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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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« liquider » les détenus porteurs d’un ancien numéro d’immatriculation, ce qui était mon cas. Nous étions suffisamment fixés par l’expérience sur le sort qui nous attendait. Nos chefs du mouvement de résistance furent de nouveau l’objet de vives critiques. Les attaques des éléments extrémistes étaient alors soutenues par les prisonniers de guerre soviétiques. Ceux-ci se trouvèrent entre-temps placés dans une position particulièrement critique. L’un d’eux, brutalisé par le chef d’un commando dans le crématoire II, se précipita sur celui-ci et l’assomma. Des camarades du kapo accoururent à son secours et le chef du commando fit comprendre aux Soviétiques qu’ils seraient tous « remis à leur place ». On savait ce que cela voulait dire. Cependant, grâce à l’Unterscharführer Steinberg, cette menace ne fut pas mise à exécution. Un juif berlinois nommé Zander travaillait alors au commando spécial. Certains affirmaient que ce détenu avait des liens de parenté avec Steinberg. Ce dernier lui avait assuré qu’il ne lui arriverait rien aussi longtemps qu’il serait en service à Birkenau. Tout le monde était au courant de cette situation. Aussi Kaminski s’adressa-t-il un jour à Zander pour le prier d’intervenir auprès de Steinberg en faveur des Russes sur lesquels planaient des menaces sérieuses. En la circonstance, Kaminski se préoccupait surtout de rassurer ses camarades soviétiques et de rétablir l’unanimité dans le commando spécial.
    Zander réussit alors à convaincre son beau-frère Steinberg (ou son proche parent) que les actes de violence commis par les prisonniers de guerre soviétiques contre le chef du commando ne constituaient pas un acte de rébellion, mais qu’ils étaient simplement le fait d’un homme pris de boisson. De son côté, Steinberg dissuada le chef du commando de faire un rapport au sujet de l’incident et lui conseilla de classer l’affaire.
    Peu à peu, le calme revint dans les esprits, au commando spécial ; les contacts reprirent comme par le passé avec le mouvement de résistance. Les détenus des équipes de corvée de ravitaillement se rendaient trois fois par jour au camp, ce qui leur donnait fréquemment l’occasion de se tenir en liaison avec leurs camarades de la Résistance. D’autres possibilités de contact s’établirent dans l’infirmerie. Peu de temps après la réorganisation du commando spécial nous isolant du camp dans le secteur des crématoires, il était devenu nécessaire d’établir un poste statique d’ambulance pour les détenus dans le secteur B. II, qui était dirigé par le docteur Pach. Cette station fixe avait été créée pour les soins à donner aux détenus du commando des cendres qui étaient très souvent atteints de graves brûlures et qui ne pouvaient être traités d’une manière ambulatoire. Il nous paraissait absurde de constater que Moll avait justement été chargé de cette partie de l’organisation, mais les lois de la logique n’avaient aucun sens ici. La présence du commando des artisans dans le secteur des chantiers d’anéantissement allégeait dans une certaine mesure notre isolement. Nous trouvions parmi ceux-ci des spécialistes qui étaient toujours disposés à transmettre des informations au mouvement de la Résistance et à recevoir ses messages.
    Après la création par le D r  Pach d’une petite station sanitaire dans l’infirmerie des détenus, le D r  Bendel se chargea des soins médicaux ambulatoires au commando spécial. Il participa activement au maintien de la liaison avec le camp par des diagnostics fictifs à la suite desquels il faisait hospitaliser certains d’entre nous à l’infirmerie.
    Des officiers, prisonniers de guerre soviétiques, y étaient également hospitalisés et il y avait même, parmi eux, un général. Certains de nos camarades eurent des relations amicales avec ces officiers et discutèrent avec eux de notre plan de libération, qui se trouvait modifié du fait de notre isolement du camp. Il résulta de ces entretiens que la conception de principe de ce programme pouvait être maintenue dans ses grandes lignes. En fonction de l’évolution de la situation, il paraissait essentiel de fixer les moyens de maîtriser les S.S. sur le terrain des crématoires avant leur relève par l’équipe de nuit. Au moment de cette relève, nos camarades qui avaient reçu des instructions précises pour leur mission devaient se

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