, Mgr Darboy) et l’incendie des Tuileries et de l’Hôtel de Ville. Les derniers communards, au nombre de 147, furent fusillés au cimetière du Père-Lachaise. La répression avait fait des milliers de morts.
Le Second Empire s’achevait non seulement dans la défaite, mais par une véritable guerre civile au « temps des cerises ». Le gouvernement légal d’Adolphe Thiers avait triomphé sous les yeux des Prussiens.
Les États-Unis et la Sécession
Les États-Unis d’Amérique, à l’écart de l’histoire générale, ont cependant profité des conflits du vieux monde pour s’agrandir. En 1800, ils édifièrent une capitale fédérale nommée Washington, sur des plans conçus par l’architecte français Pierre L’Enfant.
Les guerres de la Révolution, bien que les Anglais aient brûlé Washington en 1814, ne les ont touchés qu’occasionnellement. Ils en ont surtout profité pour acheter en 1803, à Napoléon, l’immense territoire de la Louisiane (en fait, le Middle West et le Mississippi) et en 1819, à l’Espagne, la Floride. Après de rudes discussions avec les Britanniques, ceux-ci leur avaient reconnu en 1846 la possession de l’Oregon, qui commande l’accès à l’océan Pacifique. Nous avons dit qu’à la suite d’une série de conflits avec le Mexique, depuis Alamo en 1836 jusqu’à la guerre ouverte en 1848, ils s’étaient emparés de l’Arizona, du Texas et de la Californie, dont la toponymie reste espagnole (Los Angeles, San Francisco, San Antonio).
Les États-Unis bénéficièrent durant tout le siècle d’une immigration de masse : en soixante ans, 20 millions d’Européens franchirent l’Atlantique pour s’y établir. Ces déplacements massifs de populations étaient devenus possibles. À la marine à voile du xvm c siècle avait
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