Toute l’histoire du monde
obtient des droits, mais on accepte d’être assujetti à des devoirs. On prête serment à la Constitution et au drapeau. Dans les écoles aussi, jusqu’à quatorze ans, tout petit Américain : « Aledge allégeance to the flag of the United States of America and to the Republic which it stands for. One nation under God, with justice and liberty for all ».
À la fin du xrx e siècle, les États-Unis étaient déjà devenus un État très puissant. Cependant, ils intervenaient peu dans l’ancien monde. Quand on dit que l’Amérique est « isolationniste », on mesure mal à quel point c’est exact. L’Amérique est une île – bien plus que l’Angleterre, qui doit importer ou exporter. L’Amérique est une très grande île continentale qui n’a pas besoin du monde extérieur. Même le pétrole, elle l’a chez elle et ne l’importe que pour des motifs « stratégiques ». Le monde extérieur disparaîtrait sans que l’Amérique en soit affectée. Cet État-continent se suffit à lui-même. De plus, il est peuplé d’hommes dont les ancêtres ont tous, pour une raison ou une autre, fui le vieux continent !
L’Américain du Middle West ne s’intéresse pas au vaste monde. Quand l’intellectuel parisien veut mesurer l’importance de la France au nombre de lignes qui lui sont consacrées dans les journaux de Minneapolis, il méconnaît que l’« extérieur » en général et la France en particulier n’intéressent nullement l’Américain profond, lequel ignorait avant les guerres du Golfe jusqu’à l’existence de l’Irak. (Du temps de l’empire britannique, il n’était au contraire guère de famille anglaise qui n’eût un cousin dans l’armée des Indes.) En réalité, l’épopée américaine est tout « intérieure » : c’est celle de la conquête de l’Ouest, mise en images par les westerns.
La conquête coloniale. Le Japon
Depuis les grandes découvertes du XVI c siècle, les Européens s’étaient lancés à la conquête du monde. Nous avons raconté les aventures portugaises et espagnoles (auxquelles contribuèrent des marins vénitiens et génois), puis hollandaises et françaises ; le Royaume-Uni finissant par triompher de ses concurrents – au prix, il est vrai, de l’indépendance des États-Unis. Ce fut l’apogée de la thalassocratie anglaise, the British Empire.
En Afrique, les Bœrs ou Afrikaners préférèrent s’affranchir de la domination anglaise. Avec leurs familles, leurs chariots et leurs bœufs, ils quittèrent Le Cap entre 1834 et 1838 pour aller fonder des États libres en Orange et au Transvaal.
En Asie, la Hollande put conserver l’Indonésie.
En Amérique, les États-Unis dominaient, à l’exception du Canada resté fidèle à Londres.
Après la guerre de Sécession et la guerre franco-allemande (donc après 1870), toutes les puissances européennes voulurent être présentes dans le partage du monde – même les États-Unis (Porto Rico, les Philippines et Cuba).
L’empire britannique resta cependant, et de loin, le premier empire colonial européen.
L’Inde était devenue une colonie d’exploitation prospère, dont la reine Victoria avait été proclamée impératrice en 1877, avec comme capitale Calcutta, puis New Delhi, et comme port principal Bombay, tourné vers la métropole. L’État des Indes, appelé Radjih par les Anglais, fut la grande réalité coloniale du xdc e siècle. Les révoltes y étaient rares (celle des cipayes en 1857 étant d’abord une mutinerie militaire). Les Anglais pratiquaient le gouvernement indirect à travers princes et rajahs, et se tenaient soigneusement à l’écart des indigènes, avec lesquels – contrairement aux Portugais et aux Espagnols – ils ne se mélangeaient pas. Mais ils équipaient le sous-continent (voies ferrés, infrastructures) pour leur plus grand profit et y assuraient la paix à l’aide d’une armée indigène de 300 000 hommes, encadrés par 20 000 Anglais, l’« armée des Indes ».
Les Britanniques cherchèrent à protéger le sous-continent (pour la première et dernière fois unifié) en occupant ses marches : en Himalaya, le Sikkim, le Bhoutan, le Népal ; vers l’est, la Birmanie ; vers le sud, la Malaisie. Ils échouèrent à s’installer durablement à l’ouest, en Afghanistan, convoité aussi par l’empire des tsars. L’Afghanistan devint alors un espace-tampon entre Russes et Anglais. Face à lui, dans les zones tribales (qui existent
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