Toute l’histoire du monde
succédé la marine à vapeur de la première révolution industrielle, laquelle déversait sur les côtes américaines des milliers d’immigrés résolus à y refaire leur vie. Beaucoup de ces arrivants venaient de l’ancienne patrie anglaise (en pleine explosion démographique), mais aussi d’Irlande (appauvrie par la domination protestante et ravagée par la famine), d’Allemagne (on parla longtemps allemand dans le Middle West) et de Scandinavie. On voyait arriver également par centaines de milliers des Européens du Sud (Espagnols, Italiens, Portugais) et de l’Est (Polonais, Russes, Grecs).
Naquit alors un « mythe américain », qu’illustre la statue de la Liberté, sculptée par Bartholdi, offerte par la France et installée devant Manhattan en 1886. L’immigration changea la nature de la population, jusque-là constituée principalement d’Anglais protestants et d’esclaves noirs. En particulier, l’Église catholique devint très puissante (la première dénomination américaine).
À ce moment éclata la plus grande crise de la jeune histoire des États-Unis. Les États du Sud, peu touchés par l’immigration, restaient aux mains de planteurs qui ressemblaient à ce qu’avait pu être Washington ; ils faisaient travailler sur leurs exploitations de coton une main-d’œuvre servile issue de la traite. Ceux du Nord étaient peuplés de paysans libres, d’ouvriers et de commerçants, avec de grandes villes : New York, Boston. Les intérêts du Nord et ceux du Sud étaient opposés : les planteurs voulaient exporter leur coton ; les industriels du Nord souhaitaient protéger leurs industries de la concurrence européenne. Surtout, les mentalités divergeaient absolument. Les aristocrates du Sud méprisaient les immigrés du Nord, et réciproquement.
L’élection à la présidence de l’anti-esclavagiste Abraham Lincoln entraîna la rupture. En 1860, les États du Sud firent sécession et formèrent une confédération de douze États sudistes sous la présidence de Jefferson Davis.
Contrairement à la légende, le refus de l’esclavage n’a pas été la principale raison de la guerre. La question centrale posée par les confédérés était celle du droit de sécession, la Constitution américaine n’ayant pas prévu le cas.
Dans l’Union européenne, aujourd’hui, un État peut faire sécession en dénonçant les traités. L’« Union » américaine d’alors, discernant avec raison qu’était en jeu la survie même des États-Unis, refusa d’accorder aux confédérés le droit de se séparer d’elle. Ce fut le début d’une guerre longue et sanglante, du 18 avril 1861 au 14 avril 1865.
En apparence, la lutte était disproportionnée : 23 millions de nordistes contre 9 millions de sudistes (dont beaucoup d’esclaves noirs non mobilisés). Le Nord avait aussi pour lui ses chemins de fer, ses industries, ses grands ports. Cependant, la victoire du Sud n’était pas impossible, les planteurs étant aguerris et leurs généraux excellents.
Les sudistes remportèrent en effet une série de succès ; mais la marche du général Lee sur Washington fut brisée à la bataille de Gettysburg, du 1 er au 3 juillet 1863. Dès lors, la supériorité du Nord était telle qu’il ne pouvait que gagner une guerre longue. Sherman s’empara de la plus grande ville du Sud, Atlanta, et l’incendia en novembre 1864. Lee dut capituler le 9 avril 1865 à Appomattox. Jefferson Davis démissionna. Abraham Lincoln fut assassiné par un fanatique sudiste, mais l’Union avait triomphé. Elle ne sera plus remise en cause.
La guerre de Sécession a été la première guerre « moderne » : emploi massif des chemins de fer, des canons, des armes à tir rapide. Elle fit 600 000 morts : 350 000 nordistes et 250 000 rebelles.
L’esclavage fut aboli partout dans l’Union, mais le racisme et l’« apartheid » demeurèrent vifs (en fait, jusqu’au mouvement des droits civiques de Martin Luther King). Les deux grands partis actuels trouvent là leurs racines, même si leurs électorats réciproques ont changé. C’est seulement grâce à la guerre de Sécession que Napoléon III put risquer son aventure mexicaine.
Le problème noir est en cours de résolution aux États-Unis. Cette population reste plus pauvre que celles d’origine européenne ou asiatique ; du moins est-elle nombreuse et en voie d’ascension sociale.
Une autre minorité fut, au contraire, presque détruite :
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