Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz
lièvres.
Enfin, jeter de petits enfants vivants dans la graisse humaine bouillante complétait le répertoire de ces distractions…
Cependant, lorsque le commandant du camp ou d’autres responsables S.S. se montraient dans le secteur du crématoire, Moll savait réprimer ses monstrueux instincts. La machinerie de la mort fonctionnait alors sous son régime industriel habituel d’exploitation, sans ces excès aberrants.
Malgré tous les espoirs de réussite de la rébellion projetée, nos dirigeants veillaient à ce qu’en cas d’échec la postérité fût informée de toutes les atrocités qui se commettaient ici. Quelques détenus, ayant une formation littéraire ou journalistique, rédigèrent une chronique du commando spécial, qu’ils dissimulèrent dans une boîte de fer-blanc et qu’ils enterrèrent dans l’espoir qu’elle serait découverte par quelqu’un dans l’avenir.
En une seule nuit, une dizaine de milliers d’hommes venaient d’être exterminés dans les trois chambres à gaz du crématoire V, sans compter les cadavres incinérés dans les quatre chambres à gaz du secteur du bunker V. En outre, on « travaillait » dans les cinq chambres à gaz et les 38 fours à haute pression des crématoires II, III et IV. Cette énorme capacité d’anéantissement expliquait la disparition rapide, en quelques semaines seulement, de 400 000 juifs hongrois.
Pour transporter 10 000 hommes depuis la Hongrie jusqu’à Birkenau, il fallait disposer d’un matériel roulant de chemin de fer d’environ 100 wagons. Après l’anéantissement de ces hommes, il suffisait de quelques camions pour disperser leurs cendres dans la Vistule ou la Sole. L’espoir en une libération spontanée des détenus, toujours différé, commençait cependant à se préciser. Selon certaines sources d’information, la Kommandantur du camp prenait des dispositions en vue de la liquidation de tout l’effectif des détenus dans le cas d’une avance rapide des troupes russes ; ces rumeurs inquiétaient de plus en plus les membres du mouvement de résistance qui restaient jusqu’alors convaincus de leur libération prochaine et s’opposaient à l’organisation d’un soulèvement général. Cependant un revirement se produisit dans les esprits quand on apprit que Moll avait été chargé de préparer un plan dans cette éventualité, bien que l’on ignorât les détails diaboliques qu’il avait pu imaginer à cet effet. On sut seulement, après la guerre, qu’un régiment d’artillerie S.S. devait cerner le camp, le bombarder avec l’appui de l’aviation et le réduire à néant.
Devant la menace de ce danger imminent, la date du soulèvement fut fixée à un vendredi du milieu du mois de juin 1944. Il fut convenu avec le mouvement de résistance que tout se déroulerait suivant le plan prévu. Les quatre crématoires et le bunker V se trouvant à l’extrémité des deux grands axes du camp de Birkenau, à l’ouest des sections des chantiers de construction B. I et B. II, constituaient du point de vue stratégique la base la plus favorable à l’action de libération qui devait avoir lieu suivant le plan suivant :
À la fin de l’après-midi, avant le retour des équipes de travail de jour pour l’appel, les chefs S.S. et les sentinelles du secteur des crématoires IV et V devaient être liquidés, leurs armes enlevées ainsi que leurs uniformes. Pour effacer toute trace de l’agression, les corps devaient être incinérés dans des fosses. La neutralisation des bourreaux dans le secteur des crématoires ne semblait pas poser de difficultés insurmontables car nous étions 140 détenus contre 7 S.S. seulement. Il est vrai que nous ne pouvions compter sur une participation active de certains d’entre nous, mais nous avions une supériorité numérique telle que l’effet de surprise du premier choc devait nous permettre de l’emporter. De même, sur le terrain des crématoires II et III, l’équipe S.S. devait être facilement maîtrisée par les 180 détenus qui travaillaient dans ce secteur. Après cette première opération, il fallait attendre la relève de l’équipe de jour par l’équipe de nuit conduite par les chefs S.S. et celle des corps de garde S.S. Au moment de leur arrivée dans le secteur du crématoire, l’équipe d’accompagnement S.S. et les hommes de garde de relève se trouvant près du réseau des barbelés dans le voisinage du crématoire V devaient être
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