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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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tenir prêts, armés et revêtus d’uniformes S.S. ; ils devaient se précipiter sur nos bourreaux, dès leur arrivée, avec l’aide d’autres hommes, les abattre, les désarmer et s’emparer de leur uniforme. Puis un grand nombre de détenus de notre équipe devaient se rendre en formation de travail, discrètement jusqu’au camp, accompagnés par des camarades armés en uniformes S.S. Le déroulement ultérieur de l’action de libération n’était pas modifié. Les chefs de bloc devaient être maîtrisés dans leurs locaux, les fils téléphoniques sectionnés et l’évasion en masse réalisée comme il avait été prévu.
    Entre-temps, des trains entiers de juifs hongrois continuaient à arriver sur la rampe de Birkenau. Au cours de l’été torride de 1944, de nombreux convois parvenaient également des camps de travail de Radom et de Pustkow, ainsi que de la Grèce, composés de détenus qui durent tous supporter le même martyre. Leur sort fut partagé par des milliers de juifs, principalement de nationalité tchèque, qui, à l’exception d’une minorité qui échappa à la première liquidation du camp des familles, furent acheminés sur Birkenau avant leur anéantissement immédiat par les gaz.
    Mais le programme d’extermination du III e  Reich ne concernait pas uniquement les juifs. Au printemps de 1943, on commença également à déporter des tziganes d’Allemagne, de Pologne, de Bohême et de Moravie, de Roumanie, de Hongrie et de France sur Auschwitz. On les internait dans la section du camp B. II  e, dénommée le camp des tziganes. Des hommes, des femmes et des enfants y vivaient dans des baraquements en bois, dans des conditions différentes de celles qui existaient ordinairement dans le camp. Ils pouvaient porter des vêtements civils, ils n’étaient pas tondus, on leur épargnait les vexations, les appels punitifs, les brimades et les coups habituels. Sauf cas exceptionnels, ils n’étaient pas astreints à l’accomplissement de travaux en dehors de leur secteur du camp. Du fait de leur isolement, ils souffraient plus que les autres détenus de l’insuffisance constante du ravitaillement et des conditions désastreuses d’hygiène dans lesquelles ils vivaient. Comme ils ne sortaient jamais de leur secteur du camp, ils avaient rarement la possibilité de faire du trafic. La vie en commun d’une masse si nombreuse de détenus sur un espace aussi restreint, et qui croissait sans cesse du fait des naissances, le manque de médicaments, les difficultés de ravitaillement et les mauvaises conditions d’hygiène entraînaient de nombreux cas de maladie, souvent mortels, principalement chez les nourrissons, malgré les soins infatigables et le dévouement de quelques médecins tchèques et polonais, qui se dépensaient au-delà des limites de leurs forces. Ils recevaient assez souvent de notre part des médicaments ayant appartenu à des victimes de la chambre à gaz, mais en quantité absolument insuffisante eu égard à leurs besoins.
    Les multiples privations dont souffraient les tziganes se manifestaient d’une manière inquiétante. Nous remarquions l’augmentation croissante du nombre des corps de tziganes transportés dans les crématoires, surtout ceux des enfants et des personnes âgées. Ils n’avaient plus que la peau sur les os, leurs muscles avaient fondu et leurs articulations étaient recouvertes d’une mince couche de peau parcheminée. La plupart des cadavres émaciés étaient atteints par la gale. Les joues de nombreux enfants étaient rongées d’une manière surprenante. Nous pensions que ces blessures étaient dues à la morsure de rats affamés, mais nous sûmes par la suite qu’il s’agissait d’une affection typique, dénommée « noma », qui apparaît chez des enfants mal nourris et affaiblis à la suite de maladies infectieuses.
    Au début du mois d’août 1944, les nazis commencèrent à exterminer les tziganes, en tant que « représentants de races ennemies ». Avant de les envoyer à la chambre à gaz, on en transféra un grand nombre dans d’autres camps ; il en survécut peut-être à peine 3 000. Un certain soir, à la tombée de la nuit, une file de camions roula sur le tard dans la cour du crématoire V. Des tziganes qui étaient campés dans le secteur du camp B. II  e et qui devaient être gazés dans la nuit furent parqués sur les plates-formes de chargement. Des S.S. accompagnant le convoi de la mort se tenaient sur les

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