Toute l’histoire du monde
encore), de puissantes garnisons britanniques contrôlaient les montagnes. On peut voir, en empruntant la passe de Khyber, des plaques fixées aux rochers qui portent le nom des régiments de Sa Gracieuse Majesté.
La grande préoccupation de l’Angleterre impériale était de contrôler les routes maritimes qui la reliaient aux Indes, par le sud, d’où la conquête du Cap, ou par le nord, avec le canal de Suez. Creusé par les Français et entre leurs mains, Suez posait problème aux Anglais. Ce problème fut résolu par l’achat de la majeure partie des actions de la compagnie, et par la mise sous tutelle de l’Égypte. Le Caire devint pour ainsi dire, après Londres, la deuxième capitale de l’empire britannique. On le vit bien pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces contrôles (de l’Égypte et du Canal) ne prendront fin qu’en 1956. Au-delà de Suez, les Anglais s’établirent à Aden. Au-delà de la Malaisie, ils fondèrent en Chine le riche comptoir de Hong Kong. Pour contrôler les détroits de l’Asie du Sud-Est, ils créèrent la ville-port de Singapour, troisième capitale impériale en quelque sorte.
En Afrique, l’empire britannique poussa vers le sud à partir de l’Égypte et vers le nord à partir du Cap. Il conquit le Soudan, après la révolte sanglante du mahdi de Khartoum et la mort de Gordon (1884), par la grande expédition de Kitchener en 1898. À partir du Cap, Cecil Rhodes étendit l’influence anglaise vers le nord, avec l’idée de relier Le Cap au Caire.
Par ailleurs, les Anglais peuplaient le Canada (sans pouvoir en éliminer les Québécois, témoins de la présence française), l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces pays devenaient des dominions , des « États associés », avec leurs libertés propres.
En Méditerranée, l’Angleterre tenait Gibraltar, Malte et Chypre (conquise sur les Turcs). En Afrique occidentale, elle s’assurait les bouches du fleuve Niger (Nigeria).
Par malheur pour l’empire, sur la route du Cap au Caire, les Afrikaners s’étaient installés depuis 1834 en Orange et au Transvaal. Les colons hollandais ne craignirent pas d’affronter les Anglais. Ce fut la guerre des Bœrs, de 1899 à 1902. Sous la direction de leur président Kruger, les Bœrs remportèrent de nombreux succès et ne furent vaincus par Kitchener qu’après une dure campagne à la fin de 1901. Les Anglais triomphaient, mais ils étaient contraints, à la paix de 1902, de faire de larges concessions aux Afrikaners. Et notamment de leur laisser le pouvoir dans le nouveau dominion d’Afrique du Sud – ce qui, au siècle suivant, avec l’« apartheid », entraînera bien des conflits. Mais, en 1899, les Bœrs bénéficiaient de la sympathie générale. Leurs « commandos » (le mot, qui fit fortune, vient d’eux) terrorisèrent l’armée coloniale anglaise, et ils passaient pour des défenseurs de la liberté.
Loin de pouvoir égaler celui de l’Angleterre, l’empire colonial français fut quand même le deuxième en importance.
Installée depuis 1830 à Alger, la France créa l’Algérie. Dans la péninsule du Maghreb, entre Sahara et Méditerranée, depuis l’Antiquité n’existaient que deux pays : à l’est, l’Afrique romaine, l’Ifrika arabe, devenue la Tunisie ; à l’ouest, le Maroc, islamisé, mais que les Turcs n’avaient pu conquérir.
La France repoussa le monde turc vers l’est en s’emparant de Constantine, puis le monde arabo-berbère vers l’ouest en mettant la main sur Oran. L’Algérie était née. Longtemps, la France hésita. Après le rêve du « royaume arabe » de Napoléon III, les circonstances – exode des Alsaciens, déportation des Communards, immigration naturelle des Espagnols et des Siciliens – firent de l’Algérie une colonie de peuplement. La République du 4 Septembre y créa donc des départements français. Mais si elle voulut et réussit à assimiler les Algériens de confession juive (décret Crémieux), elle n’osa procéder de même avec les indigènes de religion musulmane. Ils restèrent des sujets et ne devinrent pas des citoyens.
L’Algérie française reposait ainsi largement sur une fiction. Il y eut réellement un peuple de citoyens français en Algérie (mélange de Français de France, d’Espagnols, de Maltais, d’Italiens et de juifs indigènes), mais le peuple des indigènes musulmans ne fut pas assimilé. Aurait-il pu l’être ? La solution du « royaume arabe »
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