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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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cellule, l’étudiant bosniaque Gavrilo Princip, dont l’attentat contre le prince François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, devait être à l’origine de la première guerre mondiale.
    Au cours de la première République tchécoslovaque, la ville de Theresienstadt, la Terezin actuelle, demeura ville de garnison. Mais après l’occupation de la Bohême et de la Moravie par les Allemands, tous les habitants furent contraints d’émigrer et la ville, entourée de remparts, fut transformée en ghetto pour les juifs de la région des Sudètes, d’Allemagne, d’Autriche et, plus tard, des Pays-Bas.
    À partir de l’automne de 1941, des juifs de plus en plus nombreux étaient donc déportés dans les quartiers d’habitation désertés par leur population, ainsi que dans les vastes casernes de Theresienstadt. Cette ville constituait une réserve pour les centres d’anéantissement qui furent organisés plus tard dans l’est de l’Europe. La plupart de ces déportés étaient originaires de Bohême et de Moravie, un grand nombre aussi venaient d’Allemagne et d’Autriche, rejoints ensuite par d’autres juifs des Pays-Bas et d’Europe. La petite forteresse servait aussi de prison pour les détenus politiques.
    En septembre 1943, quelques milliers de juifs furent déportés de Theresienstadt sur Auschwitz et dirigés vers le camp, sans « sélection » préalable. C’était pour nous un spectacle inimaginable. Il nous semblait en effet incroyable, à nous, pauvres détenus, de voir des hommes circuler dans le camp sans être revêtus de l’uniforme rayé, libres d’aller et venir en habits civils, sans être tondus.
    En comparaison avec les autres détenus, c’était un régime privilégié, sur le plan tant physique que psychologique. Personne ne pouvait en expliquer clairement les raisons. Pourquoi ces juifs qui venaient de Theresienstadt avaient-ils échappé à la chambre à gaz et bénéficié de conditions de vie nettement plus favorables que leurs camarades ? Simplement tenus de participer à la construction de leur propre secteur, ils étaient même dispensés des travaux de force et avaient le droit d’envoyer une carte chaque mois et de recevoir un colis. On donnait aux femmes enceintes et aux nourrissons, quoique en petite quantité, du lait, du beurre et même du pain blanc. Les enfants de moins de six ans disposaient pour leurs ébats d’un jardin d’enfants. Les jeunes, plus âgés, recevaient un enseignement scolaire donné par des professeurs juifs. Un orchestre remarquable avec des artistes célèbres était également autorisé à condition de jouer aussi pour les S.S. On avait même créé un hôpital, où des professeurs de grand renom et des médecins réputés exerçaient leur profession – tandis qu’à une centaine de mètres de là, la vie était si atrocement foulée aux pieds. Mais peut-être le camp des familles était-il placé à titre d’alibi sous les auspices de la Croix-Rouge internationale. L’ordre secret que je venais de lire me démontrait que cette hypothèse était sans fondement.
    Voss était toujours assis devant sa table. Ayant consulté à plusieurs reprises son bracelet-montre, il se mit à griffonner des chiffres sur un feuillet arraché au calendrier mural. Visiblement il n’entrevoyait pas la solution du problème. Enfin, après s’être livré à de nouveaux calculs pendant un moment, il se tourna vers les chefs d’équipe et leur fit part de son avis :
    — Il est possible de tout réduire en cendres avant demain matin, dit-il. Vous aurez à veiller à ce que chaque fournée soit composée de deux hommes et d’une femme, plus un « musulman » ou un enfant. Une opération de remplissage sur deux devra être effectuée avec un bon matériel combustible, soit : deux hommes, une femme et un enfant. La cendre sera enlevée toutes les deux alimentations, afin que les canaux ne se bouchent pas. Mais attention ! vous devrez tisonner les feux et actionner les ventilateurs toutes les douze minutes ! Je vous considère responsables de ces opérations. Maintenant, filez ! Compris ?
    — Oui, monsieur L’Oberscharführer, répondirent d’un seul homme les deux kapos.
    —  Encore une chose, proféra Voss d’un ton cassant. Quand vous aurez terminé, tout devra être briqué, arrosé et désinfecté avec du chlore. Les murs seront badigeonnés ! C’est clair ? À 8 heures, l’affaire doit être expédiée ! Et maintenant,

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