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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vespérales. Bientôt l’on n’entendit plus que le pas cadencé des sentinelles sur le gravier du jardin. La chanson des jets d’eau elle aussi se tut…
    Enfermé dans sa petite antichambre, Gilles contempla un long moment le merveilleux spectacle du fleuve argenté par un rayon de lune avant de se résoudre à prendre place sur un très inconfortable tabouret pour y attendre la fin de cette nuit sans agrément. Peu à peu il perdit la notion du temps…
    Mais il devait être tard et il avait même commencé à s’assoupir quand un crissement léger, si léger pourtant, le remit debout instantanément, l’oreille au guet. Cela venait de chez la princesse…
    Il eut tôt fait de l’identifier : quelqu’un, de l’autre côté de la porte qu’il avait consigne de garder si sévèrement, tournait une clef dans la serrure soigneusement fermée tout à l’heure par la Camerera Mayor.
    Avec encore plus de précautions, le vantail s’écarta, laissant couler sur le parquet un mince ruban de lumière jaune puis la porte s’ouvrit un peu plus, assez pour laisser passer une tête féminine coiffée d’un bonnet garni de rubans.
    — Monsieur l’officier ? souffla une voix prudente, Monsieur l’officier, vous êtes là ?…
    — Naturellement, je suis là.
    — Venez avec moi, mais par pitié ne faites pas le moindre bruit ! Son Altesse veut vous parler…
    1 .  Du français : petits-maîtres.
    2 .  Tuer le taureau.

CHAPITRE II
    ÉTRANGE MARIA-LUISA…
    La porte une fois franchie, la tête féminine se révéla être celle d’une jeune camériste à 1’œil singulièrement éveillé pour une heure aussi tardive. Cette agréable personne tenait une bougie d’une main cependant que l’autre, un doigt barrant la bouche, intimait à l’officier l’ordre de se taire.
    Recommandation superflue d’ailleurs : le salon qu’on lui fit traverser sur la pointe des pieds était transformé en dortoir où quatre femmes d’âges variés dormaient à poings fermés. Le registre de leurs respirations variait du souffle léger de l’adolescence au ronflement majestueux des duègnes.
    Si profonds que fussent les sommeils, la vue de cette troupe endormie inspira au jeune homme une légitime inquiétude. Si l’une d’elles se réveillait, ce serait lui qui se trouverait dans de beaux draps ! Mais, comme si elle devinait sa pensée, la soubrette se retourna, sourit.
    — Rien à craindre ! souffla-t-elle. J’ai fait ce qu’il fallait pour qu’on dorme bien, mais il vaut tout de même mieux prendre quelques précautions…
    La chambre dans laquelle on introduisit Gilles était d’une grande magnificence : les tentures de soie couleur d’or faisaient ressortir le faste d’un lourd mobilier Renaissance et la splendeur austère de quelques toiles du Greco qui montaient autour du grand lit à colonnes une garde décourageante. Louchant discrètement sur ces longues figures olivâtres, Tournemine ne put s’empêcher de penser que les folies amoureuses ne devaient guère être encouragées sous les yeux réprobateurs de ces personnages de toile peinte. Mais il n’était pas là pour contempler des peintures.
    Assise près d’une fenêtre, une femme en robe de nuit, la blancheur du linge moussant sous une sorte de dalmatique rouge toute raide de broderies d’argent, attendait dans une agitation évidente : ses mains se croisaient et se décroisaient continuellement cependant que sa tête, tournant de côté et d’autre comme celle d’un moineau inquiet, semblait ne pouvoir fixer son regard.
    Quand le jeune homme apparut et s’inclina avec tout le respect dû à une princesse héritière, Maria-Luisa se leva aussi brusquement qu’un diable sortant de sa boîte !
    — Venez, Monsieur, venez ! s’écria-t-elle en français. Il faut que je vous parle !
    Gilles rectifia la position :
    — Aux ordres de Votre Altesse Royale !
    Elle eut un geste agacé.
    — J’ai dit : parler !… causer avec vous, si vous préférez ! Pas discourir seule devant un mur peint en bleu. Laissez là votre comportement militaire, mon ami, et venez vous asseoir sur ce siège, ajouta-t-elle en désignant un tabouret placé près de son fauteuil. Fiametta, veille dans la pièce voisine pour voir si aucune de ces vieilles pies ne se réveille !
    Tandis qu’elle parlait, Gilles examinait la princesse qu’il n’avait jamais vue d’aussi près. Marie-Louise de Parme, devenue Maria-Luisa de las Asturias, était

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