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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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de repos ni de paix sur la terre pour nous, jusqu’au jour où nous devrions mourir, solitaires et abandonnés. C’est pourquoi, mes frères, soyons résignés. Allons avec fermeté et courage au-devant de la mort que Dieu a décidée ! »
    Pendant toute cette allocution, les S.S. n’avaient pas bronché, se rendant compte que ces paroles avaient un effet apaisant sur les condamnés. Elles facilitaient en tout cas grandement leur entreprise.
    Après cette exhortation un silence profond s’établit dans les rangs des malheureux « sélectionnés », troublé seulement çà et là par quelques toussotements ou raclements de gorge. La présence des canons de fusil pointés de tous côtés sur eux rendait vain tout espoir de révolte et les propos du dajan les avaient définitivement convaincus de l’inutilité de toute résistance. Je reconnus parmi eux le D r  Pach, ce médecin si dévoué du commando spécial, toujours prêt à prodiguer ses soins ; il y avait également les deux dentistes Feldmann et Katz chargés de fondre l’or des dentiers pour le former en barres. Aussi longtemps qu’ils avaient appartenu au commando spécial, ils avaient vécu comme des condamnés à mort en sursis, et ils en étaient parfaitement conscients. Mais maintenant pour eux l’heure du destin avait sonné, cette heure à laquelle pourtant chacun espère dans son for intérieur échapper jusqu’au dernier instant. Ce serait sans doute bientôt mon tour. Les opérations de gazage terminées, seule resta en service l’installation du crématoire V où l’on incinérait les cadavres des détenus morts dans le camp principal ou dans ses annexes. On avait disposé trois murs de planches dans le local du déshabillage et aménagé à l’intérieur de ce cloisonnement un local correspondant à celui qui existait antérieurement dans le crématoire II. On procédait dans cet emplacement, sous la direction du D r  Mengele, assisté par trois médecins et l’adjoint de section Fischer, à des prélèvements sur des cadavres.
    Le commando des démolitions était spécialement chargé de disperser dans la Vistule les cendres qui remplissaient encore certaines fosses. Il fallait au préalable faire des travaux de fouille pour les extraire et ensuite combler les fosses que l’on recouvrait de gazon. On employait pour ces travaux, comme ce serait plus tard le cas pour la démolition des crématoires II et III, en grande partie de la main-d’œuvre féminine. Parmi ces détenues, je rencontrai un jour mon ancienne camarade d’école, Marta Dym, qui m’apprit qu’elle avait été déportée ici lors de l’un des derniers convois venant de Slovaquie.
    Tandis que les 70 détenus du commando des démolitions étaient de nouveau cantonnés dans la section du camp B. II, nous restions au nombre de 30 comme par le passé dans le crématoire V. On continuait à nous isoler complètement du reste du camp et cette situation ne laissait pas de nous causer les plus vives inquiétudes.
    Pourquoi en effet avait-on autorisé les détenus du commando des démolitions à demeurer de nouveau dans le camp et à s’y déplacer en toute liberté, alors que nous restions perpétuellement claustrés ? Il devait bien y avoir une raison, mais nous ne parvenions pas à en déceler les causes.
    D’autre part, nos conditions matérielles de vie se dégradaient de jour en jour. Les sentinelles S.S. en service en deçà du réseau des barbelés dans le secteur du crématoire avaient beau nous solliciter de plus en plus souvent et nous proposer toutes sortes de denrées ainsi que du tabac et de la vodka, nous n’avions plus rien à échanger. Une idée de génie de Fischer, un assistant du service de la dissection, vint mettre un terme à la précarité de nos ressources. Il me proposa en effet d’organiser le trafic du cuivre jaune sur une échelle aussi grande que possible. Cela ne devait pas être difficile, car il y avait dans le magasin du crématoire V une grande quantité d’ampoules dont les vis de filetage étaient fabriquées en cuivre jaune comme les douilles des lampes.
    Entre-temps Fischer avait confectionné quelques moulages destinés à la production de couronnes en or qu’il recouvrait suivant les règles de l’art d’une mince couche de cuivre jaune. Il martelait ensuite la matière et il retirait les couronnes des moulages. De mon côté je n’avais plus qu’à remplir l’intérieur de la dent avec une masse visqueuse de

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